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Et si un conflit géopolitique devenait un jeu de société ? ‘2045’ transforme les tensions Chine-Taiwan en expérience ludique.
Article écrit par Loïc. Breton d’origine et exilé depuis peu en Suisse (pour son chocolat, surtout), Loïc vit et respire jeux de société. Il est toujours prêt à sortir cartes et plateaux pour s’amuser et partager sa passion débordante. Joueur dans l’âme, sa devise est « Une petite partie, entre deux arrêts de bus ? ».
En bref :
- Un jeu de société taiwanais simule une invasion chinoise fictive en 2045
- Le succès du crowdfunding (4M NT$) reflète l’intérêt du public pour cette approche innovante
- Le jeu devient un outil de dialogue sur l’identité nationale et la géopolitique
2045
Oubliez les disputes pour un Monopoly mal négocié, à Taïwan, un jeu de société simule une invasion chinoise et déchaîne les passions.
Imaginez un peu : transformer un enjeu géopolitique majeur en un simple jeu de société… C’est le pari un peu fou, et sacrément audacieux, que s’est lancé l’éditeur taïwanais Mizo Games avec « 2045 ». Ce jeu transforme les tensions actuelles entre Taïwan et la Chine en une expérience ludique, mais aussi profondément réflexive.
2045 : Quand la peur devient un jeu
Imaginez un compte à rebours angoissant de dix jours avant l’invasion. À chaque tour, des choix cornéliens s’imposent : déployer ses troupes, faire confiance à un allié… ou pas ! Les cartes aux couleurs vives que vous tenez entre vos mains peuvent sceller votre victoire, comme votre défaite. C’est le genre de jeu qui met vos amitiés à rude épreuve et qui lance des débats animés qui durent bien après la fin de la partie.
Ce jeu de rôle dynamique n’est pas qu’une affaire de stratégie et d’anticipation, c’est aussi une fenêtre ouverte sur les conséquences potentielles d’un tel conflit. Une vraie leçon en accéléré, en somme.
Plus qu’un jeu, un miroir de la société
« 2045 » touche une corde sensible chez beaucoup de Taïwanais. Dans un pays où la peur de l’invasion était autrefois un sujet qu’on n’osait pas aborder, le jeu a libéré la parole. Les jeunes s’y intéressent non seulement pour le fun, mais aussi pour se confronter à des questions d’identité et de survie qui, ici, prennent une dimension particulièrement réelle sur l’archipel.
Au-delà du simple divertissement, « 2045 » permet d’ouvrir une discussion sérieuse sur la souveraineté et l’identité de Taïwan. Le jeu a fait un carton, non seulement pour son côté ludique, mais aussi pour sa capacité à sensibiliser les joueurs et joueuses aux enjeux géopolitiques qui entourent le pays. Il reflète l’intérêt grandissant des Taïwanais pour la compréhension des menaces que fait peser la Chine, surtout après les récents exercices militaires et les tensions diplomatiques. Le succès de la campagne de financement participatif, qui a permis de lever plus de 4 millions de dollars taïwanais, montre bien à quel point le public se sent concerné par ces questions.
Décortiquons le jeu
Les joueureuses se retrouvent plongés dans une simulation de dix jours avant une invasion imaginaire. Ils doivent élaborer leur stratégie en fonction de leur rôle. Les mécaniques du jeu imitent les complexités de la réalité : chaque décision peut mener à des issues différentes, de la défense de l’indépendance de Taïwan à l’acceptation de l’annexion par la Chine. Gestion des ressources, espionnage, guerre psychologique… Tout y est ! L’attribution des rôles assure que l’issue n’est jamais écrite d’avance, ce qui permet aux discussions sur la stratégie, l’éthique et l’identité nationale d’émerger naturellement au fil du jeu.
« Nous voulions créer plus qu’un simple divertissement », explique Mizo Games. Et c’est réussi ! Le jeu a tapé dans l’œil des législateurs et des stratèges militaires, ouvrant des débats sur l’avenir de Taïwan. Les réseaux sociaux se sont enflammés, avec des publications sur « 2045 » devenues virales, les joueurs partageant leurs stratégies et leurs anecdotes.
Un impact qui dépasse le plateau de jeu
« 2045 » n’est pas qu’un simple jeu, c’est un véritable objet culturel. Le fait que Taïwan n’évite plus le sujet de l’invasion, mais en parle ouvertement, et le simule même à travers un jeu comme celui-ci, marque un tournant dans le discours public. C’est une manière pour la jeune génération de se confronter à la position géopolitique précaire de Taïwan dans un cadre maîtrisé et propice à la réflexion.
Le jeu a également attiré l’attention des législateurs, des médias et des décideurs politiques, leur offrant une plateforme pour explorer des scénarios auxquels ils pourraient être confrontés dans la réalité.
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Entre succès et controverses
Depuis son annonce, « 2045 » a fait couler beaucoup d’encre sur les réseaux sociaux et dans les communautés de joueurs, ce qui souligne son approche différente de sujets sensibles.
Certains craignent que le jeu ne banalise une menace bien réelle. Mais pour beaucoup de joueurs et de joueuses, chaque partie permet de prendre conscience de la complexité de la situation de Taïwan. Alors que « 2045 » s’apprête à débarquer dans les boutiques taïwanaises dans quelques jours en janvier 2025, il prouve qu’affronter ses peurs peut parfois passer par le jeu.
« 2045 » nous montre qu’un plateau de jeu peut parfois en dire bien plus long sur une société que de longs discours politiques !
Selon vous, un jeu de société peut-il être un outil efficace pour sensibiliser aux enjeux géopolitiques ?- Oui, absolument !
- Peut-être, sous certaines conditions.
- Non, c'est un sujet trop sérieux pour être un jeu.
- Je ne suis pas sûr(e).
Sources
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L’article 2045 : Taïwan met son avenir en jeu est apparu en premier sur Gus & Co.
