À l’école maternelle, il est une personne que l’on a tendance à oublier et dont le rôle est pourtant capital pour le bon déroulement d’une journée : l’Atsem. À Chaumont, Audrey Glachet travaille depuis deux ans en étroite collaboration avec son enseignante référente, France-Yseult Saintot. Cette dernière a repensé les espaces de classe pour les tout-petits, induisant des changements importants dans sa pédagogie mais aussi dans le rôle incombant aux adultes. Au micro d’Extra classe, nous laissons la parole à Audrey qui nous parle de ces changements et de la façon dont ils impactent son métier.


La transcription de cet épisode est disponible après les crédits.

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Extra classe, des podcasts produits par Réseau Canopé.

Émission préparée et réalisée par : Aurélie Dulin

Directrice de publication : Marie-Caroline Missir

Coordination et production : Hervé Turri, Luc Taramini, Magali Devance

Mixage : Simon Gattegno

Secrétariat de rédaction : Aurélien Brault

Contactez-nous sur : contact@reseau-canope.fr

© Réseau Canopé, 2022


Transcription :

Dans le précédent épisode, vous avez entendu le récit d’une enseignante qui pratique la classe ouverte en maternelle avec ses collègues. Cette rencontre nous a donné envie de laisser tourner notre micro un peu plus longtemps que d’habitude. Voici donc la même histoire racontée du point de vue de l’Atsem. « La passion des tout-petits », c’est votre nouvel épisode d’Extra classe. Bonne écoute.

Je m'appelle Audrey Glachet, je suis Atsem à l’école maternelle Voltaire-Moulin à Chaumont [Haute-Marne, 52].

Donc le périscolaire, c’est les enfants qui arrivent avant l'école : ils arrivent, s'habillent, mettent leurs chaussons, vont se laver les mains et vont en garderie.

[Extrait du début de journée avec Audrey Glachet]

« On est parti, ça va commencer. »

[Fin de l’extrait]

Depuis deux ans, il y a un réaménagement des espaces dans notre école. Avant, chaque classe avait les mêmes espaces : imitation, un coin « mathématiques », un coin écriture, un coin langage. Depuis le réaménagement, les différents coins sont répartis sur trois salles de classe. Chaque salle a ses ateliers : il y en a une avec les ateliers de langage et d’écriture ; une qui va être plus « mathématiques » avec les chiffres et les nombres ; et une autre classe pour la partie sciences et découverte, avec des parties tactiles et constructions.

[Extrait d’une discussion avec un élève]

« UN ÉLÈVE : On a déjà fait ça, on peut faire ça.

AUDREY GLACHET : Mais on ne l’a pas faite celle-là, regarde elle n’est toujours pas entourée. Juliette, il y a trois ateliers différents de boîtes. Celui-là on te l’a déjà présenté mais celui-là pas encore. »

[Fin de l’extrait]

Notre rôle est de guider les enfants. Quand ils choisissent un atelier, il faut déjà qu'on leur présente une première fois, que ce soit les Atsem et surtout les enseignants. Sur leurs petites cartes, c’est marqué que l’atelier a été présenté, donc on a un repère visuel. Après, c'est à nous, quand on se promène dans la classe, de voir si un enfant est en train de faire un atelier, le guider si on voit qu’il est en train de mal le faire ou, justement, si on voit qu'il est en train de le faire comme il faut, de le valider : « Je me pose à côté de toi, montre-moi comment tu fais, on pourra valider et passer à un atelier suivant. »

Vu qu'on a des classes multiniveaux – il y a des petits, des moyens et des grandes sections –, la difficulté c'est que tout le monde peut faire le même atelier mais à son niveau de compétences. Pour les grands, on va souvent leur demander beaucoup plus de vocabulaire, en plus de l'acte. La nouveauté de ces classes ouvertes est qu'on n'est pas juste cantonné à un atelier, ce qui est souvent le cas avec les Atsem où on assiste les enseignants mais ils donnent un [seul] atelier à l’Atsem, qui le gère et s'occupe de la gestion des toilettes. Là, on a vraiment un regard sur l'ensemble de la classe. C'est ce que j'adore. On n'est pas juste là pour faire un atelier avec quatre enfants et c'est tout. On peut participer et encore plus, participer avec l'enseignant.

