Manon Roumanet est directrice d’école primaire à l’année dans le Lot-et-Garonne et directrice de colonie de vacances l’été ! C’est le défi qu’elle s’est lancée depuis 2021. Elle anime des séjours sportifs, qui accueillent une quarantaine d’adolescents, sur la côte basque. Comment est née l’envie d’animer des colonies de vacances ? En quoi cette expérience fait évoluer ses pratiques en tant que directrice d’école ? Manon revient sur sa formation, sa relation avec les jeunes et les animateurs, mais aussi sur les liens entre son poste à l’année dans l’Éducation nationale et ses fonctions durant l’été au côté de l’UCPA.


La transcription de cet épisode est disponible après les crédits.

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Extra classe, des podcasts produits par Réseau Canopé.

Émission préparée par : Ophélie Gibert et Floriane Le Maître

Réalisée par : Ophélie Gibert

Directrice de publication : Marie-Caroline Missir

Coordination et production : Hervé Turri, Luc Taramini, Magali Devance

Mixage : Laurent Gaillard

Secrétariat de rédaction : Aurélien Brault

Contactez-nous sur : contact@reseau-canope.fr

© Réseau Canopé, 2022


Transcription :

Je m'appelle Manon [Roumanet], j'ai 29 ans. Je suis enseignante et directrice d'école en Lot-et-Garonne [47], à Roquefort. Et pendant l'été, depuis l'année 2021, je fais également des colos avec l'organisme UCPA. Je dirige des surfcamps sur la côte Atlantique. L'année dernière, j'étais sur Seignosse et Biscarrosse et, cet été, je fais deux semaines sur Hendaye. Le concept d'un surfcamp : on accueille un groupe de jeunes – au moins 48 – qui vont surfer tous les jours. Ils ont entre 15 et 17 ans. À Hendaye, on a la chance aussi de pouvoir faire une journée en Espagne, à San Sebastián. Donc c'est une découverte pour les jeunes. On les laisse un peu libres puisque, avec cette tranche d'âge-là, c'est un petit peu ce qu'ils recherchent aussi. On est là pour les accompagner. Voilà pour le surfcamp. Et puis, en dehors des temps de surf ou de la sortie en Espagne, on anime, on fait des grands jeux, on fait des grosses veillées également pour qu'on passe un bon moment avec les jeunes. 

[Extrait 1 : un animateur donne les consignes d’un rallye photo aux adolescents] 

« ANIMATEUR : À 14 h 30, quand on va se retrouver, il y a le nouveau défi qui va arriver. J’envoie à chaque groupe la liste du rallye photo. Il y a plein de photos super marrantes à faire. »  

[Fin extrait 1]  

L'envie d'animer, l'animation, je pense que ça fait aussi partie du métier qu'on fait quand on est enseignant. Ça fait partie en tout cas des compétences qu'on met en avant. Et l'envie de partir pendant l'été, ça a été en discussion conjointe avec mon mari qui fait le même métier que moi. On s’est dit : « Tiens, est-ce que sur les deux mois d'été, on ne tenterait pas de faire une semaine, deux semaines en colo ? », pour découvrir le milieu qu'on connaissait uniquement de l'autre côté, c'est-à-dire en tant que jeunes colons. Et donc on est allés vers l'UCPA puisqu'on connaissait un peu l'organisme, les valeurs défendues et le projet pédagogique également qui était mis en valeur. Et il s'avère qu'ils m’ont de suite sollicitée pour faire une direction. L'avantage est donc de recruter sa propre équipe – j'ai recruté mon mari. Et puis, l'année dernière, c'était une façon pour nous de partir en vacances sans avoir forcément beaucoup de moyens. Cette année, c'est uniquement pour le plaisir. On aurait très bien pu ne rien faire, mais c'était tellement une belle expérience l'année dernière qu'on a voulu la réitérer cette année. 

En tant que directrice d'école, forcément, tout ce qui est gestion administrative d'une colo, on est… Alors ce n’est pas du tout la même gestion administrative, ça semble très très facile. C'est-à-dire qu'on nous donne des choses à faire. C'est carré, on sait que le lundi il y a un récap à faire pour anticiper sur la semaine d'après. C'est carré, il y a de l'administratif, je dirais vraiment avec des fiches sanitaires – telles qu'on peut récupérer des fiches de renseignements en début d'année. Il y a beaucoup de choses qui sont un peu transversales et qui font qu'on s'y retrouve assez aisément, même si ce ne sont pas les mêmes outils encore une fois. Je trouve que la capacité qu'on a, en tant que directeur d'école, à chercher les informations lorsqu'on en a besoin, elle nous est très utile ensuite lorsqu'on est en colo. Pour la direction de l'école, on est aussi sur de l'animation d'équipe et donc là, forcément, c'est tout autant de compétences qu'on va réutiliser sur une colo. On n’anime pas pareil une équipe d'animateurs qu'une équipe d'enseignants mais, sur le plan de la motivation ou même des idées du travail en groupe, on est vraiment sur les mêmes compétences. Donc c'est très transversal. 

