Ancien professeur de piano devenu professeur des écoles en 2002, Olivier Pépin est un joueur passionné qui s'intéresse à tous types de jeux. En observant une collègue de maternelle, il s’est rendu compte que l’organisation en ateliers était particulièrement propice au jeu. Et c'est ainsi qu'il est passé de la théorie à la pratique. Dans cet épisode, il nous raconte comment il a aménagé sa classe et comment le jeu lui est utile dans chaque discipline et phase d’apprentissage. Cette pratique a relancé sa motivation personnelle et celle de ses élèves. Les parents lui disent : « mon enfant a envie de venir en classe ! » Mais attention, le jeu c’est du sérieux ! ll faut beaucoup de préparation, de réflexion et une forte capacité d’adaptation tout au long de la journée.


La transcription de cet épisode est bientôt disponible après les crédits.

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Extra classe, des podcasts produits par Réseau Canopé.

Émission préparée et réalisée par : Corentine Gasquet

Grâce à l'appui technique de : Floriane Le Maître et Alix Ibar

Directrice de publication : Marie-Caroline Missir

Coordination et production : Hervé Turri, Luc Taramini, Magali Devance

Mixage : Laurent Gaillard

Secrétariat de rédaction : Aurélien Brault

Contactez-nous sur : contact@reseau-canope.fr

© Réseau Canopé, 2022


Transcription :

Je m’appelle Olivier Pépin. Je suis professeur à l'école Ferdinand-Buisson à Antony [92] depuis vingt ans, en CM1 cette année [2021-2022] mais j'ai surtout fait du CM2 les années précédentes.

[Extrait 1 : un élève témoignant sur le jeu en classe]

« ÉLÈVE : Le jeu c’est toujours notre préféré. On adore toujours le jeu. »

[Fin de l’extrait]

Je joue beaucoup moi-même, je suis un joueur qui s'intéresse en plus vraiment à tous styles de jeu, les classiques comme autre chose. Je fais un atelier échecs par exemple ici à l’école, des études échecs que je mène aussi à la ludothèque d’Anthony pour qui je travaille depuis une quinzaine d’années environ. Le milieu du jeu m’intéresse, je vais dans les festivals, les salons, pour moi et puis pour le travail aussi avec mes jeux.

On travaille en ateliers. Ce sont des ateliers dédiés. Certains sont complètement individuels en quelque sorte, avec un atelier pour copier la leçon. Alors, à chaque fois, on est dans les compétences de l'école, si on regarde les programmes. Être capable de copier un texte intégralement sans se tromper pour ensuite pouvoir le relire et l’apprendre à la maison. Après, il y a un exercice d’application, souvent sur le même sujet. Le jeu, en général, on le vise toujours d'une manière ou d'une autre. Il y a toujours une notion derrière. Alors là qui est exprimée un petit peu de manière moins explicite. Bon, là c'est un jeu de vocabulaire, avec un peu d'imagination, de créativité. Et comme on a travaillé, on a fini juste l’adjectif mais il est toujours bon de réinvestir en permanence certaines choses. Il y avait un atelier poésie et le rallye poésie ça marche très bien, les enfants aiment beaucoup. Ils ne copient pas tous la même poésie. Donc, quand on récite, on va entendre une vingtaine de poésies différentes. C'est toujours intéressant quand on arrive à faire, au niveau pédagogique, des choses qui reviennent tout au long de l'année. On ne peut pas le faire pour tout. On peut le faire avec Orthophore [dispositif de dictées en ligne] puisque ce sont des difficultés types qui ont été identifiées pour le CM1. Il y a des dictées que l’on crée, on peut ajouter aussi ses propres dictées – c'est l'idée de ce site – mais c'est une manière d'aborder la dictée. En plus, Orthophore permet d'alléger – puisqu'il n’y a pas tout à copier – pour des élèves qui ont des difficultés à l'écrit de différents types.

[Extrait 2 : échanges entre élèves sur les dictées]

« ÉLÈVE 1 : On adore les dictées, celles sur Orthophore.

ÉLÈVE 2 : Celles sur Orthophore… Pas spécialement celles-là mais toutes. »

[Fin de l’extrait]

C'est très créatif, dans tous les sens du terme, de faire des ateliers parce que j'ai vraiment l'impression – ça fait sept-huit ans que je fais ça – que j'en suis vraiment au début. Il y a encore énormément de choses à explorer. Ça m'a relancé complètement dans le travail puisque je travaillais en classe entière. Et, à force de faire le même niveau aussi, on peut s'installer dans une routine qui est... Moi je me méfie de ça quand je commence un peu… pas à dérouler mais… puisque c'est assez facile, je pourrais reproduire la même chose régulièrement. Et en fait non non non, les ateliers m’ont relancé complètement. D'abord sur moi, sur ma propre pratique puisque je m'enregistrais beaucoup au début. [Il faut] donc plus de préparation, il faut venir vraiment tôt le matin. Je viens quasiment à l'ouverture de l'école parce qu'il y a au moins trente minutes d'installation. Et puis après rien n'est figé. Parfois il y a des ateliers où je me dis : « Bon ça n’a pas bien marché, ce n'est pas ce que je voulais. » Parfois, le lendemain, je modifie un tout petit peu mon approche et puis la prochaine fois je fais autre chose. Ça n’est jamais figé, c'est toujours un petit peu en évolution. Ça ne ressemble pas du tout aux ateliers du démarrage. Je pense que, dans quelques années, ce ne sera pas non plus ça, ça sera aussi très différent. Mais ça m’a relancé dans le travail. Ça demande beaucoup plus mais c’est plus précis.

