🚢 Frais de port, TVA, douanes : la polémique enfle autour de Queen Games. La communauté des jeux apprécie peu les tactiques de l’éditeur.


Article écrit par Loïc. Breton d’origine et exilé depuis peu en Suisse (pour son chocolat, surtout), Loïc vit et respire jeux de société. Il est toujours prêt à sortir cartes et plateaux pour s’amuser et partager sa passion débordante. Joueur dans l’âme, sa devise est « Une petite partie, entre deux arrêts de bus ? ».

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Queen Games : Le roi est nu

En bref :

  • Queen Games bouleverse le « friendly shipping » sur Kickstarter : les frais de douane et TVA sont désormais à la charge des backers, malgré l’affichage du logo « friendly shipping ».
  • Facture doublée pour certains pays : là où Garphill Games propose un forfait fixe tout compris, Queen Games multiplie les frais cachés.
  • Résultat : une communauté furieuse qui appelle au boycott et une possible violation de la loi britannique sur l’affichage des prix.


Pour écouter cet article :

Le ‘friendly shipping’ était une évidence dans le monde du crowdfunding ludique, jusqu’à ce que Queen Games décide de réécrire les règles.

Cette fois, Queen Games a réussi l’exploit de mettre la communauté ludique en rogne. L’éditeur allemand, déjà connu pour ses services client kafkaïens et ses délais de livraison… comment dire… élastiques, vient d’inventer un nouveau concept : le « friendly shipping » qui n’a plus rien d’amical.

Une décision qui fait bondir la communauté : « Being served a hefty customs handling fee is in no way friendly. This is ridiculous and unacceptable » (« Se voir facturer des frais de douane exorbitants n’a rien d’amical. C’est ridicule et inacceptable »), lance un joueur furieux sur BoardGameGeek, résumant parfaitement le sentiment général.

Le « Friendly Shipping », ou comment le rendre hostile

Franchement, c’était pourtant pas compliqué. Jamey Stegmaier avait tout bien expliqué : le « friendly shipping », c’est simple comme bonjour – l’éditeur prend tout en charge, le backer ne paie rien de plus à la livraison. Point barre. Simple, non ? Apparemment trop simple pour Queen Games, qui a décidé de réécrire les règles à sa sauce.

Pour leur dernière campagne Kickstarter « Stefan Feld City Collection: Chichén Itzá & Valencia« , l’éditeur affiche fièrement les logos « friendly shipping » pour les USA, le Canada, l’UE et le UK. Mais la réalité est tout autre : « Friendly shipping means that shipping charges are included. Any other charges, such as customs or VAT are the responsibility of the backer » (« Le friendly shipping signifie que les frais de port sont inclus. Les autres frais, comme les douanes ou la TVA, sont à la charge du contributeur »). Tous les autres frais, comme les douanes ou la TVA, sont à la charge du contributeur ») – une définition qui fait grincer des dents.

Les frais de port sont inclus, mais pour le reste… débrouillez-vous ! TVA, douanes, frais de dossier ? C’est votre problème ! Une approche qui fait doucement ricaner la communauté, surtout quand on sait que l’éditeur affiche fièrement les logos « friendly shipping » pour le Royaume-Uni et le Canada… tout en prévenant en petits caractères que ces pays devront payer des frais supplémentaires.

Faisons les comptes, ça devient cocasse. En 2022, une boîte Stefan Feld « Classic » coûtait 85€ tout compris. Aujourd’hui, Queen Games nous fait miroiter un prix de 55€ pour Valencia… avant de nous asséner 6€ de port et 10,45€ de TVA. Total : 71,45€. Woah, la belle affaire !

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La communauté s’étrangle

Les réactions ne se sont pas fait attendre. « I have backed 6 projects with friendly shipping label. It always meant I didn’t have to deal with customs » (« J’ai soutenu 6 projets avec le label friendly shipping. Cela a toujours signifié que je n’avais pas à gérer les douanes »), témoigne un backer furieux. Un autre renchérit avec des chiffres : « Historically in my case is 199 backed projects. EU friendly shipping has always meant ‘no import taxes or additional fees' » (« Dans mon cas, j’ai soutenu 199 projets. Le friendly shipping européen a toujours signifié ‘pas de taxes d’importation ni de frais supplémentaires' »).

