Avec Rolling Hills & Rivers, Cascadia se réinvente en roll and write. Deux boîtes, entre innovation et déception.
Article écrit par Clément. Adepte des jeux rapides, son pire ennemi est le paralyseur. Spécialiste des jeux de plis, des casse-têtes et des ours. Il a deux chats, trop de plantes et une mémoire défaillante. Devise : « Faut que ça poppe ! »
Cascadia : Rolling Hills / Rivers
Avertissement : Dans un souci de transparence envers notre communauté, nous tenons à préciser que cet article reflète notre opinion personnelle sur les deux jeux. Nous n’avons reçu aucune contrepartie de la part de l’éditeur des jeux. Nous avons acquis et testé les deux jeux de façon indépendante, sans lien commercial avec son éditeur. Les avis présentés ici représentent notre analyse honnête et impartiale des jeux, basée sur notre propre expérience.
En bref :
- Une adaptation roll’n’write du hit Cascadia qui abandonne le placement au profit de la gestion de ressources
- Deux versions distinctes (Hills et Rivers) aux différences minimales
- Un jeu qui peine à convaincre malgré des mécaniques solides, souffrant d’un manque d’interaction et de lien avec l’original
Transformer un jeu de placement en roll and write : pari audacieux ou erreur stratégique ?
Cascadia a été un succès ludique de 2021. Nous vous en avons parlé à plusieurs reprises, lors de sa sortie, pour les jeux de Noël 2022, lors de l’annonce des nominés du Spiel des Jahres, et encore récemment, pour la version jeu vidéo. On peut dire que nous avons aimé le jeu, et même qu’il fait partie de nos coups de cœur. Contrairement à d’autres succès récents, Cascadia n’avait pas, jusqu’ici, fait l’objet d’adaptations, hormis une extension sortie en 2023.
Mais c’est désormais du passé, puisque Randy Flynn, le créateur de Cascadia, nous propose une version roll’n’write, ou plutôt deux versions roll’n’write du jeu, avec Cascadia : Rolling Hills et Cascadia : Rolling Rivers. Attention toutefois, les fans de Cascadia risquent de ne pas y trouver leur compte, l’adaptation étant ici davantage une transposition du thème vers un nouveau mécanisme qu’une modification du mécanisme intrinsèque en conservant les principes de base.
Dans Cascadia : Rolling Rivers et Cascadia : Rolling Hills, les joueurs et joueuses vont tenter de remplir des contrats qui leur permettront de cocher des cases sur un environnement, et ainsi de remporter des points en fonction des conditions de score dudit environnement.
Cascadia. Tuiles sublimes
Le jeu
Le jeu est constitué de 30 cartes de contrats, appelées cartes habitats, de 12 cartes modificatrices, de 4 dés communs et de 8 dés personnels (2 par joueur ou joueuse, de 2 types différents), des feuilles de décompte des animaux et des feuilles environnements.
Au début de la partie, 4 cartes modificatrices sont tirées au hasard et placées au centre de la table sur 4 colonnes. Chaque carte modificatrice soit modifie le prix de la carte habitat de la colonne, soit offre un bonus au joueur ou à la joueuse qui remplit le contrat associé à la carte habitat de la colonne. Les cartes modificatrices posées au début de la partie resteront fixes.
Au premier tour, la première carte habitat est retournée et placée dans la première colonne. Les cartes habitats comportent un type (montagne, forêt, prairie, marais ou rivière), un contrat (en nombre d’animaux de chaque type – ours, élan, renard, aigle et saumon), une valeur et éventuellement un bonus (en animaux ou en jeton nature).
