Surprise chez CMON : l’auteur d’Ethnos découvre la nouvelle édition de son jeu… sur Internet ! Entre pandas et polémique.
Article écrit par Loïc. Breton d’origine et exilé depuis peu en Suisse (pour son chocolat, surtout), Loïc vit et respire jeux de société. Il est toujours prêt à sortir cartes et plateaux pour s’amuser et partager sa passion débordante. Joueur dans l’âme, sa devise est « Une petite partie, entre deux arrêts de bus ? ».
Ethnos : un auteur dans l’ombre de sa création
En bref :
- Paolo Mori, créateur d’Ethnos, découvre sur Internet que CMON sortira une nouvelle version de son jeu en 2025.
- Une situation d’autant plus surprenante qu’Archeos Society, autre réédition d’Ethnos, est sortie en 2023 avec son accord.
- Face à cette première en 20 ans de carrière, l’auteur reste étonnamment positif, espérant une adaptation réussie malgré son absence totale de consultation.
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C’est sur BoardGameGeek que la nouvelle est tombée comme un coup de tonnerre : CMON prépare une nouvelle version d’Ethnos. Une annonce qui a surpris tout le monde… y compris son auteur.
Dans le monde des jeux de société, il arrive parfois des situations, comment dire… cocasses. Et celle-ci mérite vraiment qu’on s’y attarde : imaginez-vous apprendre par hasard qu’une nouvelle version de votre création va sortir… sans que personne ne vous en ait parlé ! C’est exactement ce qui vient d’arriver à Paolo Mori, l’auteur du jeu Ethnos.
L’auteur découvre son « cadeau » sur les réseaux
C’est sur BoardGameGeek, le saint Graal des ludophiles, que la nouvelle est tombée comme un coup de tonnerre : CMON prépare une seconde édition d’Ethnos pour le premier trimestre 2025. Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce petit bijou stratégique, il s’agit d’un jeu qui avait conquis les tables en 2017 avec son subtil mélange de contrôle de territoire et de collection de sets. Un cocktail qui avait su séduire malgré quelques critiques sur sa DA jugée un peu trop… générique.
Et c’est là que l’histoire prend un tournant pour le moins… surprenant ! Paolo Mori, auteur du jeu original, a appris l’existence de cette nouvelle version en même temps que tout le monde. « En vingt ans de création de jeux, c’est du jamais vu ! » s’est-il exclamé sur le forum. Une situation qui pose question sur les relations entre auteurs et éditeurs dans notre industrie bien-aimée.
Capture d’écran du forum de BGG sur le jeu EthnosCette situation soulève des questions importantes sur les relations entre auteurs et éditeurs dans l’industrie du jeu de société. Alors que le créateur savait qu’une version asiatique était en développement (mais sans nouvelles depuis longtemps), il n’a jamais été consulté sur cette édition occidentale. Plus étonnant encore : les modifications des règles, même mineures, ont été faites sans son avis.
« Je dois encore lire les changements de règles », a précisé l’auteur italien, qui reste néanmoins positif, se déclarant lui-même « grand fan » de son jeu. Une attitude professionnelle qui contraste avec la désinvolture apparente de CMON.
Du fantasy classic au bestiaire anthropomorphe
Mais parlons un peu de ce qui nous attend dans cette nouvelle mouture. Exit les illustrations du talentuex John Howe (oui, qui a travaillé sur Le Seigneur des Anneaux) ! La nouvelle version fait le pari audacieux de remplacer les ethnies fantastiques traditionnelles par… des animaux anthropomorphes. Imaginez des pandas, des lapins et des singes se disputant le contrôle d’une île. Un choix artistique qui divise déjà la communauté sur le forum. Ça chouine !
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Modernité et authenticité : un équilibre délicat
Si le plateau de jeu promet d’être plus moderne et plus qualitatif – répondant ainsi à l’une des principales critiques de la version originale – le virage « cartoon » pris par cette édition fait grincer quelques dents. Oui, mais. Les mécaniques qui ont fait le succès du jeu resteront globalement inchangées, contrairement à la version « Archeos Society » sortie l’année dernière. Un choix rassurant pour les puristes !
Grande nouveauté de cette édition : l’ajout d’un mode solo. Une adaptation aux nouvelles tendances du marché qui montre que CMON a su écouter… les joueurs et les joueuses. À défaut d’avoir consulté l’auteur ! Cette fonctionnalité pourrait bien être l’argument qui convaincra les indécis de (re)découvrir ce classique modernisé.
