Virginie Vaysse, professeure des écoles et coordinatrice d’un dispositif ULIS, et ses élèves ont été sélectionnés, avec 4 500 établissements du primaire au lycée, pour participer à l’expérience « Élève ton blob » organisée par le CNES (Centre national d’études spatiales). Ce projet, que mène en parallèle Thomas Pesquet à bord de la station spatiale internationale, conduit les enseignants et les élèves à la découverte d’un étrange organisme, à l’apprentissage de la démarche scientifique et à l’exploration des métiers de la filière Sciences. Mais Virginie va au-delà, puisque ce projet lui permet également de sensibiliser ses élèves à la citoyenneté et à l’esprit critique.

  • Élève ton blob, expérience éducative du CNES, le Centre national d'études spatiales, menée conjointement entre des classes de tous niveaux et Thomas Pesquet dans le cadre de la mission Alpha.


La transcription de cet épisode est disponible après les crédits.


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Extra classe, des podcasts produits par Réseau Canopé.

Émission préparée par : Jean-Paul Fillit

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Directrice de publication : Marie-Caroline Missir

Coordination et production : Hervé Turri, Luc Taramini, Magali Devance

Mixage : Jules Pottier

Secrétariat de rédaction : Magali Devance

Contactez-nous sur : contact@reseau-canope.fr

© Réseau Canopé, 2021


Transcription :

Je m’appelle Virginie Vaysse, je suis professeure des écoles depuis 24 ans et je coordonne pour la deuxième année un dispositif ULIS [Unité localisée pour l’inclusion scolaire] dans un collège du Tarn, pour lequel je suis également référente Culture. L’expérience « Élève ton blob » est une expérience éducative de la mission Alpha de Thomas Pesquet. Cette action a donc été proposée par le CNES [Centre national d’études spatiales], en partenariat avec le CNRS [Centre national de la recherche scientifique] et avec le soutien de l’académie de Toulouse. C’est un projet que j’ai trouvé intéressant, car c’est un projet de sciences participatives auquel 4 500 classes ont participé et nous avons pu ainsi mener la même expérience que Thomas Pesquet, nous sur Terre et lui à bord de l’ISS [International Space Station ; en français, Station spatiale internationale].

Le blob, c’est un être vivant qui interpelle beaucoup de monde aujourd’hui ; qui est d’un aspect jaune, visqueux, qui n’est ni un animal, ni une plante, ni un champignon et qui a été reconnu assez récemment dans la classification. Cet être vivant n’a pas de cerveau mais par contre, il est intelligent.

J’ai démarré ma carrière dans un quartier difficile de Toulouse où j’ai pu travailler dans une équipe de recherche, notamment autour de Jacques Fijalkow. Et ce que j’ai pu apprendre, c’est que quand l’enseignant met en place un projet dans lequel vivent l’ensemble des enseignements, les élèves ne sont plus dans l’inquiétude de travailler et d’apprendre. Donc, une fois que les élèves sont engagés, qu’ils manipulent, qu’ils se questionnent, là, l’enseignant – pour moi – peut construire toutes les notions abstraites, peut poser tous les points du programme. Donc, le protocole qui était posé de façon officielle était qu’il fallait filmer durant sept jours deux blobs, mis dans des situations différentes : soit il avait quatre flocons d’avoine autour de lui, soit rien du tout. Pour pouvoir filmer, on a donc utilisé un iPad avec lequel on a dû télécharger une application particulière, puisque l’objectif, c’est maintenant que nous communiquions au centre de recherche, à Audrey Dussutour, l’ensemble des photos qui permettent de voir quelles ont été les réactions du blob quand il n’avait pas de nourriture, quand il n’avait pas de flocons d’avoine ; ou bien, dans l’autre cas, quand il a des flocons, quels sont les réseaux qu’il construit ? Les élèves ont été agréablement surpris, en juin, d’être inscrits dans ce projet. Et la réaction qu’ils ont eue, c’est qu’ils me questionnaient énormément : « Quand commence-t-on le projet ? Pourquoi on attend ? Est-ce qu’on nous a oubliés ? » Et du coup, toute cette ambiance nous a permis quand même, quand on a démarré le travail dans le dispositif ULIS, d’avoir une dynamique et vraiment un engagement des élèves, qui étaient bien présents et surtout très impatients. Et même les parents étaient curieux de découvrir ce nouveau projet. Et pour moi, je dirais que cette ambiance-là a été une force pour construire tout le travail que je souhaitais rattacher à ce projet « Élève ton blob ».

C’est une expérience unique qui a favorisé le travail coopératif au sein du dispositif, l’entraide, l’écoute. Et ensuite, ils ont découvert vraiment un domaine scientifique qui est bien souvent méconnu par rapport à cette tranche d’âge-là. Et on s’est penché en particulier sur les différents métiers scientifiques qui peuvent exister et [leurs] rôles dans la société d’aujourd’hui. Ensuite, j’ai vraiment souhaité développer, aussi, la notion de l’esprit critique de ces citoyens de demain. Donc, bien sûr, on n’a fait qu’amorcer cette attitude, mais j’ai vraiment abordé ce sujet, j’ai posé les attendus qu’il pouvait y avoir pour chacun d’eux et du coup, d’être vigilante, de le rappeler de façon régulière. Ce qui les a beaucoup rassurés, c’est qu’ils se rendaient compte que moi-même, je découvrais en même temps qu’eux, et que des adultes de l’établissement, effectivement, nous questionnaient par rapport à ce que nous étions en train de faire. Donc, j’ai vraiment pu constater des effets, même dans d’autres travaux, notamment des valeurs de la République, des points sur lesquels on a travaillé l’année dernière. J’ai trouvé que les élèves étaient dans une posture différente, notamment dans l’écoute de l’autre et aussi dans la modestie des propos qu’ils pouvaient poser au sein de la classe. J’ai trouvé intéressant d’apprendre que les élèves avaient partagé ce projet, expliquaient ce que nous faisions en classe à des personnes de leur quotidien : un surveillant de l’établissement, le chauffeur de bus, une grand-mère, des frères et sœurs. Et quand je leur ai demandé ce qu’ils avaient raconté, ils étaient tout à fait en mesure d’expliquer le type d’être vivant qu’est le blob et les conditions dans lesquelles nous avons mené le protocole expérimental.

Le constat que je peux faire, c’est qu’aucun élève n’est dans le refus d’apprendre et, surtout, ils identifient les progrès qu’ils font pas à pas. J’ai toujours pris plaisir à chercher des projets dans des domaines où je n’ai pas forcément de connaissances et qui me permettent de les construire en même temps que mes élèves. Donc, bien sûr, c’est beaucoup d’inattendu dans la construction des séances d’enseignement que je peux mener. Mais je trouve également que, du coup, les élèves ressentent que je suis dans la posture d’apprendre, comme eux. Et les démarches qu’ils entreprennent sont d’autant plus riches, car ils sont en mesure de m’apporter des connaissances et donc, d’eux-mêmes, d’aller rechercher pour alimenter tout le travail de groupe qui vit dans la classe.