La comparaison avec la concurrence est assassine. Pour l’Australie :

  • Queen Games : 30€ par jeu ou 45€ pour deux jeux, PLUS taxes éventuelles
  • Garphill Games : forfait fixe de 26NZ$, sans taxes supplémentaires, peu importe le nombre de jeux

Pour le Royaume-Uni, c’est encore pire : là où Garphill facture 18€ de port TVA incluse pour un jeu à 53€ (Shipwrights), Queen Games demande 24€ de port HORS TVA pour Valencia (49€), soit près de 48€ avec les taxes !

Pas glop !

Cerise sur le gâteau : quand on pointe du doigt l’illégalité potentielle de cette pratique au Royaume-Uni, où les prix affichés doivent inclure la TVA, certains défendent Queen Games en arguant qu’il ne s’agit pas d’une vente mais d’un « don avec récompense ». Une excuse qui ne tient pas : « ….which, for the UK at least, doesn’t matter for Customs import purposes – there is still a VAT amount which must be declared and paid » (« …ce qui, pour le UK du moins, n’a aucune importance du point de vue douanier – un montant de TVA doit être déclaré et payé »).

L’explication de cette politique ? « The US market is the straw that stirs the crowdfunding drink, so until they do something that negatively affects those customers, Queen Games will likely continue on in this vein » (« Le marché américain est le moteur du financement participatif, tant qu’ils ne font rien qui affecte négativement ces clients, Queen Games continuera probablement sur cette voie »).

Perso, quand j’ai vu les frais supplémentaires sur leur dernière campagne, j’ai hésité à participer. Ça m’a rappelé une expérience précédente avec un autre éditeur, où la livraison m’avait coûté presque autant que le jeu lui-même. Alors oui, clairement, je l’avoue, depuis, je préfère attendre les sorties en boutique. Et cela soutient nos boutiques au coin de la rue.

Queen Games a-t-il perdu votre confiance avec cette polémique ?
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La confiance ? Quelle confiance ?

Face à ces pratiques, de nombreux backers ont déjà tiré les leçons : « Since then, I’ve never backed anything by Queen Games on KS, but rather just picked up the games I was interested in at Spiel or even retail. Turns out, it’s always cheaper to wait. » (« Depuis, je n’ai plus jamais soutenu Queen Games sur KS, je préfère acheter les jeux qui m’intéressent à Spiel ou en boutique. Il s’avère que c’est toujours moins cher d’attendre. »)

Queen Games réussit l’exploit de transformer le « friendly shipping » en « hostile shipping ». Les backers désertent, préférant désormais attendre les sorties en boutique. Comme le résume parfaitement un ancien backer : « C’est toujours moins cher d’attendre. Leurs prix sur Kickstarter sont devenus absurdes. »

Le message est clair : en redéfinissant unilatéralement le « friendly shipping », Queen Games a peut-être gagné quelques euros, mais a assurément perdu la confiance de nombreux backers. Une stratégie risquée qui pourrait bien leur coûter cher à long terme. Reste à voir combien de temps les joueurs et joueuses vont supporter ces pirouettes. D’autant que Queen Games semble avoir oublié une règle de base : la confiance, ça se gagne… et ça se perd encore plus vite qu’une partie de Daybreak qui tourne mal (souvent le cas).

Ce genre de pratiques me rappelle pourquoi je soutiens des éditeurs qui jouent franc jeu (lol, c’est le cas de le dire). J’ai soutenu le JCC Altered et tout s’est passé parfaitement : pas de frais cachés, une communication claire, et un jeu livré sans problème. Ni retard. Une dinguerie ! C’est ce genre d’expérience qui donne envie de continuer à financer des projets.

Pendant ce temps, Kickstarter fait la politique de l’autruche. Normal, tant que le marché américain est content… Mais à force de tirer sur la corde, même les plus fidèles backers finissent par dire stop. Une chose est sûre : Queen Games vient peut-être de perdre sa couronne du financement ludique.

PS : Vous l’avez la référence à la couronne ? Non ? Allez, on vous laisse chercher…

Queen Games visuel

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