Personnellement, j'ai travaillé dans une école où l'enseignante faisait tous les ans la même activité à la même période. Donc je savais que j'allais avoir tel atelier avec un petit groupe d'enfants et que, tous les jours, j'avais le même rythme et le même planning avec les enfants. À la fin de l'année, je me suis rendu compte que je m'étais ennuyée sur cette école avec ce type d'enseignement. Personnellement, j'ai besoin d'école active, j’ai besoin de bouger, de changer aussi, de m'investir et de m’impliquer personnellement dans mon travail.

[Extrait d’une discussion avec un élève]

« AUDREY GLACHET : Est-ce que tu veux bien terminer ton travail ?

UN ÉLÈVE : Moi j’l’avais pas fait hier.

AUDREY GLACHET : Ben non tu n’étais pas là hier alors tu vas finir aujourd’hui. »

[Fin de l’extrait]

Ce qui m'a plu, c'est aussi le fait que France-Yseult, l'enseignante, m'a emmenée dans ce projet, ce qui a éveillé ma curiosité. Elle a su me faire découvrir son projet et me faire y adhérer. Je n'aurais pas voulu être enseignante mais, par contre, ça rebooste le rôle de l'Atsem. Avant, les Atsem étaient vraiment les assistantes des enseignants. Maintenant, encore plus avec ces aménagements des espaces, on est vraiment devenues coopératrices avec l'enseignant. Il n’y a plus ce niveau hiérarchique qui existe : on travaille ensemble.

L'avantage des classes ouvertes, c'est que, par exemple, quand on a un enfant qui peut être trop fatigué ou agité, qu'on est épuisé de devoir gérer le comportement de cet enfant-là, on est plusieurs adultes sur les classes. On peut donc demander à l'enfant d'aller dans un autre atelier, d’aller voir un autre adulte. Là, on est six. Donc ça permet à l'enfant aussi de pouvoir aller dans d'autres espaces, voir d'autres adultes. Ça nous permet aussi de pouvoir souffler par moments. La journée est longue mais, au final, elle va être très courte puisqu'on va être tellement absorbées par cette charge mentale supplémentaire et par l'implication qu'on doit mettre pour pouvoir mener à bien tous ces petits ateliers et ce rapport avec tous les enseignants et les autres collègues Atsem. Le soir, quand on rentre, on est bien fatiguées [rires].

[Bruits et pleurs d’un élève]

C'est l'enfant qui est arrivé en cours d'année et il n'a pas encore totalement intégré la journée. Donc, souvent, il demande à quel moment il va rentrer chez lui. Son mot, c’est « papa-maman ». Dès qu'il met ses chaussures, pour lui, il rentre à la maison. Donc je le rassure en lui disant : « Non, non. Là, c'est la récréation. Après, on va aller en motricité. Et après papa-maman viendront te chercher. »

On a créé un lien tous les deux, on s'est mis en place une petite routine. Quand il ne va pas bien, il vient me voir et je le rassure. C’est un enfant qui prend peur dès qu’on le sort de son contexte et de ses habitudes. Mon rôle est d'avoir toujours un œil sur lui et de voir s'il commence à aller mal, ou des choses comme ça, pour aller le rassurer et le guider sur l'ensemble de sa journée. Ce côté un peu maternel, c'est quelque chose que j'apprécie aussi.

L'enseignante a aussi ses moments mais, souvent, elle a tellement de choses au niveau pédagogique à gérer. Donc si un enfant pleure, ou quelque chose comme ça, je vais tout de suite le prendre avec moi, le rassurer, l'apaiser. C'est le côté affectif qui est très agréable dans le métier d'Atsem.