Dans cette release : Des petits picots, le tag parfait, une voix qui te guide… et attention : sans regarder !

Nous recevons Stéphane Deschamps, coordinateur accessibilité et open-source chez Orange.
Transcription intégrale de l'émission plus bas dans cette page.
Émission enregistrée le 20/11 lors du Capitole Du Libre édition 2016.

Chapitres :

  1. Bonjour à toi, Enfant du Futur immédiat : Sans les yeux(1:48)
  2. ♪ Alex Gopher - Ralph & Kathy(4:20)
  3. Interview, première partie(9:02)
  4. ♪ DJ Cam - Innervisions(21:11)
  5. Lexique : les référentiels accessibilité(25:55)
  6. Interview, deuxième partie(28:28)
  7. ♪ The Film - Can you touch me ?(43:40)
  8. Interview, troisième partie(46:18)

Documentation :

Équipe :

  • DaScritch, Chief Tagging Officer
  • Enflammée, Chief Testing Officer
  • Pico, Chief Narrating Officer

Édition shippée avec les moyens techniques de Radio <FMR>, du Capitole Du Libre et de l'INP ENSEEIHT.
Ce programme a été intégralement retranscrit par Stéphane Deschamps, encore milles mercis à lui pour sa disponibilité et sa gentillesse. Cette release est aussi taguée pour l'initiative #Nowwwel de Hteumeuleu
Photo : Blitab, la tablette en braille, article d'Archimag à l'époque du projet en financement participatif. D.R.

Transcription

Dascritch : Dans cette release de CPU :

  • Des petits picots ;

  • Le tag parfait ;

  • Une voix qui te guide ;

  • Et attention : sans regarder !

L’équipe aujourd'hui : Dascritch ; notre invité est Stéphane Deschamps, coordinateur accessibilité et open-source chez Orange, et j’espère que tout le monde dans le public a mis son portable sur vibreur, OK ? Super, allez c’est parti.

Dascritch : Bonjour Stéphane.

Stéphane :Bonjour Xavier.

Dascritch : Honnêtement, une fois de plus, c’est encore quelqu’un que je connais depuis un bail, et il a fallu le Capitole du Libre, puisque nous enregistrons au sein du Capitole du Libre.

Stéphane :Tu as déjà publié une photo de ton casque quand tu fais une émission ou pas ? (rires)

Dascritch : Non, et en plus j’ai oublié les effets spéciaux.

Stéphane :Oh là là c’est magnifique, il s’allume, il est tout bleu, il a des oreilles, c’est incroyable.

Dascritch : Le copain qui est à côté de moi a le plaisir de parler à mon micro et c’est le jour où je n’ai pratiquement plus de voix, c’est une catastrophe, mon dieu mais comment on va faire ?!

Donc : bonjour à toi, bonjour à tout le monde, et...

(lecture par une voix synthétique)

Bonjour à toi, enfant du futur immédiat, toi qui n'as peut-être pas eu la chance de découvrir la clarté quand tu as ouvert tes yeux sur le monde.

De nos sens, celui qui semble le plus essentiel à la majorité des humains est la vue. La vision permet de percevoir notre environnement lointain, même au-delà de notre atmosphère. C'est notre sens le plus exact, au sens qu'un événement distant observé est précisément orienté et à peu près placé dans l'espace.

Perdre ou manquer l'usage de ses yeux pose un sacré handicap pour percevoir le monde, plus que la perte de la sensation du goût sucré ou de l'ironie.

Alors oui, récemment, nous avons fait une émission sur les couleurs. Aujourd'hui, pas de couleurs, ni de noir et blanc. Rien. Zilch. Nada. Pendant une heure , tu n'auras que du son, de la radio pure.

L'ingéniosité de notre cerveau l'amène à développer les autres sens pour compenser l'absence de la vue. Les aveugles peuvent être des super-héros. Non, je ne pense pas forcément à Daredevil, rien n'est moins sexy que Matt Damon obligé de cachetonner sur grand écran dans un nanar histoire de payer ses impôts... Bon, allez, je reconnais que la série actuelle m'a tapé dans l'œil, mais revenons à nos non-voyants.

Le pouvoir le plus intéressant que développent par la force des choses les personnes malvoyantes est dans la concentration : les technologies assistives qu'on leur a créées sont imparfaites pour donner une vision globale d'un écran, ils avancent donc à tâtons (désolé) pour découvrir chaque élément affiché. Leur compréhension de l'ensemble passe par leur capacité à construire une image mentale de l'environnement.

Comme la moitié du chemin était fait par les utilisateurs improprement dits « déficients », les technologies pouvaient leur proposer des alternatives viables : l'écran à aiguilles Braille et la synthèse vocale.

Mais alors il n'y a pas de vision globale ou géométrique, il fallait que ces interfaces dictent une priorisation des contenus aux programmes qui étaient d'abord prévus pour une interface graphique.

Et croyez-moi que devoir repenser une interface graphique en terme de priorisation plutôt qu'en esthétique n'est pas simple. Pourtant, il y a un réel gain à faire ce travail : il permet de se poser et de songer à l'essentiel et à être clairement explicite, jusque dans les termes utilisés.

Enfant du futur immédiat, les concepteurs d'interface travaillent souvent dans le noir, jusqu'à ce qu'ils réfléchissent à ne pas voir le résultat, mais à songer à le rendre accessible. Car oui, le paradoxe est qu'il ne faut jamais perdre de vue que le handicap peut aussi être une chance pour tous. On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux...

(fin de lecture par une voix synthétique)

[Musique] Alex Gopher - Ralph & Kathy

(extrait de l'album You, MY baby and I, 1999)

Dascritch : Ralph et Katy étaient les voix de synthèse vocale sur les systèmes MacOS classiques qui étaient parus fin années 80, si je me souviens bien.

Stéphane :Je suis content d’être venu, j’apprends des choses.

Dascritch : Même l’Amiga avait des synthèses vocales à cette époque-là, et l’intro a été faite par Pico, qui est la synthèse vocale d’Android que Google a libérée pour linux. On en reparlera pendant l’interview.

Notre invité est à plus d’une raison l’une des personnes les plus impliquées dans la confrérie des concepteurs web français. Il fut dans l’organisation de Paris Web, un cycle de conférences techniques dont le point central est l’accessibilité, et qu’on aime beaucoup ici. Nous recevons donc Stéphane Deschamps, chargé de l’animation de la coordination OSAi (Open-Source Accessibility initiative) pour Orange, au sein du consortium OW2 ; co-fondateur des conférences Paris Web, et ex-traducteur de comics !

Stéphane :Ça ne va jamais tenir sur une carte de visite !

Dascritch : Il faudra bien !

Stéphane, comment, pourquoi tu t’es piqué d’accessibilité ?

Stéphane :C’est une assez belle histoire en fait. Je m’intéressais aux standards en 2004… Tes auditeurs connaissent les standards Web ?

Dascritch : On va en parler tout à l’heure, on va faire les intros.

Stéphane :D’accord. Pour la petite histoire, je m’intéressais aux standards, et un jour pour un intranet chez Orange en 2004 j’ai refait un site que j’ai refondu, et en m’intéressant aux standards j’ai fait en sorte que le site soit fait de façon à peu près carrée et propre. Et là j’ai reçu un mail d’un collègue aveugle qui me dit : « C’est la première fois que j’arrive à lire une page sur l’intranet ! »

Pour être sincère j’ai fondu en larmes et ce jour-là j’ai entendu parler d’accessibilité, parce qu’il a mis le mot dans son mail, et voilà : j’ai plongé dedans parce que ça me semblait important en termes citoyens.