Ethnos, la V1 de 2017 Ethnos, la V2 de 2025La saga continue : d’Archeos Society à Ethnos 2.0
Ironiquement, cette annonce survient alors qu’Archeos Society, sorti en juin 2023 par Space Cowboys, proposait déjà une réinvention d’Ethnos. Exit les elfes et les orcs, place aux archéologues ! Cette version, qui conservait l’essence du jeu original tout en l’habillant d’un thème plus contemporain, a su séduire les joueurs avec ses illustrations signées John McCambridge et son matériel éco-responsable.
Archeos Society : Des cartes, des continents et des conquêtes
Là où Archeos Society nous invite à parcourir le monde à la recherche de reliques précieuses (certains diraient même à piller les civilisations anciennes…), la nouvelle édition d’Ethnos par CMON prend un virage plus… animalier. Un choix qui pourrait sembler surprenant, mais qui s’inscrit dans une tendance actuelle du marché ludique.
La coexistence prochaine de ces deux « héritiers » d’Ethnos pose d’ailleurs une question intéressante : comment deux éditeurs peuvent-ils proposer des versions si différentes du même jeu ? La réponse se trouve probablement dans les subtilités des contrats de licence, mais pour nous, joueurs, joueuses, c’est surtout l’occasion d’avoir le choix entre plusieurs saveurs d’un classique moderne.
Mariage réussi entre stratégie et fantaisie asiatique
La nouvelle mouture d’Ethnos nous plonge dans un univers asiatique enchanteur, peuplé de créatures anthropomorphes au design épuré. Les douze clans – dont les Pandas Rouges Sages, les Ratons Laveurs Marchands et les Cerfs Chevaliers du Vent – se disputent le contrôle de six régions distinctes dans un ballet stratégique captivant.
Le cœur du jeu repose sur une mécanique aussi simple qu’addictive : à votre tour, vous devez soit piocher une carte, soit jouer une série de cartes (appelée « groupe ») de même clan ou de même couleur. Le leader de votre groupe détermine non seulement la région où vous pourrez placer un marqueur de contrôle, mais aussi le pouvoir spécial que vous pourrez utiliser. Un système qui s’avère particulièrement prenant lorsqu’on ajoute les cartes Chien (jokers universels) et les jetons Renard (briseurs d’égalité).
La tension monte au fil de la partie grâce aux trois cartes Dragon qui, une fois révélées, déclenchent la fin d’un Âge et le décompte des points. Un timing parfait qui maintient les joueurs et les joueuses en haleine jusqu’à la dernière carte ! La version solo et le mode recrutement (qui réduit la part de hasard) viennent compléter cette offre déjà généreuse.
Achèteriez-vous un jeu en sachant que son auteur n'a pas été consulté ?- Oui, seule la qualité du jeu compte
- Non, par principe éthique
- Ça dépend du jeu et de son prix
- Je n'y avais jamais réfléchi avant
L’avenir nous le dira
Alors que CMON a déjà créé une page produit officielle pour cette « Ethnos 2nd Edition », de nombreuses questions restent en suspens. Quid d’une version française ? Les amateurs francophones devront-ils patienter ? Et surtout, comment la communauté accueillera-t-elle cette nouvelle version développée sans l’input de son créateur original ?
Une chose est sûre : cette situation inhabituelle nous rappelle que le monde du jeu de société, malgré sa convivialité légendaire, n’échappe pas aux pratiques parfois déconcertantes de l’industrie du divertissement. Paolo Mori, lui, garde un esprit positif et espère que cette nouvelle version sera à la hauteur de l’original dont il se dit lui-même « grand fan ».
On ne peut que saluer cette élégance face à une situation pour le moins… insolite. Reste à voir si les pandas et les lapins sauront conquérir les cœurs aussi efficacement que leurs prédécesseurs fantastiques. Rendez-vous en 2025 pour le verdict final !
Cette situation n’est pas sans rappeler d’autres cas de rééditions, controversées, dans l’industrie ludique. La différence ici ? L’auteur n’a même pas été informé du projet. Si les droits d’exploitation appartiennent bien à l’éditeur, la courtoisie professionnelle voudrait qu’un minimum de communication soit maintenu avec l’auteur original.
Comme quoi, même dans le monde ludique, certaines parties se jouent parfois… sans tous les joueurs autour de la table.
Vous pouvez consulter les règles de ce Ethnos 2025 ici :
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L’article Ethnos 2.0 : Quand l’auteur découvre son jeu… sur Internet est apparu en premier sur Gus & Co.