🏛 Des dés, des pyramides et 38 divinités égyptiennes : notre analyse complète de Pyramidice, un jeu qui vous transforme en architecte.


Clément

Article écrit par Clément. Adepte des jeux rapides, son pire ennemi est le paralyseur. Spécialiste des jeux de plis, des casse-têtes et des ours. Il a deux chats, trop de plantes et une mémoire défaillante. Devise : « Faut que ça poppe ! »

Pyramidice

Pyramidice

⚠ Avertissement : Dans un souci de transparence envers notre communauté, nous tenons à préciser que cet article reflète notre opinion personnelle sur le jeu. Nous n’avons reçu aucune contrepartie de la part de l’éditeur du jeu. Nous avons acquis et testé le jeu de façon indépendante, sans lien commercial avec son éditeur. Les avis présentés ici représentent notre analyse honnête et impartiale du jeu, basée sur notre propre expérience.


En bref :

  • Un jeu de construction à base de dés qui combine gestion de ressources et mythologie égyptienne, avec un système de cartes divinités original.
  • Des illustrations soignées et un matériel de qualité, mais des règles parfois confuses dans leur formulation.
  • Une mécanique fluide et bien pensée qui manque malheureusement de rebondissements, aboutissant à une expérience de jeu un peu plate.

Pour écouter cet article :

Trente-huit divinités égyptiennes vous observent, pendant que vous empilez vos dés avec précision. Un faux mouvement, et votre stratégie s’écroule comme un sphinx de sable…

L’Égypte antique, Cléopâtre, les pharaons, les pyramides et le sphinx constituent tout un univers qui n’attend que les créateurs de jeux. Les pyramides, notamment, et leur construction demeurent une prouesse technique difficilement imaginable. Des blocs de calcaire de 2,5 tonnes, certes extraits de carrières proches, mais déplacés à la force des hommes. Environ 2,3 millions de blocs, selon les estimations, pour une hauteur avant érosion de 139 mètres (en ce qui concerne la pyramide de Khéops). De quoi rester parmi les plus hautes constructions humaines jusqu’au début du XXe siècle !

L’Égypte ancienne, c’est aussi un panthéon haut en couleur, aussi riche que celui des Grecs et des Romains, avec une multitude de dieux et déesses, chacun possédant ses particularités et ses pouvoirs. Et des têtes d’animaux, aussi.

C’est cette Égypte antique qui sert de toile de fond à Pyramidice, un jeu de gestion de ressources et de construction, avec une mécanique basée sur les dés.

Le jeu

Dans Pyramidice, les joueurs vont construire des pyramides en empilant des dés. Les pyramides sont construites en commun par tous les participants, mais le jeu n’est pas coopératif pour autant, chacun essayant de placer les dés pour gagner le plus de points à la fin de la partie.

Au début de la partie, chaque joueur reçoit un plateau personnel qui lui permettra de collecter des ressources dans les 8 cases qui le composent. On place au centre de la table les pyramides et le Sphinx, qui sert de piste de score. Sous celui-ci, on trouvera des tuiles Repos (en fonction du nombre de joueurs), trois cartes divinités, ainsi que le reste des cartes divinités en pile face cachée. Il y a également une zone « carrière », qui contient, au début de la partie, 4 dés oranges, appelés dés prière.

Le reste du matériel est placé au milieu de la table, à portée de tous. Ce sont les ressources, sous forme de pions ouvriers et chats, et de dés gris, appelés dés pierre.

Les joueurs reçoivent également une carte projet, qui leur indique des conditions permettant de remporter des points à la fin de la partie, et une carte scarabée, qui leur donne une capacité spécifique.