Dascritch : Il faut rappeler un peu le contexte. En 2004 Firefox n’en est même pas à sa version 1, je crois que ça s’appelait encore Phoenix.

Stéphane :Ça s’appelait Phoenix, on devait avoir une 0.3 sur nos machines, oui.

Dascritch : Il n’y avait qu’un seul navigateur plus ou moins imposé par la direction informatique, et donc il n’y avait pas de prime à la reconnaissance d’un code propre, il fallait que ça passe dans un seul navigateur et point-barre.

Stéphane :Il n’y a toujours pas de prime à la reconnaissance d’un code propre dans les entreprises, il ne faut pas se leurrer. En revanche ce qui est intéressant aujourd’hui c’est que les parcs sont beaucoup plus hétérogènes parce que les entreprises prennent conscience de ce qui se passe autour d’elles et parce que selon les corps de métiers – par exemple les designers vont utiliser des Mac, les développeurs vont utiliser des linux, chez nous on est majoritairement sous Windows parce qu’on a des postes normalisés pour des questions d’infogérance – à un moment ou à un autre, les gens prennent conscience : les mêmes développeurs qui travaillaient sur l’intranet qui était un système fermé, maîtrisé, ont aussi travaillé sur des sites Web du vrai monde. Et donc par la force des choses ils ont pris conscience de l’interopérabilité.

Dascritch : On va aussi en parler, même si on va parler uniquement du volet « sans regarder, » mais en fait l’accessibilité est importante pour les entreprises aussi parce qu’elles ont obligation d’avoir 15 % de travailleurs handicapés—

Stéphane :6 % de la masse salariale.

Dascritch : Sachant que les personnes atteintes d’un handicap sont celles qui sont les plus touchées par le chômage, devant les téléspectateurs des Anges de la téléréalité , c’est dire.

Peux-tu nous raconter, puisqu’on parle d’Orange, ce qui s’est passé quand Wanadoo est devenu Orange ?

Stéphane :Ah oui, c’est une histoire assez rigolote. Wanadoo avait une couleur, pour les gens qui s’en rappellent, qui était un peu prune, très profond—

Dascritch : Aubergine !

Stéphane :Aubergine, voilà ! Et c’était très contrasté avec le blanc, et les gens n’avaient pas de souci. Le jour où en 2006 Wanadoo a été absorbé par la marque Orange, d’un seul coup on se retrouvait à avoir des liens, par exemple « Messagerie », qui étaient en blanc sur fond orange.

Dascritch : Et en plus c’était une police qui était très très fine, c’était une Helvetica très fine.

Stéphane :C’était un Arial parce qu’on faisait ça dans les navigateurs proprement quand même ! Mais on était en 12 pixels, c’était vraiment tout petit, et il y a eu assez rapidement des inquiétudes de la part de la maîtrise d’ouvrage du portail de l’époque qui s’est rendu compte qu’en fait les gens ne voyaient plus les liens de base des services qu’ils consommaient principalement sur un portail comme celui-là, la messagerie par exemple. Des malvoyants se sont plaints, ça a été un branle-bas de combat—

Dascritch : Ça a été un branle-bas de combat parce que les clients malvoyants allaient encombrer la ligne téléphonique et allaient dans les agences le week-end ?

Stéphane :Oh, pas à ce point-là quand même ! Il nous jetaient des tomates etc. (rires) Non, non, mais ça a été une vraie prise de conscience parce que, jusque-là, il y a un historique dans la prise en compte de l’accessibilité, en France en particulier : il y a eu d’abord un travail de lobbying très fort sur la non-voyance, et ensuite petit à petit on a élargi à beaucoup plus de handicaps, ce qui fait qu’on avait tendance à penser d’abord aux aveugles quand on faisait de l’accessibilité, puis après on s’est mis à penser aux handicaps moteurs, aux handicaps visuels [par erreur il dit « cognitif », mais il aborde ce sujet plus loin, NDT] avec les vidéos, les sous-titrages, les choses comme ça. Maintenant, on entre dans la phase où on va être réellement inclusifs puisqu’on travaille de plus en plus aussi sur le handicap cognitif.

Donc, à l’époque, globalement, si le site fonctionnait avec des personnes aveugles, les maîtrises d’ouvrage se disaient : « Bon bin c’est bon, on est sauvés. » Ce jour-là, il y a eu une vraie prise de conscience du fait qu’une simple charte graphique pouvait impacter durablement et profondément les utilisateurs. Le portail a été corrigé assez rapidement, on avait un designer de grand talent ; j’étais très content, j’étais assis à côté de lui et je le regardais faire, c’était miraculeux parce que ce mec a sorti une interface accessible au niveau des couleurs.

Dascritch : Il s’agissait de mettre un petit peu de gras dans le texte, de changer même la nuance d’orange…

Stéphane :On a travaillé sur une nuance d’orange accessible, qui est beaucoup plus proche du contraste dont on a besoin en termes normatifs.

Dascritch : Vous êtes même allés jusqu’à changer l’ensemble, je me souviens qu’Orange c’était sur fond blanc, maintenant c’est sur fond noir !

Stéphane :Oui, alors— pas partout. Sur le portail client ça reste du fond blanc ; par contre on s’est débrouillés pour que tous les éléments critiques aient des niveaux de contrastes suffisants. Par exemple avec ce fameux lien « Messagerie, » petit à petit on a montré à tout le monde que l’identité de marque ne passait pas forcément par du texte blanc sur fond orange mais aussi par des pictogrammes oranges, et puis à côté on avait un texte noir sur fond blanc (donc le plus contrasté possible), c’est très utilisable, la cohérence de marque est toujours là, et en même temps on a quelque chose d’accessible.

Dascritch : Ça c’est une partie de ton travail—

Stéphane :Je peux m’arrêter là—

Dascritch : Ah non non, c’est un bonheur, sincèrement. Justement, ça a été une partie de ton travail, et à partir de là est-ce que ça a été une redéfinition de ton travail par le fait que justement tu t’étais piqué de ça et qu’il y avait un besoin ?

Stéphane :Mon travail a été transformé, puisqu’à l’époque j’étais intégrateur. J’ai rencontré ce collègue qui pilotait à l’époque ce qu’on appelait une « Mission accessibilité du SI », ce n’était pas un département au même titre que le reste parce que, en gros, tout le monde le découvrait à ce moment-là, y compris les intégrateurs, y compris les gens qui se piquaient de standards, on ne connaissait pas jusqu’à cette époque-là.

À la suite de ça, oui, je suis devenu expert technique ; ça veut dire que j’accompagnais les gens qui faisaient des sites Web pour faire en sorte qu’ils respectent un certain nombre de règles. Et puis maintenant, l’équipe qui s’occupe d’accessibilité doit être forte d’une quinzaine de personnes à peu près, et publier des outils en open-source. Pour tes auditeurs ce sera trop tard mais— [il fait référence à sa conférence au Capitole du Libre donnée ce jour-là, NDT].

Dascritch : Tu nous enverras les liens ?

