Un plateau rotatif, 200 cartes uniques : SETI, le jeu qui transforme votre table en centre de contrôle spatial.
PEF, alias Pierre-François pour les intimes. Maître incontesté des jeux de société qui durent une éternité. PEF s’est lancé dans les jeux de stratégie complexes dès qu’il a pu tenir un dé dans ses mains. Ses préférés sont ceux qui nécessitent de bâtir des empires et de comploter contre ses adversaires tout en sirotant une tisane. Devise : « Si le jeu dure moins de deux heures, c’est une pause-café ! »
SETI : Recherche d’Intelligence Extraterrestre. Dans l’espace, personne ne vous entend réfléchir (mais tout le monde vous voit galérer !)
Avertissement : Dans un souci de transparence envers notre communauté, nous tenons à préciser que cet article reflète notre opinion personnelle sur le jeu. Nous n’avons reçu aucune contrepartie de la part de l’éditeur du jeu. Nous avons acquis et testé le jeu de façon indépendante, sans lien commercial avec son éditeur. Les avis présentés ici représentent notre analyse honnête et impartiale du jeu, basée sur notre propre expérience.
En bref :
- Un jeu de société ambitieux qui simule la recherche d’intelligence extraterrestre avec un plateau rotatif innovant et plus de 200 cartes uniques
- Une expérience complexe et profonde qui demande du temps d’apprentissage mais récompense l’investissement
- Un thème spatial traité avec sérieux et précision scientifique, mais qui peut manquer d’interaction directe
Combien de temps peut-on fixer un plateau de jeu en rotation avant de perdre la raison ? C’est la question que je me suis posée en jouant à SETI.
Aujourd’hui, je vais vous parler de SETI : À la Recherche d’Intelligence Extraterrestre, un (très gros) jeu de société qui m’a fait une impression de dingue dès l’ouverture de la boîte… et une migraine ophtalmique dès la lecture des règles. En tant que passionné ayant grandi avec l’émission Cosmos de Carl Sagan, l’idée de diriger ma propre institution scientifique à la recherche de vie extraterrestre était pile dans mes cordes (vocales, après avoir hurlé de joie).
Czech Games Edition (CGE) pour la VO et IELLO pour la VF et l’auteur Tomáš Holek ont créé quelque chose d’ambitieux ici. Peut-être même trop ambitieux pour certains publics pas préparés à ce qui va les attendre, à savoir une expérience qui oscille entre l’extase ludique et la torture mentale.
SETI : Mais au fait, c’est quoi le vrai SETI ?
Avant de plonger dans les méandres du jeu, il est intéressant de savoir que SETI n’est pas qu’un titre cool pour un jeu de société. C’est un acronyme pour Search for Extra-Terrestrial Intelligence (Recherche d’Intelligence Extraterrestre), un véritable programme scientifique qui existe depuis les années 1960 !
Le but du vrai SETI ? Capter des signaux radio ou d’autres formes de communication provenant de l’espace, qui pourraient indiquer la présence d’une civilisation extraterrestre. Des radiotélescopes géants, comme celui d’Arecibo (RIP), scrutent le cosmos à la recherche de ces signaux. Pour en savoir plus sur le programme SETI, vous pouvez consulter le site officiel (en anglais) : https://www.seti.org/
Alors, quel rapport avec le jeu ? SETI : À la Recherche d’Intelligence Extraterrestre (le jeu, donc) s’inspire directement de ce programme. Vous, en tant que joueur et joueuse, devenez le directeur ou la directrie d’une institution scientifique qui utilise des technologies avancées pour analyser des données spatiales, lancer des sondes, et peut-être, un jour, découvrir un signal extraterrestre. Le jeu retranscrit, à sa manière, la complexité et l’excitation de cette quête, avec ses phases de recherche, d’analyse, et de découvertes potentielles. Bien sûr, c’est une version ludique et simplifiée, mais l’esprit du vrai SETI est bien là !
SETI : Le grand plongeon (ou le grand plouf ?)
