🧠 Rejouer au même jeu ? C’est le secret pour peaufiner vos tactiques, booster votre assurance et savourer chaque nuance stratégique.


Article écrit par Amélie. Passionnée de jeux de société. A commencé à jouer à des jeux de société à l’âge de 1 année, environ, et n’a jamais cessé depuis. Kiffe les jeux de plateau, coopératifs, narratifs et d’autres qui finissent aussi en « tif ». Adore partager sa passion et aider les autres à découvrir les top et éviter les flop.

Amélie

Pourquoi rejouer à nos jeux fait sens

En bref :

  • Le fait de rejouer les mêmes jeux de société renforce la maîtrise, la confiance et le plaisir.
  • La répétition permet de découvrir des subtilités, des stratégies cachées et d’approfondir son expérience ludique.
  • Ce phénomène génère un bien-être, une familiarité rassurante et un lien social renforcé.


Au milieu de votre pile de boîtes, pourquoi revenir toujours au même jeu, comme un air obsédant dont vous ne vous lassez jamais ?

Je ne sais pas pour vous, mais est-ce que que vous vous sentez parfois comme un enfant qui réclame inlassablement le même épisode de dessin animé, encore et encore ? Dans le domaine des jeux de société, ce phénomène se produit aussi, et ce, même chez des joueurs et joueuses passionnées, aguerries, qui ont depuis longtemps dépassé l’âge de la récré.

Pourquoi rejouons-nous « Pandémie », « Terraforming Mars » ou « 7 Wonders » pour la énième fois, alors que tant d’autres boîtes de jeu nous attendent sur notre Kallax ? Pourquoi retournons-nous sans cesse aux mêmes mécaniques, aux mêmes stratégies, aux mêmes univers, comme si nous tentions encore de percer un mystère, de capturer une nuance fugitive, de ressentir une émotion familière et rassurante ? Ici et maintenant, nous allons plonger ensemble dans les profondeurs de cet étrange pouvoir qu’ont les jeux de société : cette capacité à nous faire revenir sur nos pas, à répéter les mêmes expériences ludiques, et à en tirer à chaque nouvelle partie un plaisir renouvelé.

À l’image de l’enfant qui réclame à cor et à cri la même histoire au coucher (j’en sais quelque chose, j’en ai deux à la maison), nous nous laissons volontiers happer par la ritournelle des parties maintes fois répétées. Mais n’y a-t-il pas là quelque chose d’encore plus subtil ? Une logique interne des jeux ? Une empreinte cognitive qui se renforce à force d’habitude ? Une forme de maîtrise, de confort mental, de bien-être finalement ?

Quand on sait que, chez l’enfant, la répétition a un rôle déterminant dans l’apprentissage du langage et la compréhension du monde, est-il si surprenant que, chez l’adulte, rejouer un même jeu puisse affiner la vision stratégique, renforcer la confiance en ses choix, et nourrir un sentiment de sécurité et de compétence ? Reprenons le fil : la pratique répétée, le sentiment de familiarité, l’exploration des mécaniques jusqu’à la moelle… Le jeu de société, loin d’être un simple passe-temps, peut-il offrir une expérience cognitive profonde, riche, et même thérapeutique ?

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Le pouvoir de la répétition

Lorsque vous ouvrez la boîte d’un jeu de société que vous connaissez déjà par cœur, vous ressentez sans doute ce petit frisson de confort, ce plaisir reconnaissable, comme si vous retrouviez un vieux complice. N’est-ce pas un sentiment proche de celui d’un enfant qui se réjouit de revoir son dessin animé préféré ?

Les enfants aiment répéter afin de décoder lentement, mais sûrement, les patterns, les régularités du monde qui les entoure. La mécanique est similaire chez le ou la joueuse passionnée : à force de répéter les mêmes parties, vous intégrez les règles sans effort, vous anticipez les mouvements adverses, vous décodez les « patterns » tactiques. Vous n’avez plus besoin de vous référer au livret de règles toutes les cinq minutes, ni de réfléchir péniblement à votre prochain coup. Votre cerveau, tel un fin stratège, sait déjà ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas, et comment optimiser vos chances de victoire.

Et là, vous vous demandez : mais n’est-ce pas ennuyeux de refaire sans cesse la même chose ? Eh bien, pas forcément. Tout comme l’enfant qui rit à l’avance en prévoyant la blague qu’il connaît déjà, le ou la joueuse chevronnée savoure à l’avance le prochain rebondissement, l’anticipation d’un combo meurtrier, l’élégance d’une mécanique centrale. Vous voyez, cette répétition n’est pas stérile : elle est un terreau fertile pour la consolidation de compétences, la fluidité du raisonnement, et l’appréciation plus fine de chaque nuance stratégique.