Stéphane :Oui, je t’enverrai les URLs après.

Dascritch : Tu as vu que je fais un effort d’accessibilité là-dessus ?

Stéphane :Oui, j’ai vu que tu mettais tous les liens sous les interviews, ça c’est bien !

Dascritch : Merci ! Justement, on parlera de Paris Web tout à l’heure. Moi je me souvient surtout de notre rencontre, c’était en 2010. C’était à la Cantine, la vraie, l’originale !

Stéphane :Moi j’étais fan à l’époque de ce que tu écrivais !

Dascritch : (rires) On va arrêter de se lancer des fleurs ! Ce dont je me souviens, c’est que tu présentais, dans la charte graphique, c’était orange sur fond blanc, avec une police qui n’était pas très épaisse, et pas de bol tout le monde a compris ce que c’était que l’accessibilité quand il y a eu un rayon de soleil qui a tapé dans le rétro-projecteur !

Stéphane :C’est vrai que sur les présentations PowerPoint on utilise ce fameux Helvetica, et c’est assez marrant parce qu’un jour j’ai fait une présentation lors d’une conférence, il y avait une personne dans la salle qui était assise au fond, et je n’ai pas la maîtrise sur les présentations PowerPoint, elles sont très chartées, comme du papier. Et donc je vois cette personne se rapprocher au fur et à mesure de ma présentation, et à la fin de la conférence elle était au premier rang.

Évidemment elle lève la main—

Dascritch : Ça ne se jouait pas à 1, 2, 3, soleil ?

Stéphane :Dès que je ne regardais pas, pouf, elle avançait ! Je l’ai vue à un moment, quand même ! Évidemment elle prend le micro elle me dit « Vous me parlez d’accessibilité depuis une heure, et je regarde votre présentation, et elle n’est pas accessible. » Je lui réponds « En réalité vous faites bien de poser la question, maintenant que vous êtes au premier rang vous avez vu au moins les dernières slides et vous vous êtes rendue compte que tout ce qui est écrit dessus, c’est juste un pense-bête pour que les gens puissent le remmener à la maison après. Ou, pour les gens qui ont des problèmes à suivre, ce que je dis à l’oral, qu’ils puissent le lire. Mais en réalité, je vous ai dit tout ce qui est sur les slides. Ce travail d’accessibilité – c’est bien que vous posiez la question – passe aussi par un travail de texte alternatif sur les éléments visuels. »

Hop, je suis retombé sur mes pattes comme je pouvais !

Dascritch : L’attribut alt de la balise image !

Stéphane :Voilà ! Le truc important que je dois souvent redire aux orateurs quand je participe à des conférences, c’est : ne partez pas du principe —on va pouvoir le faire bien parce qu’on est à la radio…

J’ai vu des gens dire « Vous voyez, on a ça, et puis après on a ça, et au final quand on additionne les deux on a ça. »

Quand vous n’avez que la version audio de ce que je viens de dire, vous autres à la radio vous vous rendez bien compte que vous avez un gros problème d’accessibilité. De toute façon, l’accessibilité passe par de la redondance d’information, notamment pour les éléments visuels.

Dascritch : Ça me fait juste inverser les questions, mais parlons de Paris Web—

Stéphane :Quand est-ce qu’on mange, Averell ? (rires)

Dascritch : Parlons de Paris Web. Un effort très important a été fait dans le cycle de conférences en lui-même à partir de 2007. Outre ces recommandations de penser justement à l’oral, pour les aveugles et les malvoyants, comment, nous, on peut travailler, même si ce n’est pas la thématique d’aujourd’hui, pour ceux qui n’entendent pas ?

Stéphane :Quand tu dis « nous » tu veux dire qui ? Nous, radio ? Ou nous les humains d’une façon générale ?

Dascritch : Nous en radio, on sait ce qu’on va faire d’une façon générale : on va piger au maximum nos textes, faire une transcription. Là-dessus, c’est clair, en radio associative c’est difficile, là où Radio France peut faire un effort là-dessus. Mais quand on est orateur et qu’on va faire une présentation, comment on va faire ?

Stéphane :Il y a quelque chose pour laquelle je suis très mauvais, à Paris Web notamment. J’ai abandonné la présidence, et des gens de talent l’ont reprise et ont fait en sorte qu’il y ait de la vélotypie, qu’il y ait de la langue des signes, etc. etc. Maintenant toutes les conférences [à Paris Web, NDT] sont interprétées en langue des signes. Le gros problème que j’ai avec les interprètes en langue des signes c’est que je parle trop vite, comme tu l’entends depuis dix minutes, et donc j’essaie de ralentir pour elles, et à un moment ou à un autre je me sens obligé de m’arrêter pour aller les voir et leur demander si ça va, donc casser un peu le quatrième mur et ne pas faire semblant qu’elles font partie du décor et que c’est un outil comme les autres.

Dascritch : Il y en a une qui s’est rebellée à la dernière édition !

Stéphane :Oui, c’était extraordinaire ! Ça faisait des années que j’espérais qu’une interprète en langue des signes puisse expliquer aux gens [inaudible, NDT]

Dascritch : — à Christophe Porteneuve, qui est un spécialiste de git et qui mettait plein d’abréviations dans tous les sens !

Stéphane :C’est un vrai travail de fond, que je fais et que je recommande aux gens, en particulier quand l’effort d’accessibilité est fait par l’environnement autour de vous, avec notamment des interprètes en langue des signes : évitez de jargonner, évitez de parler en anglais si au départ vous n’avez pas fourni un glossaire à des interprètes en langue des signes—

Dascritch : Ou si on parle très mal anglais !

Stéphane :Si on parle très mal anglais, ça peut aider aussi, il faut voir les choses qu’on entend !

Et puis si possible — moi je suis comme tout le monde, on est dans un milieu technique, on parle beaucoup anglais. L’idée, c’est de s’arrêter, et systématiquement de redonner la définition de l’anglais. Par exemple j’étais avec Armony Altinier au Paris Open Source Summit il y a quelques jours, et à chaque fois que je disais un « gros mot », Armony me servait de garde-fou. Elle savait que dans l’assistance il y avait des gens non-techniques, et donc elle m’a forcé, avec raison, par exemple j’ai dit : « Il y a un framework » et tout de suite elle m’a dit : « Comment tu peux dire ça pour les gens qui ne font pas de code autour de nous ? »

Il faut se forcer à faire ce travail, c’est une vraie discipline permanente. Je ne suis pas meilleur que les autres et donc je me rate périodiquement, mais il faut avoir la volonté de le faire.

[Musique] DJ Cam – Innervisions (Substances, 1996)

Dascritch : Innervisions, de DJ Cam, oui je sais, il date de 96, il a vingt ans !

Alors parlons un petit peu des différents référentiels existant dans l’accessibilité, parce qu’il y en a un sacré paquet.

(voix synthétique) Section 508

Dascritch : Plus exactement l'amendement section 508 fait en 1986 à la loi de 1973 dite « Rehabilitation Act », oblige les agences publiques américaines à faire un effort pour employer des personnes handicapées et pour accueillir tout public sans discrimination.

Stéphane :Et pour demander aux entreprises qui fournissent des logiciels, de fournir des logiciels accessibles, ce qui est une vaste tarte à la crème, on pourra en parler à l’occasion.