Commençons par l’essentiel : SETI n’est carrément pas votre petit jeu de société du vendredi soir en mode chillax. Oubliez les parties rapides et les règles expliquées en 5 minutes. SETI nous plonge directement dans le grand bain avec un plateau du système solaire rotatif qui, bien que visuellement magnifique, a laissé mon groupe de joueurs et de joueuses perplexes pendant nos premières parties, et moi avec une furieuse envie de revoir Interstellar.
On jongle avec des ressources comme l’énergie et les données, on lance des sondes (enfin, on pose des cubes en plastique sur des cartes), et on tente de décoder d’éventuels signaux aliens (enfin, on essaie de comprendre ce qu’on est en train de faire). Un concept cool ? Absolument. Facile à comprendre ? Pas vraiment. Disons que la courbe d’apprentissage est aussi raide qu’une rampe de lancement de fusée. Mais, accrochez-vous, car le voyage en vaut peut-être la chandelle (ou pas, on verra plus tard).
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Entre beauté, durabilité… et fragilité
Les illustrations, notamment d’Ondřej Hrdina et Jiří Kůs, sont époustouflantes – on parle de corps célestes scientifiquement précis et de cartes technologiques qui semblent tout droit sorties des archives de la NASA. On se croirait presque à bord d’un vaisseau spatial, en route vers l’inconnu (surtout quand on ne comprend pas les règles).
Et puisqu’on parle du matériel, il faut souligner l’engagement écologique de Czech Games Edition : une bonne partie des composants est fabriquée en re-plastic (du plastique recyclé) et en re-wood (un matériau composite fait à 80% de résidus de bois). C’est un choix audacieux qui montre que même dans l’industrie du jeu de société, on peut viser les étoiles tout en pensant à notre planète ! Le toucher est différent du plastique traditionnel, ce qui peut surprendre au début (un peu comme un steak végétal. Oui, on a encore le droit d’utiliser le mot « steak ». Pour l’instant), mais on s’y fait vite.
Petit bémol cependant : après quelques parties, certaines de mes cartes montrent déjà des signes d’usure. Vous voudrez peut-être investir dans des protège-cartes / sleeves si vous comptez explorer ces profondeurs cosmiques régulièrement – d’ailleurs, pourquoi ne pas choisir des protège-cartes recyclés pour rester dans l’esprit ? Bref, SETI remporte fissa son label Dé Vert, mais pas encore le label « Indestructible ».
Le Dé Vert : Un label pour jeux de société qui osent
Au cœur du jeu
C’est là que ça devient intéressant (ou douloureux, selon votre point de vue) : le gameplay de SETI est profond. Vraiment profond. Vous avez ces cartes multi-usages qui peuvent être jouées pour des actions, des ressources ou des avantages à long terme. Ça a l’air génial, non ? Eh bien, ça l’est, mais attention à la paralysie par l’analyse. Je fais quoi, où, quand, comment, avec quelle carte ? Elle est où l’aspirine ?
J’ai vu des joueurs et des joueuses passer des loooooooongues minutes à se torturer l’esprit pour décider s’ils devaient utiliser une carte pour son bénéfice immédiat ou la garder pour quelque chose de plus important / rentable plus tard. Et à 3-4 ? Préparez-vous un café (voire une cafetière entière) – vous risquez d’attendre un moment entre les tours. Oui, SETI pourrait être qualifié de « jeu vaisselle » (on a le temps de faire la vaisselle, le ménage, et de rédiger sa thèse en astrophysique entre ses tours).
Chaque tour se décompose en phases distinctes, et c’est là que le bât blesse. La gestion des ressources, la phase d’action avec ses lancements de sondes et ses scans de planètes… Chaque décision compte, et une mauvaise allocation de ressources au début peut vous handicaper pour plusieurs tours (voire pour le restant de vos jours).
Le système de cartes est à la fois brillant et franchement intimidant. Avec plus de 200 cartes représentant diverses technologies spatiales, chacune pouvant être utilisée de plusieurs façons, les possibilités sont vastes… et vertigineuses. 200 cartes, bon sang ! De quoi faire passer un dictionnaire pour un post-it.
