Salut les primates ! Nous sommes fin avril 2024 et vous écoutez l’épisode 45 de Cornelius & Zira, le fanzine audio dédié au cinéma bis, aux musiques qui s’écoutent les potards tournés jusqu’à 11 et bien évidemment à l’univers de la Planète des Singes. D’ici quelques jours, vous pourrez envahir les salles de cinéma pour aller voir Kingdom of the Planet of the Apes (qui sorti en France sous le titre La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume) et c’est bien sûr de ce tout nouveau film que nous allons parler. Dans cet épisode, nous allons faire le tour de ce que l’on peut déjà savoir à propos de l’histoire du film et de ce à quoi il va ressembler pour peut-être un peu extrapoler concernant ce que l’on peut en attendre !
Cornelius and Zira - Ep # 45 - La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume | Que connait-on du film à quelques jours de sa sortie ?
La sortie française de La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume aura finalement lieu le 8 mai 2024. Elle était initialement prévue le 22 mai, mais ce jour-là sort également Furiosa, le 5è film de la saga Mad Max, avec Anya Taylor-Joy dans le rôle-titre, et on peut comprendre la volonté d’éviter cette concurrence.
Un 1er trailer a été révélé début novembre dernier et nous en avons parlé dans l'épisode 43 de Cornelius & Zira. Depuis, on a eu plus de contenu à se mettre sous la dent mais histoire de se rafraîchir la mémoire, on va rapidement rappeler ce que l’on savait de l’histoire du film à ce moment là :
• On sait déjà que dans ce film, les humains sont retournés à l’état sauvage, ce qui est probablement une des conséquence de la grippe simienne, un virus qui faisait son apparition dans la précédente trilogie. De leur côté, les singes se sont développés en différentes sociétés. Parmi ces poulations de singes, il existe un royaume dont le roi a pour but de réduire les autres clans en esclavage afin de retrouver les anciennes technologies humaines
• Il y a de toute évidence une volonté d’inscrire Kingdom of the Planet of the Apes dans la continuité de la saga originelle. On va retrouver dans ce 10e film des visuels et des plans qui rappellent le tout premier film, sorti en 1968 (notamment la scène de la chasse ainsi que des plans sur une plage, dont un filmé en contre plongée qui fait furieusement écho avec la dernière séquence du film, filmé depuis une célèbre statue)
• Dans les décors de Kingdom of the Planet of the Apes, on trouve la présence de restes encore visibles de la civilisation humaine et d'installations souterraines (ce qui rappelle Le Secret de la Planète des Singes, sorti en 1970, mais aussi la série live et la série animée, également sorties dans les années 70)
• On sait aussi que le symbole de César, le personnage principal de la précédente trilogie, a perduré mais il est difficile de savoir ce qu'il est resté de son souvenir et si sa mémoire a donné naissance à une forme de religion ou de culte
• Enfin, on sait qu’une humaine aux yeux bleu clair semble se démarquer des autres êtres humains et semble créer une relation de confiance avec deux protagonistes singes, un jeune chimpanzé et un orang-outan
Alors, que sait-on, à quelques jours de la sortie du film, de la manière dont Wes Ball, le réalisateur, a envisagé le film ?
Wes Ball s'est d'abord montré réticent lorsqu'on lui a proposé de réaliser un nouveau film Planet of the Apes. Mais pas parce qu'il n'aime pas la franchise, bien au contraire. Parce qu'il ne voulait pas réaliser un quatrième film. D'où la décision de ne pas reprendre l'histoire là où elle s'arrêtait dans War for the Planet of the Apes, de ne pas utiliser comme personnage principal Cornelius, le fils de César, mais en plaçant l'action beaucoup plus loin dans le temps (environ trois siècles plus tard), ce qui permet de créer des cultures et des sociétés simiennes, bref, tout un lore, tout en conservant ce qui a été établi dans les trois précédents films.
L’idée initiale de Wes Ball était de faire un Apocalypto avec des singes. Pour rappel, Apocalypto, c’est un film qui a été réalisé par Mel Gibson. L’histoire se passe dans l'Amérique Centrale du XVIè siècle, juste avant l'arrivée des Européens dans cette région. Apocalypto avait été tourné en langue maya et avait pour particularité de se vouloir réaliste (à défaut de l'être vraiment) et surtout d'être très graphique. Pour le dire plus simplement, c’est un film bien vénèr et bien bourrin qui se donne les airs d’un film historique.