Dascritch : En 1997, un autre amendement a précisé les intentions dans le domaine des communications électroniques, notamment pour favoriser l'émergence de standards technologiques concernant l'accessibilité.

(voix synthétique) WAI, Web Accessibility Initiative

Dascritch : Le Web Accessibility Initiative est un groupe de travail du W3C, l'organisme normalisateur du web, afin de coordonner l'ensemble des normes et technologies standards afin de faciliter l'accessibilité du web. Il est composé de plusieurs groupes de travail qui se concentrent par exemple sur les navigateurs web eux-mêmes, les outils d'éditions ou encore le balisage HTML lui-même dans le cadre d'une page web complexe et applicative.

(voix synthétique) WCAG, Web Content Accessibility Guidelines

Dascritch : Le WCAG —

Stéphane :Elle a mal parlé, la dame, elle a dit « vcag » ou un truc comme ça, on dit « wécague », quand on veut faire branché (rires). Les robots ne sont pas branchés !

Dascritch : On peut en parler, justement, elle ne voit pas les abréviations quand je les tape dans l’outil que j’utilise.

Le WCAG est l'un des groupes de travail du WAI. En 1999, il publia un ensemble de recommandations à l'usage des concepteurs de pages web et des navigateurs web. Ces recommandations parlent des contrastes de couleurs, de l'amélioration progressive des pages web en fonction des technologies du navigateur, de la facilité de navigation et du contexte des éléments. Ces recommandations furent mis à jour dans une version 2.0 en 2008, qui est réputée comme beaucoup plus exigeante.

(voix synthétique) RGAA, Référentiel général d'Accessibilité des Administrations

Dascritch : Ce référentiel est maintenu par le secrétariat général pour la modernisation de l'action publique (SGMAP), dans des objectifs équivalents à la Section 508 américaine.

Dans les appels d'offres public, quand il est fait référence au RGAA, il s'agit principalement d'une traduction et adaptation pour la France des recommandations du WCAG dans sa version 2.0.

(jingle) Nous sommes avec Stéphane Deschamps, coordinateur accessibilité et open-source chez Orange…

Stéphane :Rebonjour !

Dascritch : … pour parler de ces organismes normalisateurs etc.

Est-ce que depuis que tu y es arrivé Orange s’y est impliqué ?

Stéphane :Oui, au niveau du W3C, on a des représentants, pas dans les groupes de travail accessibilité mais dans d’autres groupes de travail, notamment liés à l’interopérabilité, on a des gens qui ont travaillé sur ces sujets-là.

Moi je me dis qu’on ne peut pas être partout, je crois assez à une approche pragmatique des choses, et l’effort qu’on devait faire et qui est en train de commencer à porter ses fruits, sur la mise en accessibilité des sites web publics et internes, l’effort de production de documentations pour que les gens puissent faire des sites accessibles, l’effort de formation, tout ça c’était un travail à mon avis préliminaire avant de gagner d’une certaine manière en légitimité, avant d’aller dans ce genre de groupes. J’espère bien qu’on va s’en rapprocher un jour, oui oui.

Par contre j’ai des scoops sur ce groupe de travail. Le groupe de travail WCAG est en train de travailler à la suite, qui sera pas forcément plus contraignante, mais en tout cas qui intégrera plus de contextes. Par exemple, le contexte mobile, quand les WCAG 2 ont été écrites, il était balbutiant ; maintenant il est très prégnant. Les applications sur les téléphones, que ce soit Android ou Apple, sont très présentes, et ça ce n’est évidemment pas prévu dans les WCAG, puisque WCAG, Web content, on parle bien de contenus web et pas d’applications. Donc le futur livrable s’appellera AG pour Accessibility Guidelines, générique, et ça devrait traiter de beaucoup plus de supports, peut-être sous formes de chapitres, de modules, je ne sais pas, ce qui fait que ce sera plus simple d’ajouter des choses dedans, et en tout cas d’être moins contraints à, par exemple, faire uniquement du web quand on produit des PDF.

Dascritch : D’un autre côté, les applications mobiles se font de plus en plus à partir de documents HTML, c’est une single-page application.

Stéphane :Ah, ça ne veut rien dire du tout. Il y a quelques années Adobe avait sorti un truc dont j’ai oublié le nom, qui tournait dans la barre des tâches Windows—

Dascritch : Flex ?

Stéphane :Non, ce n’était pas Flex, mais c’était un truc basé là-dessus. Quand tu mettais du HTML dedans, le HTML était lui-même packagé en tant qu’objet à l’intérieur d’un objet Flash, qui lui-même était dans une fenêtre de Windows qu’un lecteur d’écran ne voyait pas. Une personne aveugle ne voyait pas un contenu qui au départ était écrit en HTML, qui était au départ un des langages les plus simples et les plus accessibles du monde. Ce n’est donc pas aussi simple que ça, malheureusement.

Dascritch : Malheureusement !

D’un autre côté, pour en revenir un peu à Orange, je suppose que l’accessibilité ça n’a pas dû être un long fleuve tranquille ? Il a dû y avoir des freins ?

Stéphane :C’est intéressant parce que chaque humain pris individuellement est pour ; mais après il y a une inertie, liée au fait que notamment il y a des très gros projets, et pour ces très gros projets l’accessibilité est un enjeu comme les autres. Il y a des enjeux de sécurité, des enjeux de performance. Un développeur, on va plutôt lui demander d’être capable de se connecter proprement sur une base de données, de développer des pages qui fonctionnent, qui répondent dans les temps, qui sont utilisables par le client, qui sont conformes à la charte graphique, etc. etc.

Résultat, l’accessibilité n’est qu’un des enjeux parmi plein d’autres, et, tout bêtement, quand tu ne sais pas que tu ne dois pas rouler avec des pneus lisses, tu roules avec des pneus lisses. C’est un peu la même chose avec l’accessibilité : tant qu’on ne leur avait pas dit qu’il fallait être accessible, évidemment ils ne l’étaient pas. Une fois qu’on leur a dit qu’il fallait être accessible, la gestion d’un gros projet passe par une prévision à 12, 18, 24 mois. Ça signifie que quand tu arrives et que tu dis « Votre truc n’est pas accessible », les gens te répondent « Oui mais pour cette version-là c’est mort. Par contre on l’intègre dans une feuille de route pour une version ultérieure. »

(Tu as vu, j’ai dit « feuille de route » et pas « roadmap » pour tes auditeurs, c’est bien hein?)

L’accueil au départ était « zut, tu m’apportes une contrainte de plus, comme si je n’en avais pas assez. » Et très rapidement, les gens — d’abord les gens sont des humains, donc ils se rendent bien compte qu’un jour ils seront plus vieux ; on estime qu’en 2020 un quart de la population européenne sera senior, aura plus de 60 ans—

Dascritch : Punaise, il ne me reste plus que quatre ans !

Stéphane :Vite, vite-vite !

Et puis tout bêtement, dès que tu parles avec des gens, que ce soient des chefs de projets ou des développeurs, le chef de projet se dit « Il n’y a pas de raison que je prive certains utilisateurs du service. » Le développeur, dans l’ensemble, quand on lui montre comment faire un site accessible, il se rend compte qu’il va se coucher le soir en ayant fait du travail de meilleure qualité. Je ne connais pas de développeurs qui n’aient pas envie de faire du travail de meilleure qualité.