Mais attendez, il y a le « discovery cards » qui est vraiment fun ! C’est le petit moment de gloire, le frisson de l’inconnu, la possibilité de crier « J’ai trouvé! » (mais en silence, parce que vos adversaires sont peut-être en train de réfléchir).
L’interaction ? Chacun dans sa station spatiale, et que le meilleur gagne (dans 3 heures)
Le jeu tente de créer de la compétition à travers le contrôle de zones et la détection de signaux, mais on a plus l’impression que chacun fait son petit bout de chemin en parallèle plutôt que de vraiment s’affronter. C’est un peu comme si on était tous dans notre station spatiale, à faire nos petites expériences, en ignorant superbement ce que font les voisins.
Cela dit, si vous aimez les « eurogames » (vraiment) costauds et que le manque d’interaction directe entre joueureuses ne vous dérange pas (vous êtes du genre solitaire, comme un astronaute en mission solo), vous allez vraiment, vraiment prendre votre pied stellaire ici. La mise en place variable avec différentes espèces aliens et projets technologiques signifie que chaque partie se renouvelle, même si le cœur du jeu reste semblable (un peu comme l’univers, vaste et répétitif).
Et quid du mode solo ? Les joueurs et joueuses en solo n’ont pas été oubliées – il y a un système automa inclus. Ça fonctionne, mais c’est un peu… mécanique (comme un robot, quoi). Remarquez, tous les modes solo ne le sont-ils pas un peu ? Celui de SETI est fonctionnel, il fait son taf, mais ce n’est pas ouf non plus. J’ai essayé quelques tours, mais je vais être honnête avec vous, j’ai lâché après quelques tours, préférant retourner à la contemplation des étoiles (ou à un jeu plus simple).
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SETI, verdict
Ou : SETI, un ovni ludique, à réserver aux astronautes aguerris.
Après plusieurs semaines en orbite avec SETI (j’ai testé la VO, mais la VF arrive !), j’ai appris à apprécier tant ses ambitions que ses défauts. C’est un jeu qui a peut-être vu trop grand à certains égards, un peu comme une fusée qui viserait la lune mais atterrirait dans un champ de patates. Mais si vous êtes prêt à investir du temps (beaucoup de temps) pour apprendre ses subtilités, il peut être incroyablement « fun » (si on kiffe le hard fun, le fun qui fait transpirer du cerveau).
N’espérez juste pas saisir toutes les nuances stratégiques dès vos premières parties – c’est définitivement un jeu qui récompense l’exploration répétée, un peu comme un scientifique qui passerait sa vie à chercher une aiguille dans une botte de foin cosmique. Oui, SETI un gros jeu qui se savoure de plus en plus à chaque partie, à condition d’avoir un mental d’acier et une patience d’ange (ou de Bouddha).
Devriez-vous l’acheter ? Si vous aimez les euros complexes, les thèmes d’explo spatiale, que vous ne craignez pas une courbe d’apprentissage raide comme la pente d’un volcan martien, et que vous avez des amis aussi passionnés (et patients) que vous, absolument. Mais si vous cherchez un jeu rapide et léger sur l’espace, vous feriez mieux de regarder ailleurs (du côté de Galaxy Trucker, peut-être ?). SETI est plus comme un télescope qu’une paire de jumelles – puissant et passionnant, mais nécessitant patience et dévouement pour le maîtriser. Et une bonne dose de caféine.
En fin de compte, SETI est un jeu qui divise. Pour certains, sa profondeur stratégique et son thème scientifique en font un chef-d’œuvre, le 2001 : L’Odyssée de l’espace du jeu de société. Pour d’autres, sa complexité et son rythme peuvent être rébarbatifs, un peu comme une conférence interminable sur la physique quantique. Ce qui est certain, c’est que ce n’est pas un jeu qui essaie de plaire à tout le monde, et c’est peut-être là sa plus grande force. Dans un marché saturé de jeux cherchant le plus large public possible, SETI ose être exactement ce qu’il est : un jeu de société complexe et exigeant pour celles et ceux qui veulent vraiment s’immerger dans l’exploration spatiale, quitte à y laisser quelques neurones.