Déroulement

À son tour, un joueur doit choisir entre deux phases : une phase ressources (appelée Repos) ou une phase actions (appelée Travail). Dans la phase Repos, il peut gagner des ressources (ouvriers, dés pierres ou chats) en choisissant une des tuiles Repos au milieu de la table. Les tuiles Repos comportent des pictogrammes qui indiquent les ressources accordées par la tuile. Le joueur prend les ressources et garde la tuile sur son plateau personnel, sauf si c’est la troisième qu’il prend. Dans ce cas, les trois tuiles sont retournées au centre de la table et sont à nouveau disponibles pour tout le monde. Il n’est pas possible de prendre plus de ressources que de places disponibles sur son plateau personnel.

Dans la phase Travail, le joueur va suivre plusieurs étapes, dans cet ordre :

  1. Déplacer tous les dés pierre présents sur son plateau dans la carrière
  2. Lancer (à partir de la carrière) autant de dés qu’il a d’ouvriers sur son plateau, en choisissant des dés prière ou des dés pierre
  3. Utiliser les dés

Pour utiliser les dés, il peut choisir plusieurs actions, dans l’ordre qu’il souhaite :

  • Relancer des dés
  • Acheter une carte divinité, en payant le prix indiqué sur la carte (sous forme de dés ou de ressources)
  • Construire une pyramide, en plaçant un dé pierre sur une pyramide et en payant le coût associé. Le joueur déplace alors son pion sur la piste de score de la valeur du dé posé, additionnée des éventuels bonus liés à sa place dans la pyramide, comme indiqué sur le plateau pyramide
  • Activer le pouvoir d’une divinité dont il possède la carte
  • Remettre un dé dans la carrière pour pouvoir changer une des cartes divinités disponibles à l’achat
  • Remettre deux dés dans la carrière pour gagner deux points de gloire

Une fois l’étape d’utilisation des dés terminée, le joueur va comparer son nombre de cartes divinités et ses ressources. S’il a plus de cartes divinité que de ressources, il doit se séparer d’une carte, quelle que soit la différence entre son nombre de cartes et de ressources. Tous les dés non utilisés sont remis dans la carrière.

Dans le cas où il a acheté des cartes divinités ce tour, la rangée des divinités est réapprovisionnée, en décalant les cartes restantes vers la droite et en complétant par la gauche.

Fin de partie

S’il n’y a plus de dés pierre dans la réserve ou qu’il n’y a plus de cartes divinités dans la pile, la fin de partie est déclenchée. On effectue alors un dernier tour de table, jusqu’au joueur qui a déclenché la fin de partie inclus.

On additionne alors les points de gloire de la piste avec les points marqués grâce aux cartes Scarabée ou divinité, et aux cartes projets. Celui qui obtient le plus grand total est déclaré plus grand architecte.

Pyramidice arrière

Le matériel

Si Pyramidice ne gagnera clairement pas le prix du jeu écologique de l’année, il est divinement illustré, que ce soit sur les cartes ou dans le livret de règles. On aime ou non l’esthétique pseudo-égyptienne, mais il faut reconnaître qu’un véritable effort graphique a été fait. Le résultat est plutôt réussi, à mon avis, et surtout cohérent. Il n’y a pas de rupture de style dans l’ensemble, et c’est plaisant à regarder et à manipuler.

Si le livret de règles est beau, il n’est pas forcément des plus limpides. Les noms des dés (prière et pierre) sont très ressemblants en français, et une erreur de lecture dans un texte dense est vite arrivée. Il faudra rester attentif tout au long de la lecture, d’autant plus qu’il y a quelques pièges, comme la première étape de la phase travail, qui s’intitule « déplacer un dé pierre dans la carrière », mais qui demande de déplacer tous ses dés pierre dans la carrière. Les dessins et explications aident un peu, mais ne sont pas non plus la panacée.

Pyramidice

Pyramidice, verdict

Pyramidice est un jeu qu’il est difficile d’expliquer et de comprendre sans avoir le matériel sous les yeux. Il y a beaucoup de concepts différents, entre les dés pierre et les dés prière, les trois types de ressources qui servent à des choses différentes mais sont au même endroit, les cartes divinités, etc. On peut avoir l’impression que le jeu est inutilement compliqué et que la partie est difficile à démarrer. Il n’en est rien. Le jeu est très fluide, étonnamment. Il y a beaucoup de subtilités, mais elles ne sont pas bloquantes pour la mise en place de la partie ou les premiers tours. On pourra facilement débuter sans avoir tout expliqué et faire découvrir au fur et à mesure, à condition qu’au moins une personne ait lu et compris toutes les règles, et qu’elle sache quand distiller l’information.