Dascritch : Voilà, ça rentre comme ça déjà dans les mœurs, et c’est compliqué quand c’est un truc déjà développé.

Stéphane :C’est compliqué quand c’est un truc déjà développé. Donc souvent, nous, il nous est arrivé soit de mettre en place des palliatifs rapides quand on pouvait le faire à court terme, soit d’accompagner ensuite le projet à long terme pour que la version suivante, elle, bénéficie d’expertise dès l’amont du projet histoire de partir sur de bonnes bases, avec des recommandations. Y compris si on prend des prestations, pouvoir exiger auprès des prestations un niveau d’accessibilité en leur fournissant la documentation, et en leur disant « a minima vous devez faire ça. »

Dascritch : On a parlé du consortium OW2 et de l’Open-Source Accessibility initiative. Quel est leur rôle, quel est ton rôle et pourquoi ton employeur t’y a délégué ?

Stéphane :En fait OW2 est un consortium, un peu comme OpenStack, d’entreprises qui veulent mutualiser et partager de l’open-source. On s’est rendu compte que chez nous il y avait un certain nombre d’outils liés à l’accessibilité, et on trouvait ça dommage de les garder pour nous. J’allais en conférences montrer des outils, et les gens me demandaient : « Quand est-ce que vous les versez en open ? » Ah oui, c’est vrai, spontanément on n’y avait même pas pensé, mea culpa. Maintenant on a (j’en parle en conférence au Capitole du Libre) neuf ou dix outils liés à l’accessibilité qu’on partage sur github en open-source.

En fait c’est une double idée. D’abord c’est l’idée de ne pas réinventer la roue : si une autre grande entreprise a aussi développé un truc qui peut nous servir, pourquoi est-ce qu’on ne mutualiserait pas un petit peu l’effort ? On va réutiliser ce qu’ils ont fait. Inversement, toutes les boîtes qui sont sur le marché, à un moment ou à un autre, se disent « tiens, je pourrais peut-être mutualiser mon effort de travail plutôt que de m’embêter à claquer autant de fric que mon voisin pour faire exactement la même chose, on va le faire ensemble. »

Ça c’est la démarche open-source de base, qui est… enfin bon, on ne va pas parler de politique de l’open-source aujourd'hui, mais j’adore l’open-source pour l’idée que c’est en même temps un truc gauchiste et capitaliste !

Dascritch : Moi je le vois comme un truc capitaliste qui permet de sous-traiter dans des pays à très faible salaire.

Stéphane :En fait pas seulement. Il y a énormément de gens qui contribuent à l’open-source, au logiciel libre, en tant que citoyens qui veulent contribuer à l’enrichissement collectif. Je trouve ça intéressant, il y a une dualité dans l’open-source. Enfin bref, on sort du sujet.

Il y avait cette volonté-là, de la part d’Orange, d’intégrer un consortium qui veut faire de l’accessibilité, de rapprocher des acteurs, et puis de pouvoir essayer de mutualiser plus globalement, et puis de donner aussi plus ouvertement à la communauté. Plutôt que de dire aux gens « je ne peux pas vous le donner parce que je ne sais pas comment faire », autant ne pas garder pour soi les bonnes choses et les partager, ce qui est aussi le principe de base de l’open-source. Et ça, ce n’est pas capitaliste, cher monsieur ! (rires)

Dascritch : Tout à fait !

Comment peut-on contrôler l’accessibilité de son site web ou de son application ? On n’a pas forcément une synthèse vocale ou une tablette Braille sous la main… et en même temps les outils de contrôle qui disent « Là c’est conforme », et en même temps il y a l’implémentation de ces standards…

Stéphane :Moi je te recommanderais de prendre un chien-guide ! (rires)

Dascritch : Ah ouais mais le chien-guide il ne sait pas cliquer !

Stéphane :Il ne sait pas cliquer, il est vraiment trop bête ! Tu as pris un chihuahua ?!

Pour contrôler l’accessibilité d’un site web, il y a des choses de base, il y a des testeurs en ligne, Tanaguru, Asqatasun, Tenon.io. On redonnera les URLs sous l’interview dans la page web.

Il y a déjà des outils de base, où tu soumets l’adresse de ton site, et tu as des retours où il te dit : « Attention, il y a ça et ça et ça qui ne sont pas terribles. » C’est un premier pas. Maintenant, ces outils-là ne sont pas forcément toujours capables de vérifier ce qui se passe quand on interagit avec le site. Ils commencent à être suffisamment intelligents pour aller voir la page telle qu’elle est rendue dans le navigateur, et non pas juste le code source tel qu’il est livré par le serveur.

Pour expliquer le principe : un serveur va m’envoyer une page HTML de base. Ensuite il va y avoir, pourquoi pas, plein de scripts sur la page qui vont l’enrichir, qui vont la rendre interactive, qui vont faire apparaître des menus, des choses comme ça.

Jusque-là, les outils d’accessibilité, jusqu’à il y a quelques années, ne regardaient que le code généré par le serveur. Maintenant ils sont capables de se faire passer pour un navigateur, et de regarder la page une fois que tous les scripts sont intervenus dessus.

Mais l’interaction pour le moment on n’arrive pas trop à la mesurer. Donc encore une fois, ces outils-là ne permettront que de corriger les choses de base, mais c’est déjà pas mal. Je suis très pragmatique et je pars du principe qu’il vaut mieux faire un peu que pas du tout.

Dascritch : Il se trouve que le nouveau président-dictateur-général nouvellement élu de Radio FMR est aveugle, Buddy, est aveugle. Ça ne s’entend absolument pas à l’antenne, il fait entre autres une émission où il interviewe pas mal de groupes musicaux. Et il m’a dit que les solutions de lecture sur écran coûtaient vraiment très cher.

Stéphane :Oui. Alors, ça dépend. (rires)

Tu es sous Windows et tu utilises un truc qui s’appelle Jaws, ça coûte très cher. Tu es sous linux, tu utilises un truc qui s’appelle Orca, ça fait partie du paquet. Tu es sous Windows et tu installes un truc qui s’appelle NVDA. NVDA est open-source, il est gratuit. Je me dis qu’il y a des solutions plus ou moins coûteuses…

Dascritch : On a entendu tout à l’heure Pico, la solution d’Android. À part les erreurs sur les « e dans l’o », comme « coeur », qui font un peu bizarre, et je rentrais les phrases en ligne de commande donc elle ne se rendait pas compte des abréviations, mais il y a deux étapes : reconnaître les phonèmes, puis les prononcer et leur donner une accentuation, c’est quand même pas mal, il y a une évolution par rapport à ce qu’on a écouté du morceau d’il y a vingt ans !

Stéphane :Oui, ce n’est pas mauvais, ça permet de se débrouiller, de se dépatouiller un peu du truc. Ce qui m’a frappé c’est qu’elle ne dit jamais « sens », parce qu’elle ne sait pas qu’on doit le prononcer comme ça [« sanssss », NDT], alors elle passe son temps à dire « san »—

Dascritch : Ce n’était pas voulu, hein !

Stéphane :Oui mais c’est rigolo, tu as l’impression d’écouter un discours de vampire ! (rires)

Après, il existe, par exemple quand on utilise Jaws— je suis moins familier des autres outils puisque chez Orange on a la chance de l’acheter.