Au début de chaque tour, un joueur ou une joueuse lance les 4 dés communs. Les dés communs présentent des faces animaux (avec un ou deux animaux) et des faces bonus de différents types (joker remplaçant n’importe quel animal, réduction du coût des actions nature, ajout d’un animal, utilisation double d’un dé animal). Chaque joueur ou joueuse lance également ses deux dés personnels, qui ne comportent que des faces animaux (simple ou double). Une fois tous les dés lancés, chaque joueur ou joueuse peut sélectionner un type d’animal présent sur un dé commun ou personnel, et obtenir autant d’animaux de ce type que le nombre total de faces présentant ce type d’animal, ainsi qu’utiliser les faces spéciales des dés communs s’il ou elle le souhaite. Il est également possible de dépenser des jetons nature pour acheter des actions (transformer tous les animaux d’un type en celui du dessus ou du dessous, sélectionner deux types d’animaux au lieu d’un seul).
Une fois les animaux collectés, les joueurs et joueuses tentent de remplir les contrats des cartes habitats visibles, en tenant compte des cartes modificatrices éventuelles. Si un joueur ou une joueuse peut remplir le contrat, il ou elle dépense le nombre d’animaux requis, marque le score correspondant sur sa feuille environnement et récupère les bonus associés, le cas échéant. La carte habitat reste sur la table et peut être utilisée par plusieurs joueurs et joueuses lors d’un même tour.
Une fois que tous les joueurs et joueuses ont effectué la phase de contrat, toutes les cartes habitats sont déplacées d’une colonne vers la droite, la colonne la plus à gauche est complétée avec une nouvelle carte habitat, et la carte sortant des 4 colonnes est retirée de la table. Il est ainsi possible de remplir plusieurs fois le même contrat au cours de la partie (mais avec des cartes modificatrices différentes).
Fin de partie
La partie s’achève lorsque la pile de cartes habitats est épuisée et qu’il n’est plus possible de remplir la première colonne. On procède alors au décompte des points selon la carte environnement choisie.
Le matériel
Si on ne retrouve pas la mécanique de Cascadia dans ces nouveaux jeux, l’identité graphique est bien présente. Les joueurs et joueuses habitués ne seront pas désorientés, et les nouveaux pourront à leur tour découvrir les animaux et habitats du nord-ouest du continent américain.
Les jeux sont fournis avec des cartes plastifiées, des feuilles papier pour l’écriture et des dés en bois. L’absence de crayons n’est pas considérée comme un défaut. En revanche, les feuilles de marquage animaux peuvent s’avérer limitées si un joueur ou une joueuse se concentre sur un type d’animal ou manipule beaucoup de jetons nature.
Le livret de règles est compact mais comporte quelques coquilles, ce qui nuit à la première impression. Les règles et explications manquent parfois de clarté, particulièrement dans la section des scénarios en fin de livret. On regrettera également l’absence de feuille de score pour ce mode, avec la suggestion peu pratique de noter la progression directement dans le livret de règles sur papier glacé.
Cascasdia Rolling Hills & Rivers, verdict
Cascadia : Rolling n’est pas un jeu de placement comme son héritage pourrait le suggérer. C’est un jeu de gestion de ressources et d’achat, où les ressources sont les animaux et les achats sont les habitats. Cette approche s’éloigne nettement du thème, et il est difficile de percevoir les liens entre les ressources nécessaires pour acquérir un habitat et cet habitat lui-même, hormis le fait que plus il rapporte de points, plus il est « coûteux », tous les animaux n’ayant pas la même probabilité d’apparition sur les dés. Le hasard occupe donc une place prépondérante, peut-être encore accentuée par la présence des dés personnels qui influencent différemment chaque joueur. Chacun dispose ainsi d’un tirage semi-personnel et aura davantage tendance à faire des choix différents que si le tirage n’était que commun. Ce mécanisme astucieux modifie l’équilibre habituel des roll’n’write.
Si le jeu innove par ce mécanisme, il fait aussi appel à des principes classiques, notamment les combos. Au fil du remplissage de la feuille environnement, les joueurs et joueuses peuvent déclencher des bonus qui leur permettent de gagner des points supplémentaires, de cocher de nouvelles cases et ainsi d’enchaîner des combos. La maîtrise de ces enchaînements peut s’avérer décisive en fin de partie, constituant un élément stratégique majeur.