Ne nous y trompons quand même pas, l’intention de Wes Ball c’est de réaliser un film d'aventure plutôt qu'un film violent. L’idée ici est assez classique : prendre un personnage jeune, naïf et innocent, qui vit dans un environnement un peu restreint et le confronter au vaste monde. On ne réinvente pas la roue, on est en plein voyage du héros.
Car c’est vraiment un des objectifs de Wes Ball avec ce nouveau film Planet of the Apes : mettre en scène un monde beaucoup plus grand. Un monde dans lequel on retrouve des reliques de la civilisation humaine. Concernant les décors, la série The Last of Us a été citée comme une inspiration directe. Mais la volonté de Wes Ball, c’est de créer des paysages post-apocalyptiques dans lesquels les ruines de l’ancienne civilisation humaine se fondent pour donner naissance à quelque chose de visuellement beau. Le but, c’est de sortir des carcans habituels du post-apo.
Et vu que l’on parle de paysages, précisons que le film a été tourné en décors naturels et que les effets numériques ont été ajoutés par la suite. Ce n’est pas une nouveauté, c’était déjà le cas pour les deuxième et troisième films de la précédente trilogie. Sur les quelque 1500 plans que compte Kingdom of the Planet of the Apes, seulement une trentaine ne contiennent pas d'effets numériques.
Et si vous vous demandez quelle durée cela peut représenter 1500 plans, sachez que le film dure 2h25, ce qui en fait le film le plus long de l'histoire de la franchise !
Mais comme on parle d’effets numériques, il faut quand même que l’on dise un mot de cette vidéo tiktok datant du 22 avril dans laquelle on voit débouler sur la plage de Venice à Los Angeles trois chimpanzés à cheval, ou plus exactement des acteurs en costume. Et quand on voit à quel point des costumes élaborés pour un happening promotionnel peuvent être étonnamment convaincants, on se demande ce que pourrait donner un film avec des acteurs portant des prothèses et du maquillage plutôt que des films en motion capture. Je suis bien conscient que cela demanderait un budget explosant complètement celui d’un film en mocap, mais on peut rêver, ça, ça ne coûte rien :)
Kingdom of the Planet of the Apes est présenté comme se passant durant l'équivalent de l'âge de bronze de la civilisation simienne en partant du principe que War se passerait durant l'équivalent de l'âge de pierre. Je ne pense pas que ce soit très pertinent comme comparaison, étant donné que les singes vivent dans un monde post effondrement et donc ils ne démarrent pas de rien. Mais l’idée générale, c’est que l’on doit percevoir que, du fait du laps de temps qui s’est écoulé entre les histoires du 3è et du 4è film, beaucoup de choses ont changé, certaines choses ont été effacées, partiellement voire complètement. Et potentiellement, les singes peuvent faire d'immenses bonds en avant en redécouvrant des éléments de technologie humaine enfuis. Les singes utilisent désormais un langage beaucoup plus élaboré même si le langage des signes n’est pas complètement abandonné et même si certains singes s’expriment encore de façon assez rudimentaire (en tout cas, c’est que les bandes annonces et les clips officiels laissent entrevoir). Pour continuer le parallèle avec Apocalypto, je ne sais pas s’il cela a été envisagé, mais ça aurait été ambitieux que les singes développent leur propre langage et ne s'expriment pas en anglais mais dans une toute autre langue (ce qui est le cas dans le roman de Pierre Boulle à l’origine de la franchise et qui avait été un temps considéré pour le tout premier film, sorti en 1968)
Depuis le mois de novembre, de nouvelles bandes-annonces et de nouveaux clip ont été révélés. Il est temps de faire le point sur ce qui a été dévoilé concernant l’histoire du film.
Mais on va d’abord commencer par le nouveau synopsis officiel :
“ Plusieurs générations après le règne de César, les singes sont devenus l'espèce dominante et les humains ont été réduits à vivre dans l'ombre. Tandis qu'un nouveau chef singe tyrannique instaure son empire, un jeune singe entame un éprouvant périple qui va l'amener à remettre en question tout ce qu'il connaissait du passé et à faire des choix qui vont définir le futur aussi bien des singes que des humains…”
La tagline officielle du film a également été révélée : il s’agit de “no one can stop the reign”, soit littéralement “personne ne peut arrêter le règne” en jouant sur l’homophonie entre le mot “reign” qui signifie “règne” et le “rain” qui signifie pluie…
Concernant les personnages, on sait désormais que le fameux roi de ce nouveau royaume des singes s’appelle Proximus, ce que confirmait la bande annonce de février si on la regardait en VO sur youtube avec les sous-titres activés.