Quand on utilise Jaws il y a des raccourcis clavier dans le programme qui permettent d’ajouter du lexique prononcé. Par exemple on peut lui dire dès qu’on trouve le mot « si » en majuscules qu’il faut le prononcer « S.I. » pour « Système d’Information », ce qui fait que ça devient lisible.

« PS » tu peux lui dire « post-scriptum » ou « parti socialiste » selon ton inclination du moment. (rires)

Tu peux faire en sorte que des abréviations soient lues comme des abréviations réellement.

En revanche, ce qu’on met dans le HTML pour faire des abréviations, je ne sais même pas si ça marche, ça fait longtemps que je n’ai pas testé.

Dascritch : D’un autre côté, il y a les smartphones qui ont donné à un prix très inférieur des technologies assistives qui facilitent incroyablement la vie des malvoyants et des aveugles. Il y a eu un lightning talk en 2013 si je me souviens bien où un aveugle racontait sa journée avec son smartphone, où même ça permettait de compter la monnaie.

Stéphane :C’est intéressant que tu dises qu’il était aveugle parce qu’en fait il était malvoyant. J’aime bien ce genre de cas parce qu’en réalité la cécité— il y a des gens qui se baladent dans la rue avec une canne blanche parce qu’ils ont une très mauvaise vue, et ils se font prendre à parti par les gens parce que « vous n’êtes pas aveugle, vous vous foutez du monde avec votre canne blanche ». La notion de cécité en réalité, comme un certain nombre d’autres handicaps, est complètement liée au contexte. Je connais quelqu’un qui se promène sans canne blanche dans la rue mais qui ne peut pas travailler sans lecteur d’écran parce qu’il n’a plus de vision précise.

La personne dont tu parles, c’était Tanguy Lohéac, Tanguy n’est pas aveugle, enfin je crois qu’il a un reste de vision. Il avait titré son intervention « Une journée avec mon smartphone », je ne sais plus. Ce qui est génial, c’est que parce que tu l’as entendu utiliser son lecteur d’écran sur son téléphone, tu en as déduit qu’il était aveugle.

Dascritch : Ou alors c’est parce que c’était il y a trois ans et j’avais la flemme de retrouver la vidéo ! (rires)

Stéphane :D’un autre côté, un jour mon écran a grillé, et j’étais très content d’avoir un lecteur d’écran parce que j’ai pu quitter proprement mes programmes avant de quitter Windows, et de redémarrer le lendemain !

Dascritch : Pas mal !

Stéphane :Je dis à tout le monde : entraînez-vous à être un peu aveugle devant votre écran !

Dascritch : D’un autre côté, un smartphone, tout est plat, Buddy a une espèce de coque qui se met sur l’écran, avec des guides spécifiques pour s’y retrouver.

Stéphane :Oui, parce qu’il veut être très efficace. J’ai testé Talkback sur mon Android (Talkback, c’est le lecteur d’écran d’Android)—

Dascritch : Ah, je n’ai pas pu, j’ai essayé !

Stéphane :C’est énervant ! Mais tu dois apprendre d’autres logiques, parce que nous on a appris qu’avec un seul doigt on fait défiler l’écran. Si tu n’as pas d’yeux tu apprends très vite qu’avec deux doigts tu fais défiler l’écran, qu’avec un doigt tu le poses sur une zone et elle est lue, que quand tu veux cliquer tu fais en fait un double-clic au doigt, et des choses comme ça.

Il y a des règles de base à connaître, mais on se l’approprie en cinq minutes.

Dascritch : Moi je n’ai pas pu !

Stéphane :Ferme les yeux !

Dascritch : Oui, il faut fermer les yeux, c’est le plus important !

Est-ce qu’on a les mêmes difficultés à être multi-navigateur que par exemple il y a une dizaine d’années ?

Stéphane :Tu veux dire en termes d’accessibilité ?

Dascritch : Oui. Il y a quinze ans c’était très compliqué pour être tout simplement multi-navigateur, maintenant pour l’être d’une manière un peu plus uniforme ?

Stéphane :Le problème c’est qu’on ne peut pas espérer que les navigateurs fassent le travail en temps et en heure. Par exemple les gens d’Opera qui ont fait un énorme travail d’accessibilité pour les choses de base, au moment où tout le monde se tirait la bourre sur les nouveaux composants HTML5, j’avais essayé un composant, je ne sais plus lequel. Dans Opera, dès que tu cliquais dessus, ton navigateur devenait complètement muet, il n’exposait plus rien aux interfaces d’accessibilité. Je parlais tout à l’heure de priorisation. En l’occurrence les mecs se sont dit « On va d’abord faire un produit minimum viable », comme on dit en informatique, « on va voir s’il tient debout, si le truc fonctionne, s’il ne bugge pas en termes de rendu d’affichage, et on mettra les descripteurs d’accessibilité après ». Je pense que ça a été leur logique, parce que ce ne sont pas de méchants garçons à la base.

Je ne peux pas te dire aujourd'hui « Tout marche bien dans les navigateurs », parce que du jour au lendemain un nouveau truc sort, et même les gens qui sont les meilleurs de la classe, d’un seul coup, te livrent un truc qui est complètement inutilisable dans un contexte de besoin d’accessibilité.

Dascritch : C’est dommage.

Stéphane :C’est la vie, quoi.

Dascritch : On fait une petite pause.

[Musique] The Film - Can you touch me ?

Dascritch : Can you touch me ?, The Film. C’était en 2004 si je me souviens bien. Vous écoutez Radio FMR, c’est CPU, le programme Carré, Petit, Utile (jingle) avec Stéphane Deschamps, qui est coordinateur Accessibilité et Open-source chez Orange.

On continuait la conversation pendant la petite interruption musicale, mais sur l’accessibilité, le poste de travail, il n’y a pas que l’ordinateur, il y a le reste. Est-ce que justement ça a entraîné un mode de pensée différent chez les collaborateurs ?

Stéphane :Oui, c’est rigolo parce qu’on découvre qu’on travaille en réalité mieux quand on met des collaborateurs handicapés. Par exemple j’ai un collègue qui vient avec son chien au travail. Enfin, qui venait, parce qu’il est maintenant parti à la retraite, l’heureux homme !

Dascritch : Ah j’ai cru que c’était le chien !

Stéphane :Le chien est à la retraite aussi, du coup, en tout cas la plupart de la journée. Heureux chien aussi !

En réalité tu t’aperçois dans ce genre de situation que les gens aiment bien être bienveillants, d’une part. Travailler avec quelqu’un qui a besoin d’aide, tu arrives le matin, tu es content parce que tu te sens utile. On s’aperçoit que les gens qui travaillent dans des équipes où il y a des personnes handicapées viennent au travail de meilleur cœur.

En plus de ça quand il y a un chien, c’est génial parce que le matin les gens viennent tous voir le chien, c’est la mascotte du couloir, tu vois !

Dascritch : Et il faut acheter des sacs de pommes en fin d’année pour les chiens-guides !

Stéphane :C’est un peu ça ! Les gens, quand ils font des pauses, ils jettent des boulettes de papier, ils jouent avec le chien, etc., l’ambiance est super bonne !