La maîtrise comme source de bien-être

Jouer aux jeux de société, c’est certes s’amuser, mais c’est aussi apprendre. Apprendre à gérer vos ressources, à négocier avec les autres, à déduire les intentions adverses, à évaluer les probabilités. Chacun de ces apprentissages se solidifie grâce à la répétition. Dans la vie, et dasn les jeux, il est question de « statistical learning », cette capacité cérébrale à détecter les régularités dans l’environnement. Dans un jeu, ces régularités peuvent être des répartitions de cartes, la fréquence d’apparition de certains événements, ou les comportements récurrents de vos partenaires de jeu. À force de répétition, vous intégrez ces informations, et vous devenez plus à l’aise, plus confiant, plus maître de la situation.

N’est-il pas grisant, fun, de sentir que vous progressez ? N’est-ce pas cette sensation, ce doux sentiment de compétence, qui vous pousse à revenir à vos classiques, à lancer une nouvelle partie de votre jeu fétiche, convaincu que cette fois, vous saurez mieux gérer la crise, mieux utiliser vos pouvoirs de personnage, mieux anticiper le tournant décisif de la partie ? Répétez, répétez, répétez… Et vous verrez comment votre intuition stratégique se peaufine, comment votre lecture du jeu s’affine, comment votre plaisir se décuple.

Entre répétition et innovation

De la même façon que l’enfant réécoute la même histoire jusqu’à en connaître chaque mot, chaque intonation, vous, le joueur, la joueuse, vous réexplorez le même jeu. Mais attention, il ne s’agit pas simplement de radoter ! Chaque partie est une nouvelle expérience. Les situations changent, les adversaires diffèrent, les cartes ne sortent pas dans le même ordre. Même dans un jeu parfaitement symétrique, le hasard apporte toujours une petite touche de surprise, de nouveauté. Cette alliance subtile entre la familiarité (les règles, le cadre, les mécaniques) et l’inattendu (le tirage aléatoire, les décisions adverses) crée un terrain de jeu cognitif idéal. Répéter n’est pas figer. Répéter, c’est approfondir, c’est s’aventurer encore plus loin dans les possibilités d’un système ludique.

Vous rappelez-vous vos premières parties d’un jeu complexe comme « Terraforming Mars » ? Probablement étiez-vous un peu perdu, comparant sans cesse les cartes, hésitant à sacrifier quelques plantes pour gagner en oxygène. Après dix parties, vous êtes plus serein, plus confiant. Vous repérez des synergies rapidement, vous identifiez des stratégies viables, vous osez des chemins moins évidents. Rejouer, c’est gagner en hauteur de vue, en maturité ludique, un peu comme l’enfant qui, à force de revoir son dessin animé, comprend mieux l’intrigue, les blagues, les émotions des personnages.

La sécurité du rituel

Il y a également un autre aspect dans le fait de rejouer à une jeu, le « well-being effect », cet effet de bien-être procuré par la familiarité et la prévisibilité. Chez l’enfant, l’exemple est limpide : voir le même épisode de « Bluey » encore et encore diminue l’incertitude, rassure, crée un sentiment de contrôle sur un monde dont il ne comprend pas encore toutes les complexités. Chez l’adulte, plongé dans l’univers des jeux de société, la logique n’est pas radicalement différente. Les soirées ludiques sont parfois des rituels : vous retrouvez votre groupe de joueurs, vous sortez votre jeu préféré, vous discutez des mêmes stratégies, vous échangez les mêmes plaisanteries. Cette routine, loin de l’ennuyer, crée un cadre rassurant, un cocon social confortable dans lequel vous pouvez déployer pleinement vos capacités intellectuelles, sans stress superflu.

Le monde extérieur est incertain, parfois chaotique. Les jeux, eux, offrent un écosystème plus stable, avec des règles claires, des objectifs précis, et des probabilités mathématiquement mesurables. Revenir aux mêmes jeux, c’est jouir d’une bulle de sécurité, d’une petite île de prévisibilité, tout en s’offrant la possibilité de maîtriser progressivement chaque détail des mécaniques internes. Savoir que, dans ce monde ludique, vous avez déjà une longueur d’avance sur les imprévus, n’est-ce pas une source de plaisir et de confort ?

Creuser la profondeur stratégique

Plus qu’un simple plaisir, la répétition est une clé pour approfondir la dimension stratégique. Les jeux de société modernes sont truffés de couches de complexité : combos à gogo (coucou Château Combo), mécaniques imbriquées, multiples chemins vers la victoire. Comprendre pleinement un jeu exige souvent plusieurs parties. C’est d’ailleurs un conseil que les experts donnent souvent aux nouveaux venus : ne jugez pas un jeu à sa première partie. Laissez-lui une seconde chance, une troisième, car vous pourriez découvrir un visage caché, une strate tactique insoupçonnée.