Alors, plus exactement, il s’appelle Proximus Caesar. Dans le précédent épisode de Cornelius & Zira, je me demandais s’il s’agissait d’un chimpanzé ou bien d’un bonobo. J’avais raison d’avoir un doute puisqu’il s’agit effectivement d'un bonobo. Pour rappel, Koba, qui usurpait le pouvoir de Caesar dans Dawn of the Planet of the Apes était, lui aussi, un bonobo.
Ce que révèle la bande annonce de février, c’est que Proximus Caesar connaît vraisemblablement la théorie de l’évolution et qu’il est au courant que, dans le passé, les humains ont établi une civilisation sophistiquée. La bande annonce ne révèle pas si Proximus a lu Francis Bacon, néanmoins, il est conscient que le savoir, c’est le pouvoir, et il a clairement l’intention de mettre la main sur l’ancienne technologie humaine. Le plus simple, c’est d'écouter un extrait de la bande annonce.
On sait désormais que le personnage principal, qui est un jeune chimpanzé adulte, s’appelle Noa et que visiblement, lui, n’était pas au courant de tout concernant le passé, contrairement à Proximus Caesar, dont on vient de parler, mais aussi contrairement à Raka, c’est l’orang-outan que l’on voyait déjà dans la bande-annonce de novembre et qui porte en pendentif le symbole de Caesar. Parce que Raka, lui, sait que les humains et les singes ont vécu côte à côte, comme vous allez l’entendre tout de suite dans ce dialogue qu’il a avec Noa.
Je remarque tout de même avec le reboot de la franchise en 2011 qu’on peut observer un renversement de la sympathie des spectateurs concernant les orangs-outans. Dans les deux premiers films de la saga, les orangs-outans ont des fonctions religieuses et politiques, le meilleur exemple étant le docteur Zaius, qui est à la fois ministre des sciences et premier défenseur de la foi. Sauf que, justement, dans ces deux premiers films, les orangs-outans ne sont pas vraiment des personnages sympathiques, et plus particulièrement d’un point de vue humain. Il existe bien dans toute l’histoire de la franchise des orangs-outans que l’on peut trouver attachants. Je pense notamment à Virgil et Mandemus dans Battle for the Planet of the Apes, le 5e film ou bien au Lawgiver dans le comics Terror on the Planet of the Apes, mais je ne pense pas qu’on puisse les considérer comme aussi connu que ne l’est le Docteur Zaius, au point d’avoir sa propre chanson dans les Simpson. Or, depuis le reboot de la franchise, les orangs-outans incarnent désormais la sagesse. En tout cas, c’est ce qui se dégageait du personnage de Maurice dans les 3 premiers films, qui était éminemment sympathique. Et c’est aussi ce qui semble se dégager du personnage de Raka, dans les bandes-annonces tout au moins. Alors que, faut-il le rappeler, le docteur Zaius est lui, une véritable ordure.
Mais revenons-en à ce que l’on a pu voir dans les différents trailers. On a compris que le personnage principal serait Noa, un jeune chimpanzé et qu’il est accompagné d’un orang-outan, Raka et d’une jeune femme humaine aux yeux bleus clair. Dans le trailer pour les imax, on peut voir une scène où Noa l’appelle Nova (comme le personnage incarné par Linda Harrison dans les deux premiers films de la saga originelle, nom qui avait été repris pour la fillette humaine muette dans War for the Planet of the Apes). Dans un clip officiel, on voit que c’est Raka qui choisit ce nom mais, qu’en réalité, c’est ainsi que les singes appellent à peu près toutes les humaines. Mais dans un autre clip, on apprend qu’elle s’appelle en réalité Mae. Je ne vais pas en dire plus parce que, personnellement, je trouve que le clip en révèle peut-être un peu trop. C’est le genre de chose que j’aurai préféré découvrir dans le film et j’espère vraiment que les différents clips et trailers n’en ont pas trop révélé et que Kingdom of the Planet of the Apes nous réserve d’autres surprises.
Il est temps désormais d’évoquer mes attentes en tant que fan de la saga, mais aussi qu’amateur de SF et de cinéma bis.