Si le but du jeu est de construire une pyramide, le cœur du jeu est plutôt centré sur les cartes divinités. Ces cartes permettront d’activer des bonus ou des pouvoirs qui faciliteront le jeu pour leur possesseur. Il faut bien entendu gérer de façon intelligente son nombre de cartes, puisqu’il est limité par le nombre de ressources sur son plateau, nombre qui va baisser lors de la phase de travail, puisque tous les dés seront alors mis dans la carrière. Attention à ne pas devoir défausser des cartes, ou alors à bien les choisir, afin de maximiser leur effet. Avec 38 cartes divinités (toutes avec un dieu ou une déesse différente), il y a un certain nombre d’effets, plus ou moins intéressants en fonction du moment de la partie. C’est clairement un des points forts de Pyramidice, qui offre ainsi une certaine rejouabilité et ajoute de l’intérêt. Les cartes divinités sont en plus richement décorées, et les dieux et déesses sont décrits dans le livret de règles, ce qui donne envie de le lire et relire, pour en apprendre davantage sur ce panthéon.

On a aimé :

  • La richesse du panthéon égyptien avec 38 cartes divinités uniques
  • Les illustrations soignées et l’ambiance bien rendue
  • La fluidité des mécaniques malgré leur apparente complexité
  • La possibilité de jouer les architectes sans avoir à déplacer des blocs de 2,5 tonnes

On a moins aimé :

  • Le rythme plan-plan une fois les bases maîtrisées
  • La confusion possible entre dés « prière » et « pierre » (même les dieux s’y perdent !)
  • Le livret de règles qui aurait mérité plus de clarté
  • L’empreinte carbone qui ferait pleurer un scarabée

C’est plutôt pour vous si…

  • Vous rêvez de construire des pyramides sans vous faire mal au dos
  • Vous aimez les jeux de gestion avec une pincée de hasard
  • La mythologie égyptienne vous passionne
  • Vous avez toujours voulu être architecte, mais sans les maths

Ce n’est plutôt pas pour vous si…

  • Vous cherchez un jeu avec du rythme à la « Indiana Jones »
  • Les jeux de dés vous donnent des sueurs froides
  • Vous préférez la mythologie nordique (désolé Thor !)
  • Votre patience est aussi courte que la barbe du Sphinx

Mais si le jeu tourne bien et qu’il est riche, il est aussi un peu plat, paradoxalement. On trouvera rapidement un rythme de croisière plan-plan, et les tours vont se succéder sans réel changement ou accélération, malgré les artifices. C’est un peu étrange, et peut-être est-ce dû à l’effet première partie, mais cela ne donne pas forcément envie de rejouer. On préférera regarder les cartes et se renseigner sur la mythologie égyptienne plutôt que de relancer la construction d’une ou des pyramides.

Pyramidice visuel

Un jeu de ressources et ouvriers avec dés, riche mais auquel il manque quelque chose.

⭐⭐⭐

Note : 3 sur 5. Pyramidice chez Philibert Pyramidice chez Play-in


  • Label Dé Vert : Non. Pour en savoir plus sur le label Dé Vert, c’est ici.
  • Création : Luigi Ferrini
  • Illustrations : Marco Pantaleoni, Quentin Regnes, Oscar Casel
  • Édition : Don’t Panic Games
  • Nombre de joueurs et joueuses : 1 à 4
  • Âge conseillé : Dès 14 ans
  • Durée : 30-60 minutes
  • Thème : Pyramides, mythologie, Égytpe antique
  • Mécaniques principales : Ressources et ouvriers. Pour en savoir plus sur les différentes mécaniques de jeux, c’est ici.

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