La commercialisation en deux boîtes distinctes, si elle peut se comprendre du point de vue éditorial (multiplication des ventes), présente peu d’intérêt ludique. Les jeux se distinguent par un dé différent et des cartes modificatrices et feuilles environnements distinctes, mais aucune version ne semble supérieure à l’autre, ni suffisamment différente. La possibilité de mélanger les deux implique l’achat des deux boîtes, et les scénarios proposés en fin de livret nécessitent les deux boîtes à partir du 13e (sur 20). La boîte orange propose en supplément une extension sous forme de cartes additionnelles.
Le jeu manque de chaleur : l’interaction entre joueurs et joueuses est limitée, comme souvent dans les roll’n’write, avec en plus l’absence de points « prenables » et la possibilité pour tous les participants d’utiliser les mêmes cartes. Pas de bonus au premier joueur (sauf dans l’extension de la boîte orange). Ce manque d’interaction, combiné à un mécanisme peu innovant et une déconnexion entre le thème et la mécanique, rend le jeu rapidement répétitif après la phase de découverte. L’intérêt s’émousse dès la seconde partie, et nous avons ressenti un véritable soulagement à voir la fin de partie arriver, ce qui est rare…
On a aimé :
- Le matériel de qualité qui sent bon le bois des dés
- Les combos satisfaisants quand ils se déclenchent
- La possibilité de jouer à son rythme
On a moins aimé :
- L’absence de lien avec l’original (on aurait dit un cousin éloigné…)
- Le découpage en deux boîtes (notre portefeuille pleure)
- Le manque d’interaction (on pourrait presque jouer seul dans son coin)
C’est plutôt pour vous si…
- Vous collectionnez tous les roll’n’write de la terre
- Vous aimez les jeux en solo déguisés
- Vous avez une passion pour les dés en bois
Ce n’est plutôt pas pour vous si…
- Vous cherchez l’esprit de Cascadia
- Vous détestez les jeux multi-boîtes
- Vous préférez interagir avec vos amis plutôt qu’avec votre feuille
À noter que la VF de ces deux boîtes est en approche en janvier.
Cascadia : Rolling Hills / Rivers, un roll’n’write qui tente de capitaliser sur une franchise à succès en plaquant le thème, pour un résultat décevant. Comme quoi, même dans les plus beaux paysages de Cascadia, tous les chemins ne mènent pas au succès !
Bof bof.
Note : 2 sur 5. Cascadia: Rolling Rivers chez Philibert Cascadia: Rolling Hills chez Play-in- Date de sortie : Octobre 2024
- Langue : Anglaise. La VF débarque en janvier
- Assemblé en : Chine
- ITHEM : 2 sur 5. Pour en savoir plus sur l’ITHEM dans les jeux de société, c’est ici.
- IGUS : 2 sur 5. Pour en savoir plus sur l’IGUS dans les jeux de société, c’est ici.
- EcoScore : C. Si vous voulez en savoir plus sur l’EcoScore dans les jeux de société, c’est ici
- Label Dé Vert : Non. Pour en savoir plus sur le label Dé Vert, c’est ici.
- Création : Randy Flynn
- Illustrations : Beth Sobel
- Édition : Flatout games pour la VO, Lucky Duck pour la VF
- Nombre de joueurs et joueuses : 1 à 4
- Âge conseillé : Dès 10 ans
- Durée : 15-30 minutes (60 ressenties)
- Thème : Nature sauvage
- Mécaniques principales : Roll and write. Pour en savoir plus sur les différentes mécaniques de jeux, c’est ici.
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L’article Cascadia Rolling Hills & Rivers : Le petit dé dans la prairie est apparu en premier sur Gus & Co.