Imaginez un jeu de placement d’ouvriers. Lors de votre première partie, vous tentez simplement de comprendre quels emplacements sont rentables, quelles ressources sont rares. À la cinquième partie, vous savez exactement quel emplacement viser en début de partie, comment déstabiliser vos adversaires, quand accumuler certaines ressources pour en tirer un bénéfice maximal. Au fur et à mesure, le jeu cesse d’être un simple puzzle et devient un champ d’expérimentation, un terrain d’expression de votre « style » personnel. Vous intégrez les règles, vous connaissez le tempo, vous pouvez maintenant vous concentrer sur la finesse de l’exécution.

Un dialogue avec soi-même

Rejouer le même jeu, c’est aussi entretenir une conversation ludique avec vous-même. À chaque nouvelle partie, vous confrontez votre expérience antérieure à la situation présente. Vous tentez de reproduire des stratégies qui ont marché hier, d’éviter celles qui se sont soldées par un fiasco. Vous testez, vous affinez, vous corrigez.

Cette boucle d’amélioration continue est un moteur formidable pour votre satisfaction personnelle. Répétez-vous parfois : « Cette fois, je ne me ferai pas avoir ! » ou « Cette stratégie, je l’ai déjà testée, voyons si je peux l’améliorer… » ? N’est-ce pas l’un des grands plaisirs du jeu que de négocier sans cesse avec soi-même, de tisser une relation durable avec le système ludique et ses propres réactions à ce système (question rhétorique bien sûr).

L’analogie avec le sportif et l’artiste

Un musicien répète ses gammes, un peintre refait plusieurs esquisses, un sportif s’entraîne jusqu’à ce que le geste soit parfait. Pourquoi le ou la joueuse de société ne bénéficierait-il pas aussi de la répétition pour sublimer son art ? Car, oui, jouer peut devenir un art, un artisanat de la pensée. Loin de la simple occupation du dimanche, le jeu régulier et répété permet de développer une aisance, une élégance, une intelligence du plateau. Vous ne faites pas que suivre les règles, vous dansez avec elles, vous composez une stratégie en fonction du rythme des autres joueurs, de l’aléatoire, des contraintes imposées par la mécanique.

Un joueur ou une joueuse aguerrie, après plusieurs dizaines de parties, sait improviser, réagir, anticiper. Sa connaissance du jeu est plus profonde, plus intuitive. Le même phénomène se produit chez l’enfant qui, après avoir vu dix fois le même film, anticipe les répliques, ri à l’avance, et comprend mieux le caractère des personnages. Nous faisons de même avec nos jeux préférés, jusqu’à atteindre une certaine forme d’harmonie stratégique.

La communauté comme vecteur de répétition

Ne négligeons pas l’influence du groupe. À moins de jouer à des jeux de société en solo, ce qui est également possible, les soirées ludiques sont souvent partagées, et la répétition prend alors une dimension sociale.

Vos partenaires de jeu, tout comme vous, s’habituent, perfectionnent leurs stratégies, se souviennent de vos tours passés, et s’engagent dans une véritable conversation ludique à long terme. Répéter un jeu, c’est aussi donner à votre groupe la possibilité d’évoluer ensemble. Ce sont parfois des petits rituels : « Chaque vendredi soir, on sort ce bon vieux jeu de deck-building. » Vous avez tous vos rôles, vos habitudes. Cette dynamique crée un lien social fort, un sentiment de communauté. C’est un peu comme une danse collective où chacun apprend les pas des autres, s’adapte, s’améliore, et finit par former une chorégraphie complexe et parfaitement synchronisée. Oui OK je me sens d’humeur lyrique aujourd’hui.

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La surprise dans la redite

Paradoxalement, la répétition n’exclut pas la surprise. Au contraire, en maîtrisant les bases, vous êtes plus réceptif aux variations. Un coup imprévu d’un adversaire vous surprendra d’autant plus que vous aviez intégré une routine. Cette tension entre le connu et l’inconnu, entre le familier et le surprenant, est la clé de l’engagement.

Vous ne vous lassez pas parce que le contexte change à chaque partie. L’enfant rit de la blague, bien qu’il la connaisse, parce qu’il savoure l’anticipation. Vous, vous souriez face à la configuration improbable de cartes qui balaie vos certitudes. Le sentiment de sécurité procuré par la répétition ne rend pas le jeu ennuyeux, il crée au contraire le sol stable sur lequel la surprise peut danser.