Un Apocalypto à la sauce simienne, sur le papier, j'achète, évidemment. Même si POTA n'a jamais vraiment été une franchise complètement tout public, la saga mériterait peut-être une version plus adulte. Mais déjà qu'avant le rachat de la Fox par Disney, je n'y aurais pas cru, j'ai encore moins de raison d'y croire. Donc prenons ça comme une note d'intention, mais je ne pense pas que le film sera plus rentre dedans que les trois films de la trilogie précédente, ni même que Conquest of the Planet of the Apes. De toute façon, on sait déjà que le film est classé PG13 (et certainement pas avec une classification R). Pour celles et ceux qui ne seraient pas sûr de voir à quoi correspondent ces critères qui sont purement américain.
PG13, cela signifie que le film est déconseillé aux moins de 13 ans, rated R, cela signifie que les moins de 17 ans doivent être accompagnés par un adulte. Les 3 films de la précédente trilogie avaient déjà reçu une classification PG13, donc ne nous attendons pas non plus à une énorme rupture de ton de ce point de vue là.
Ce qui m'enthousiasme par contre, c'est la période où l'action va se situer dans la timeline de la saga. Si les trois films précédents sont supposé se dérouler durant les premières décennies du 21è siècle, on peut donc en déduire que Kingdom va se dérouler au cours du 24è siècle, une époque qui était jusqu'ici pour ainsi dire complètement inexplorée (sachez néanmoins qu'il existe des comics se déroulant au 23è et au 27è siècle mais nul doute que Kingdom va les faire sortir du canon de la saga). Si le but est vraiment de boucler avec le film de 1968, on rappelle qu'il se déroule à la fin du 40è siècle, ça laisse donc beaucoup de place à l'imagination
Kingdom sera le 1er film d'une nouvelle trilogie, si tant est qu’il fonctionne bien au box-office. Il faut donc le considérer comme un 1er film, plutôt qu'un quatrième. Ce que je souhaite vraiment, c'est que le souci principal est de faire un bon film, avant de vouloir installer une nouvelle trilogie.
Ce qui est fort probable également, c'est que Wes Ball ne réalise pas le film suivant, puisqu'il devrait être à la réalisation d'une adaptation de La Légende de Zelda.
Quoi qu’il arrive, j'anticipe que mon opinion sur Kingdom sera forcément biaisée. Je vais avoir du mal à ne pas le regarder à travers mes yeux de fan de la saga classique. Pour le juger à sa juste valeur, il va falloir arriver à le considérer comme une œuvre à part entière et non comme le dixième film de ma saga préférée. Ce que je redoute, c’est que Planet of the Apes ne devienne plus qu’une marque. Si on n’y retrouve pas les thèmes importants de la saga, si le film n’apporte aucun discours sur l’aliénation, aucune réflexion sur les rapports entre dominés et dominants, sur la conflictualité, sur le concept de civilisation et qu’il s’agit juste d’un pop-corn movie, est-ce que ce sera vraiment un film Planet of the Apes ?
Au risque de me répéter, quelle que soit mon opinion sur ce dixième film, quoiqu’il arrive, ce qui me fait plaisir, c’est qu’il permet à la franchise de rester vivante. De nouveaux comics sont sortis depuis que que Marvel a récupéré les droits d’exploitation de la franchise, Planet of the Apes Revisited, qui est mon livre préféré sur la franchise va enfin avoir droit à une réédition, un jeu de rôle a été annoncé et en France, les éditions Pix’n Love viennent de publier un essai écrit par Nicolas Allard, qui avait notamment déjà publié un essai consacré à Dune. Bref, tout ça pour dire qu’il va y avoir beaucoup de grain à moudre et j’espère que d’autres projets intéressants pourront voir le jour en profitant de cette nouvelle trilogie. Si les films sont biens, ce sera la cerise sur le gâteau et s' ils ne nous plaisent pas, on n’aura qu’à les ignorer…
Il est temps de conclure cet épisode. Comme il est de coutume de le faire, rappelons que Cornelius & Zira est disponible sur podcloud, spotify, deezer et de nombreuses applications ios et android, sans oublier youtube. Retrouvez les notes de l'émission sur docteur-zaius.lepodcast.fr et suivez-nous sur twitter, facebook, instragram, bluesky, mastodon et même tik tok pour du contenu supplémentaire en lien avec cet épisode.
Avant de finir, je remercie toutes celles et ceux qui commentent et partagent les épisodes, ça ne passe jamais inaperçu et ça fait toujours plaisir !
Si vous avez écouté cet épisode en vous promenant à cheval dans une forêt luxuriante recouvrant les ruines d’une ville ancienne, vous étiez dans le vrai !
D’ici au prochain épisode, portez-vous bien, prenez soin de vous et de celles et ceux que vous aimez et à très bientôt les primates !
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