En réalité avoir des salariés handicapés dans une entreprise —je mets ma casquette évangélisation sociale—, il y a des tas d’entreprises qui trouvent que c’est compliqué, parce qu’on ne sait pas comment recruter, parce qu’on ne sait pas comment les gens vont être formés, parce qu’effectivement accompagner une personne handicapée—

Dascritch : On ne sait pas comment recruter mais surtout tu n’as pas le droit de marquer que sur un poste on préférerait un handicapé, c’est de la discrimination à l’embauche. Peu d’entreprises le savent, en fait il faut mettre « Poste ouvert aux travailleurs handicapés. »

Stéphane :J’ai discuté un jour avec un recruteur qui me dit « J’ai un mal de chien—

Dascritch : Ahhhhh ! (rire)

Stéphane :J’ai pas fait exprès ! « J’ai un mal de chien à recruter des personnes handicapées parce que les gens ne savent même pas qu’ils peuvent postuler chez moi » ou parce que ce n’est pas évident de savoir s’ils ont le bon niveau de qualification. Pour moi il n’y a pas de lézard, il suffit simplement de faire venir quelqu’un en entretien d’embauche exactement comme tu le fais avec une personne qui voit bien et qui entend bien. Moi je vois mal et j’entends mal et tout le monde s’en moque.

Dascritch : Et puis en plus, il y a aussi effectivement des gens qui se mettent à la place d’autres personnes, des personnes qui sont des clients, et qui sont lésés.

Stéphane :Par exemple chez nous, on a des bons retours, chez Orange, de clients chez qui on installe d’ADSL, des clients sourds, et qui sont très inquiets de voir arriver chez eux un technicien, de ne pas comprendre ce qu’il dit parce qu’il n’aura même pas les rudiments de la langue des signes, qu’en plus il articulera forcément mal et sans me regarder, je ne pourrai même pas faire de lecture sur les lèvres.

Dascritch : (imite un accent incompréhensible)

Stéphane :Là tu as perdu ton client, qui est un peu embêté. Nous, on a parmi les gens qui interviennent chez les clients, quand on les identifie, dans certaines directions régionales, des salariés sourds qui vont voir le client. Le client est évidemment ravi de voir quelqu’un qui arrive, qui parle la même langue que lui, et qui sert d’interface avec les techniciens.

Il y a un bénéfice sociétal, on est dans l’inclusion y compris des gens qui ne sont pas dans l’entreprise. Et il y a un bénéfice dans l’entreprise, comme je le disais, c’est vachement bon pour le moral.

Il y a une utilité sociale. Il ne faut pas oublier qu’on va tous bosser jusqu’à 70 ans, il y a intérêt à avoir de l’accessibilité parce qu’on entendra moins bien et on verra moins bien. Notre cerveau ira beaucoup moins vite. J’espère pour toi que ce ne sera pas 80 le temps qu’on y arrive !

Dascritch : Oulàlà, au secours ! (rires)

Quels sont les chantiers qui restent à faire ? Il y a tous ceux qui sont à mettre à niveau en accessibilité —l’une des intervenantes de l’émission suivante qu’on enregistre vient de poser la question…

Quels sont les chantiers qui restent à définir sur les standards, sur les outils, sur les interfaces, sur les applications, et sur la mise en œuvre ?

Stéphane :Le premier chantier c’est l’évangélisation. Alors, « évangélisation », il y a des français qui n’aiment pas ça parce qu’ils trouvent que c’est trop religieux, c’est un anglicisme, il va falloir qu’on trouve un nouveau mot.

Dascritch : Oui, il va falloir en reparler, même Tristan Nitot a botté en touche !

Stéphane :Je comprends, je suis un peu embêté aussi avec ça !

C’est l’éducation des masses, sans vouloir faire mon vieux communiste. (il scande) L’ÉDUCATION DES MASSES !

L’idée d’éduquer l’ensemble de la population au fait que d’abord, une personne handicapée est une personne normale. J’ai vu des gens qui étaient de bonne volonté, mais qui disaient « Il y a une personne handicapée qui arrive dans mon service, je ne sais pas trop comment je lui dis bonjour. » Essaie de lui dire bonjour, déjà, tu vas voir. J’ai travaillé avec une personne qui était paraplégique, je suis allé la voir et je lui ai demandé « Est-ce que tu veux qu’on se fasse la bise, ou pas ? Est-ce que c’est pénible pour toi de faire la bise ? Est-ce que tu préfères que je te salue de loin ? »

Il ne faut pas hésiter à poser les questions ! Quand vous allez voir quelqu’un qui a un souci ou un autre, vous lui posez généralement la question. Il faut être assez naturel dans l’intégration du handicap. J’ai un copain qui est en fauteuil roulant, il adore quand il rencontre des gamins. Les gamins te disent « Bin qu’est-ce qui t’est arrivé aux jambes ? » Tu leur réponds et puis c’est tranquille, ils ont leur réponse et ils s’en vont. Tu as toujours les parents à côté qui font (il chuchote) « Ne pose pas la question, oh là là. » C’est une espèce de tabou qui vient un peu d’une société judéo-chrétienne où de toute façon quand on est handicapé c’est parce que nos parents ont fait quelque chose de grave, péché ou je ne sais quoi —bref je digresse !

Dans l’ensemble, j’espère que les gens qui rencontrent une personne handicapée ont un comportement normal. Une personne sourde, quand tu parles et qu’elle ne te comprend pas, si elle ne te comprend pas, elle va te le dire. Ce n’est pas la peine de ne pas oser lui parler ! Il n’y a rien de pire que de ne pas oser parler aux gens !

Pour moi le grand chantier, je fais de l’accessibilité depuis 2004, et depuis 2004 je vois qu’il y a toujours et encore une frange importante de la population, presque une majorité de gens, qui s’étonne en disant « Ah bon, y’a des aveugles qui utilisent des ordinateurs ? Haha, je ne savais même pas que ça existait ! » Oui, si si.

On les désaliène grâce à l’informatique, puisque d’un seul coup tu peux lire ton journal tout seul, tu peux remplir tes formulaires de sécu tout seul sans être obligé de raconter à ton voisin les maladies que tu as, par exemple.

En termes de société, il y a des choses qui sont importantes, en termes d’égalité entre les citoyens !

Pour répondre à ta question, pour moi c’est ça le gros chantier.

Dascritch : Il y a eu une annonce récente par Mozilla. Dans le navigateur Firefox, il y a un module en Javascript qui s’appelle PDFJS, qui permet de lire le format PDF en Javascript, et ils ont dit « On va arrêter le développement là, on va le remplacer par le module de Chrome. » Tout le monde a hurlé, mais en fait une des fonctions qui est très demandée, qui manque, et sur laquelle ils ne sont pas assez nombreux pour la développer, c’est le remplissage de formulaires. Il se trouve que PDFJS est très bon dans la lecture avec synthèse vocale et tout, mais pour les PDFX, les PDF actifs qui renvoient des formulaires, il n’y a plus personne.

Stéphane :J’aime bien « PDFX », ça fait nom de super-héros je trouve.

Dascritch : Ça fait penser à autre chose, mais c’est interdit aux moins de 18 ans et à 11 heures du matin je vais me faire engueuler !