[Extrait 2 : échanges entre un animateur et des adolescents] 

« ANIMATEUR : Aujourd'hui, on ne va pas pouvoir prendre de vagues malheureusement. Ok ? Est-ce que vous savez pourquoi il n'y a pas de vagues ? Qu'est-ce qui génère les vagues ? 

ADOLESCENT : Il n’y a pas de vent ! 

ANIMATEUR : C'est vrai qu'il n'y a pas de vent mais des fois ça peut arriver qu'il y ait trois mètres de vagues et pas de vent. 

ADOLESCENTE : Sûrement l'air froid il descend, l'eau chaude est plus haute. Et du coup ça doit faire des mouvements et ça doit être ça qui crée des vagues, je pense. » 

[Fin extrait 2]  

On retrouve le même fonctionnement que celui qu'on peut avoir dans une école. Donc on fait des réunions, des instances. Le soir, on fait un bilan de la journée, ce qui a fonctionné, ce qui a pu peut-être poser souci parce que ce n'est pas comme une école où on y est toute l'année, ça ne dure qu'une semaine. Donc, finalement, les réajustements se font très rapidement, des fois même sur la journée. Les jeunes ont, surtout à cet âge-là, l'opportunité de nous dire ce qu'ils souhaitent faire ou même ce qu'ils ont moins apprécié dans la journée, pour qu’on puisse s'améliorer, et peut-être proposer quelque chose de mieux le lendemain ou d'adapté à ce qu'ils souhaitent. Donc on est sur différents temps. La direction de l'école, c'est beaucoup plus pédagogique finalement – si on met la priorité, elle serait là. Dans la direction d'une colo, je me vois comme l'animatrice des animateurs qui doit amener ces animateurs à animer correctement les jeunes.  

[Extrait 3 : présentation du programme de la soirée aux adolescents] 

« ANIMATEURS : Ce soir, c’est “veillée fureur”. Il y en a qui connaissent, il y en a qui ne connaissent pas. Il y en a qui ont essayé de se renseigner sur ce que c'était et qui n’ont pas trouvé parce qu'ils n'ont pas fait la bonne orthographe. » 

[Fin extrait 3]  

J'ai des CE2 à l'année, ils ont donc huit ans. Je suis en école primaire, donc il y a de la maternelle également. Mais c'était un choix de ma part de ne pas avoir cette tranche d'âge-là en colo – parce qu'elle existe, sur l’UCPA, il y a des camps avec des tout-petits. Je ne voulais pas, pour avoir vraiment une expérience différente, pour ne pas avoir de déformation professionnelle non plus – puisque, quand ils sont à l'école, ce n'est pas la même chose que quand ils sont en colo ou en vacances. Et l'expérience auprès du public des ados, des 15-17 ans, elle est vraiment très très enrichissante, même dans ma façon d'être ensuite à l'école, dans ma façon de voir un peu l'évolution d'un enfant jusqu'à un adolescent – puisque finalement, après dix ans, on ne les voit plus à l'école. Et je pense que ça complète mon expérience personnelle sur tout ça. 

En tant que directrice d'école, j'ai appris, grâce à la colo, à voir mes collègues différemment. À les voir à l'école mais aussi à les contextualiser avec leurs familles, leurs soucis et leur vraie vie. Et on est plus proche dorénavant, on travaille mieux comme ça. Et ensuite, vis-à-vis des enfants : un enfant de 8 ans, bien sûr, n’a rien à voir avec un enfant de 15 ans ou de 16 ou 17 ans, mais on apprend à les écouter aussi autrement et à ne pas les voir comme des futurs ados avec lesquels on ne pourra plus communiquer – parce qu'on a cette image-là de l'ado qui est inaccessible. J'ai l'image de ces enfants à qui il faut apprendre à communiquer pour que, même lorsqu'ils auront un âge plus avancé dans l'adolescence, ils soient aptes, conscients et même avenants pour discuter avec nous. 

[Extrait 4 : échanges entre une animatrice et des adolescents] 

« ANIMATRICE 1 : Là on est obligé de faire un petit temps, comme tous les soirs – mais il va peut-être durer longtemps parce qu'on a pas mal de trucs à vous dire – notamment, premièrement, sur les horaires. Je pense que vous avez assez compris aujourd'hui qu'on était grave derrière vous pour les horaires. 

ANIMATRICE 2 : On en a… 

ADOLESCENTS : Marre ! 

ANIMATRICE 2 : Voilà. » 

[Fin extrait 4]  

Avec les animateurs que j'ai là, on est déjà au mois d'août 2022 et on est en train de discuter pour peut-être faire cette année une colo au ski ensemble – puisque j'étais déjà avec beaucoup d’entre eux l'année dernière et ils ont souhaité revenir travailler avec moi, ce qui est très valorisant, ça fait très plaisir. 

Le projet, c'est de continuer les colos, toujours sans que cela n'empêche de profiter des vacances aussi, c'est important. Donc oui, je vais poursuivre, je vais continuer, en surfcamp, qui plus est sur la côte Atlantique. Je pense que je ne peux qu'être satisfaite de tous les spots où j'ai travaillé jusque-là. Donc il n'y a pas de raison que ça change. 

[Extrait 5]  

« ADOLESCENTS : 2, 3, 4 : Merci Manon ! » 

[Fin extrait 5]