Gérald HESS, philosophe, Office fédéral de l'environnement. L’enjeu éthique de la valeur esthétique de la nature est problématique. L’expérience esthétique d’un paysage ne fait souvent pas le poids face à des intérêts humains d’ordre économique ou social. Cette légèreté se laisse-t-elle suppléer en décelant dans la nature une valeur par-delà son attrait esthétique ? Je propose d’envisager l’expérience esthétique de la nature en essayant d’en saisir son au-delà. Il s’agit, autrement dit, de comprendre le caractère "transesthétique" de l’expérience de la nature. Selon l’intimité que nous entretenons avec un paysage, telle est ma thèse, nous sommes bel et bien en mesure d’en éprouver sa valeur intrinsèque. Il se pourrait bien, alors, qu’une telle valeur nous conduise naturellement à davantage de vigilance envers la nature.