[Extrait 3 : élève s’exprimant sur les jeux en ateliers]

« ÉLÈVE 1 : Ben en ateliers c’est plus drôle, comme ça on fait plusieurs choses en même temps. »

[Fin de l’extrait]

Il y a des choses qui ne marchaient pas trop et que j’ai un peu laissées tomber. C'était la géométrie déjà du groupe, ça ne marchait pas à cinq-six, il y avait trop de monde, on n'y arrivait pas. À trois et à quatre, on est tous dans le coup, c’est-à-dire qu’on ne peut pas se reposer trop sur les autres. Et puis les choses n'étaient pas bien calibrées, c'était trop long, trop court. Il y a ça aussi : il faut arriver à doser parce que là, en l'occurrence, j'ai deux ateliers… J'attends qu’ils aient vraiment terminé.

[Extrait 4 : Olivier Pépin s’adresse à ses élèves]

« OLIVIER PÉPIN : S’il vous plaît, on tourne, on tourne maintenant. »

[Fin de l’extrait]

Il y a huit petits îlots puisque j’ai 29 élèves dans la classe, donc huit petits îlots. Et on fait la rotation complète en une journée et demie. Il y a un peu des aléas, il y a des groupes parfois où il faut aller voir, pour dire un petit peu la règle, le démarrage. Au Kaléidos, il y a eu un petit peu de tensions à un moment donné. Peut-être que certains avaient un peu plus envie de gagner [alors que] d’autres étaient plus dans le jeu.

[Extrait 5 : dialogue entre élèves]

« DES ÉLÈVES : Les moustiques. Mais il n’y a pas de moustiques. Bah oui, c’est vrai. Où ça ? Ah si, sur le cochon. Non, ça, c’est une libellule. Oui c’est vrai. Non, c’est pas une libellule. Si, c’est une libellule. »

[Fin de l’extrait]

L'atelier, en général, permet de se mettre d'accord. On doit trouver un consensus ou au moins un accord. Et parfois ce n'est pas facile. S'il y a un élève sur les quatre qui ne démord pas sur quelque chose, il va falloir trouver une espèce de compromis. Ils sont tout le temps en train de… Il y a une négociation, il y a une discussion. Après, attention, il ne faut pas tout confondre. J’ai entendu : « Une négociation sur l'orthographe par exemple, on négocierait ». Non, on ne négocie pas du tout. C’est qu’à un moment donné, on va voir dans le dictionnaire et on sait [qui a raison], c’est : « Je pense que ça s'écrit comme ça mais allons voir. » Et les outils sont toujours là, à disposition. Encore faut-il aussi bien savoir utiliser les outils. Mais ça fait aussi partie des ateliers méthodologie : « Comment je me sers du dictionnaire ? » J'utilise beaucoup le Diclé chez Retz, qui est le dictionnaire indispensable pour moi. Mais, globalement, ça a été une réponse au grand nombre. Parce que la classe frontale au grand nombre… [Il y a] des élèves qui disparaissent purement et simplement. Et à la fin de la journée : « Ah mince, zut, il y avait ça et ça… » Alors on peut aller d’un endroit à l’autre mais en réalité il y a des enfants [il] faut être… En petits groupes, il y a des groupes que je suis un peu plus que les autres et qui ont besoin d’un petit peu plus de choses. Et le jeu est un support que je trouve original et enrichissant. Mais il y a des exercices systématiques. Il y a la tablette qui offre, avec Orthophore, une possibilité très intéressante.

[Extrait 4 : témoignage d’une élève]

« L’ÉLÈVE : En fait, on adore entendre les mots et ensuite écrire sur… comme ça. Et après en plus, à la fin, on peut faire les petits jeux comme ce jeu pédago. »

[Fin de l’extrait]

Quand je suis arrivé ici, j'ai souvent entendu – pas forcément des collègues mais à droite à gauche : « Mais on a autre chose à faire que de jouer, etc. » Mais, en réalité, les collègues de maternelle utilisent le jeu depuis très longtemps.

Ce qui est bien, c'est que la nouvelle génération de collègues qui viennent ici est plus des joueurs. Il y a ça aussi… La France, aujourd'hui, est le premier marché européen de jeux de société. Ça n'a pas été le cas pendant des années. Quand j'étais plus jeune, le jeu c'était en Allemagne. En Allemagne, encore aujourd'hui, une famille achète en général vingt jeux par an. En France, l’achat des jeux de société, c'est deux ou trois jeux par an.

J'ai de très bons retours des parents en général, c'est vrai. Beaucoup de parents sont venus parfois mener des ateliers dirigés en classe en ma compagnie. Donc on est deux sur la classe à ce moment-là. C'est très sympa. Quand je le présente en début d'année à la réunion de parents, en expliquant les avantages et aussi les écueils – parce qu’il y en a aussi pour certains enfants qui ont des difficultés d'autonomie – j'ai de très bons retours depuis que je suis passé à ça, depuis longtemps.

Je vais travailler en Louisiane l'année prochaine au lycée français. Et quand ils m'ont entendu parler du travail en atelier – puisqu'on doit parler français pendant la journée, ce sont des écoles d'immersion – ils m’ont dit : « Mais c'est intéressant. » « Eh bien oui, en classe entière il y aura moins de pratique du français par les élèves alors que là, en ateliers, vous êtes obligés de trouver une solution en français. » Non, je n'abandonnerai pas le jeu, je travaille comme ça tout le temps !