Stéphane :Pour moi la réponse à ta question c’est : les chantiers techniques, les choses comme ça, à la limite, je ne dirais pas que c’est de la roupie de sansonnet, mais les technologies changent. Donc de toute façon on aura toujours des chantiers, à chaque nouvelle technologie qui arrive il faudra repartir de zéro, que ce soit avec les jeux en ligne multijoueurs, que ce soit avec les technologies mobiles… Quand j’ai vu arriver l’iPhone, je me suis dit « C’est pas possible, comment tu veux donner un téléphone comme ça ? » Aujourd'hui les smartphones sont des trucs super accessibles—

Dascritch : C’est même le matériel le moins cher en accessibilité pour les aveugles !

Stéphane :Oui ! J’ai des copains qui trouvent plus intéressant d’utiliser leur smartphone que leur ordinateur parce qu’en termes de mise en œuvre c’est facile pour eux de l’utiliser et d’arriver à leurs fins. C’est génial !

Bref, la technologie évolue tout le temps, on ne peut pas dire qu’il y a un gros chantier à tel endroit. Je vais te dire ça, je suis très mauvais en tant que futuriste, et donc je vais me gourer et demain ce sera autre chose. Un jour j’ai dit : « Chrome c’est un navigateur pour les développeurs et jamais personne ne l’utilisera à part les développeurs ! » Tu vois comme je suis fort en prédictions !

Dascritch : Oui, oui ! (rires)

Stéphane :Pour moi le seul gros chantier est un chantier sociétal, de persuasion des gens, de prise de conscience de la normalité ; ce n’est pas parce qu’on est une personne handicapée qu’on est une personne différente, anormale, à qui il ne faut pas parler…

Quand tu rencontres quelqu’un qui est gros, qui est maigre, qui est blond, qui est brun, tu l’abordes comme quelqu’un de gros, de maigre, de blond, de brun. Pardon si ça donne l’impression que j’ai des préjugés, je n’en ai pas spécialement. De la même manière, j’aborde un aveugle, simplement je lui donne mon nom parce que je ne suis pas sûr qu’il se rappelle de ma voix, et puis j’approche ma main pour toucher la sienne pour qu’il sache que je veux lui serrer la main, des choses aussi simples que ça.

Dascritch : Tiens, j’y penserai !

Stéphane :Oui, penses-y ! Avec les sourds ce n’est pas la peine, mais par contre avec les sourds ce qui est intéressant— je ne sais pas toi, mais moi quand je fais du tourisme, j’aime bien quand j’arrive dans un pays être capable de dire bonjour dans la langue du pays, je trouve que c’est la moindre des politesses. Hé bien la moindre des politesses quand on rencontre un sourd, c’est de savoir dire bonjour en langue des signes.

On mettra un lien vers le wikisourds, qui montre les signes de base comme « bonjour ».

Dascritch : Autre chose aussi : rendre jouable le fait d’avoir un handicap. Il y a un jeu qui est sorti, si je me souviens bien, édité par Sega, un jeu complètement dans le noir, un jeu de dating, donc un jeu de drague, mais dans le noir, il n’y avait que la voix.

Stéphane :Il y a eu un shoot-them-up complètement dans le noir, où le mec se baladait avec une mitraillette dans le noir.

Dascritch : Il y a David Rousset de Microsoft qui a fait un casse-brique pour Paris Web, c’était un pari, et en plus ils n’avaient pas l’ensemble des technos pour Microsoft, il l’a fait sur Firefox !

Stéphane :Oui, c’était très émouvant, parce que David cherchait comment faire un jeu d’arcade accessible, on se croise avec David et je jette en l’air : « Tu sais, un casse-brique, ça ne doit pas être très compliqué, conceptuellement, d’expliquer ça à un aveugle. » Et je le revois six mois plus tard et il l’avait codé !

Il y avait David Rousset et Sylvie Duchateau qui est une évangéliste aveugle, et David dit « C’est bête, je n’ai jamais testé avec un aveugle. » Je lui dis qu’il y a Sylvie pas loin et qu’il doit la croiser. Il la croise et pour sa conférence du soir il avait déjà corrigé des trucs pour qu’elle puisse jouer ! Ce qui fait que le jour où il a fait sa conférence, il a codé en live, et elle a joué au casse-brique pour la première fois de sa vie, c’est génial !

Dascritch : David est monstrueux en code, faire en live il est très très fort !

Stéphane :Ça veut dire qu’il a fallu lui expliquer ce qu’est un casse-brique, et pour la première fois de sa vie elle a joué à un jeu d’arcade ! Je trouve ça absolument miraculeux !

Dascritch : En tout cas c’est une très très belle image, très très positive.

Merci Stéphane Deschamps d’être venu !

Stéphane :Merci, je suis très honoré de te parler enfin devant un micro !

Dascritch : Merci d’être venu à Toulouse pour le faire, et je te souhaite en tout cas un bon week-end, et on mettra effectivement l’ensemble des liens, et exceptionnellement on va essayer de faire un effort pour piger l’intégralité de l’émission.

Stéphane :Oh oui on fait une transcription !

Dascritch : Oh p*** ça a être chaud !

Stéphane :On en reparlera mais il y a les gens de l’APRIL qui ont un groupe transcription…

Dascritch : Oui, ils l’ont fait deux ou trois fois, justement.

Stéphane :J’ai trouvé ça très touchant parce qu’on a fait une table ronde sur l’accessibilité au Paris Open Source Summit il y a quelques jours, on commence, et une des oratrices qui fait partie de l’APRIL qui demande si on peut l’enregistrer parce que le groupe Transcription attendait déjà qu’on ait fini parce qu’ils voulaient le mettre à l’écrit, parce qu’ils trouvaient ça important. Je trouve ça génial, ils disent qu’ils ont une mission de retranscription pour, en gros, le bien de l’humanité, donc tu as l’impression de participer au bien de l’humanité, c’est très très bon quand on se couche le soir aussi !

Donc l’accessibilité c’est bon, mangez-en, voilà !

Dascritch : Merci beaucoup Stéphane.

Stéphane :Merci à toi.

(jingle)

C’était CPU, le programme Carré, Petit, Utile de Radio FMR.

Pour cette release, l’équipe était composée de Dascritch, Chief Tagging Officer, Enflammée, Chief Testing Officer, et Pico, Chief Narrating Officer.

La release a été « shippée » avec les moyens techniques du Capitole du Libre, de l’ENSEEIHT, de [inaudible], de Combustible et de Radio FMR. Merci à tous et au plus vite !

L’intégralité du programme, des extraits et ses sources sont disponibles sur le site cpu.pm – vous pouvez commenter, partager, et à part la musique, tout est Creative Commons.

Prochaine release, nous vous donnons rendez-vous jeudi prochain à 11 heures.

Et si vous nous écoutez sur FMR analogique il est presque midi, nous cédons le micro à Monique Blanquet pour son impromptu cultivé !

Je n’ai plus de voix, c’est une catastrophe, je crois que j’aurais dû tout faire à la synthèse vocale ! Ç’aurait été horrible. Tu préfères la vélotypie ou la synthèse vocale ?

Stéphane :Ça se tente à la synthèse vocale, il y a un orateur à Paris Web il y a quelques années qui avait fait parler une synthèse vocale et discuter avec elle, c’était assez rigolo ! En tout cas ce que vous avez entendu avec la synthèse vocale, c’est que c’est tellement pénible, l’accessibilité ce n’est pas un gros effort de le faire, c’est très pénible pour nos utilisateurs, faites juste cet effort-là. Ce n’est pas très, très dur, c’est juste quelques jours de développement.