La progression comme fil conducteur

Certaines formes de jeux de société ont d’ailleurs choisi d’exploiter pleinement la répétition. Pensez aux jeux « Legacy », où chaque partie modifie le matériel et l’univers pour la prochaine. On vous encourage à jouer, rejouer, re-rejouer, en évoluant dans un monde qui ne cesse de se transformer, mais dont les règles et la base restent suffisamment familières.

C’est un parfait exemple de l’alliance entre l’apprentissage par la répétition et le plaisir de la nouveauté. Vous revenez toujours au même jeu, mais il n’est plus exactement le même. Vous avez un fil conducteur, une histoire partagée, des acquis stratégiques construits partie après partie, qui vous donnent un sentiment de progression, d’accomplissement, de continuité.

La répétition, un investissement profitable

Il y a aussi un aspect très pratique : maîtriser un jeu signifie y jouer plus efficacement et plus rapidement. Les premières parties d’un jeu complexe peuvent être laborieuses, vous devez consulter sans cesse le livret de règles, prendre votre temps pour comprendre les picto, les symbologies.

À la dixième partie, tout cela est fluide. Le rythme des tours s’accélère, vous êtes plus concentré sur les décisions stratégiques que sur les règles. La répétition est un investissement en temps, qui finit par payer en plaisir et en fluidité. Votre cerveau est un formidable moteur d’optimisation, et la répétition est son carburant.

Stimuler la confiance en soi et la créativité

Être à l’aise avec un jeu ne se limite pas à la performance stratégique. C’est aussi un boost de confiance en soi. Vous ne craignez plus de faire des erreurs… « grossières » (oui je mets des guillemets), vous pouvez prendre des risques calculés, explorer de nouvelles voies. Paradoxalement, la répétition peut stimuler la créativité, car vous n’êtes plus dans l’insécurité de la découverte.

Vous savez que vous pouvez tenter cette stratégie non orthodoxe, juste pour voir ce qu’elle donne. Vous osez le coup d’éclat, vous expérimentez. C’est la répétition qui vous a donné cette liberté. Elle vous a permis d’atteindre un niveau de confort suffisant pour élargir votre palette de choix et d’oser l’originalité.

La valeur du temps et de l’engagement

En rejouant un même jeu, vous affirmez aussi sa valeur. Dans une époque où tout va vite, où la nouveauté est incessante, où l’offre ludique est pléthorique, choisir de rejouer, c’est dire « ce jeu en vaut la peine ». C’est un acte de résistance à la consommation effrénée.

Au lieu de vous disperser, vous approfondissez. Vous construisez une relation durable avec le matériel, avec les mécanismes, avec les personnes avec qui vous jouez. Le jeu n’est plus un produit jetable, mais un compagnon de route. La répétition lui confère une aura, une profondeur culturelle, un sens.

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Conclusion : Rejouer, un équilibre entre la redite et la découverte

Bien sûr, il ne s’agit pas de ne jouer qu’au même jeu indéfiniment. L’être humain est curieux par nature, et les passionnés de jeux de société adorent explorer de nouveaux horizons ludiques. Mais alterner entre découverte et répétition peut être la clé d’une pratique équilibrée. L’essentiel est de comprendre que rejouer n’est pas une perte de temps, mais une façon de creuser la valeur d’un jeu, de développer vos compétences, d’éprouver ce sentiment de familiarité rassurante, et de consolider des liens sociaux. La répétition peut cohabiter harmonieusement avec la curiosité, comme deux faces d’une même pièce.

Vous l’aurez constaté : la répétition n’est pas un simple rabâchage monotone. Elle est un outil d’apprentissage, un levier de plaisir, une source de confort, un tremplin vers la maîtrise, un lien social, un révélateur de détails insoupçonnés. Tout comme l’enfant qui consolide sa compréhension du monde à force de revoir le même dessin animé, le ou la joueuse passionnée, en rejouant à ses jeux préférés, affine ses stratégies, renforce ses compétences ludiques et goûte plus intensément aux subtilités du jeu.

Franchement, la prochaine fois que vous reprendrez en main ce bon vieux jeu de placement d’ouvriers auquel vous avez déjà joué dix, vingt, voire cinquante fois, rappelez-vous : vous n’êtes pas simplement en train de faire la même chose. Vous êtes en pleine exploration, vous répétez comme un musicien répète ses gammes, comme un enfant revoit son histoire préférée, comme un chercheur explore à nouveau un ensemble de données pour y dénicher un pattern oublié.

Vous êtes, ici et maintenant, dans une expérience à la fois familière et toujours renouvelée. Et si, au fond, c’était cette oscillation entre confort et découverte, entre maîtrise et surprise, qui faisait toute la magie des jeux de société ? Prêt à remettre le couvert ? Allez, une petite partie de plus, pour la route !

Rejouer à des jeux - visuel

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