On a aimé :
- L’immersion thématique digne d’un vrai programme spatial (on se croirait presque à la NASA, en moins propre)
- La profondeur stratégique qui vous fera phosphorer pendant des heures (voire des jours)
- Les illustrations dignes des archives de la NASA (mais en plus belles)
- Le plateau rotatif qui fait toujours son petit effet (et on rigole encore de voir nos amis essayer de calculer leur trajectoire optimale après trois cafés et une nuit blanche…)
- Les « discovery cards » qui apportent un vrai sentiment de découverte et d’excitation.
On a moins aimé :
- La courbe d’apprentissage qui rivalise avec un doctorat en astrophysique (mention complexité des règles)
- Le temps d’attente entre les tours qui permet presque d’observer l’expansion de l’univers (ou de faire la vaisselle, au choix)
- L’usure rapide des cartes (comme quoi, même dans l’espace, la gravité fait son œuvre… ou alors c’est la faute à nos mains moites d’excitation)
- L’interaction limitée qui donne parfois l’impression de jouer à un jeu solo à plusieurs.
C’est plutôt pour vous si…
- Vous avez nommé votre chat Carl Sagan (ou Thomas Pesquet)
- Les jeux « weight » sont vos préférés (et pas seulement à cause de la gravité, mais aussi parce qu’ils sont lourds de complexité)
- Vous aimez passer des heures à optimiser la moindre décision (et à relire les règles)
- Votre idée d’une soirée parfaite implique des graphiques complexes, des calculs de probabilités et un tableau blanc rempli d’équations.
Ce n’est plutôt pas pour vous si…
- Votre définition d’un jeu spatial s’arrête à « Pierre, Feuille, Comète »
- Vous cherchez une partie rapide entre deux épisodes de Star Trek (ou de Capitaine Flam)
- La vue d’un plateau rotatif vous donne le mal de l’espace (ou le tournis)
- Vous préférez les jeux où l’on peut blâmer les dés pour ses défaites (ici, vous ne pourrez blâmer que votre cerveau)
En conclusion, je dirais que SETI est comme une bonne mission spatiale : la préparation et le lancement peuvent être ardus, mais une fois en orbite, l’expérience est unique… si on arrive à survivre jusque-là. Si vous êtes prêt à investir le temps nécessaire pour maîtriser ses systèmes, vous trouverez un jeu profondément satisfaisant qui vous fera revenir encore et encore, comme une sonde spatiale attirée par la force gravitationnelle d’une planète lointaine.
Et qui sait ? Peut-être qu’un soir, entre deux cartes techno et un scan planétaire, vous ressentirez ce frisson indescriptible, cette excitation pure quand votre sonde captera enfin ce signal tant attendu – la preuve que nous ne sommes pas seuls dans cet immense cosmos. C’est pour ces moments-là que SETI vaut chaque seconde de votre temps (et chaque once de votre patience) ! Perso, j’ai (sur)kiffé, malgré les maux de tête ! Du très lourd, du très bon, mais du très exigeant.
SETI n’est pas qu’un jeu, c’est une expédition spatiale de salon – préparez-vous à décoller, mais n’oubliez pas votre manuel de vol, votre patience en bagage cabine, et une bonne dose de caféine pour tenir le coup. SETI : plus qu’un jeu, une simulation de torture mentale approuvée par la NASA !
Grandiose, mais pas pour les âmes… sensibles !
Note : 5 sur 5. SETI chez Philibert SETI chez Play-inSuivez toute l’actualité de Gus&Co sur la chaîne WhatsApp de Gus&Co.
- Date de sortie : Novembre 2024
- Langue : Française
- Assemblé en : République Tchèque
- ITHEM : 3.5 sur 5. Pour en savoir plus sur l’ITHEM dans les jeux de société, c’est ici.
- IGUS : 1.5 sur 5. Pour en savoir plus sur l’IGUS dans les jeux de société, c’est ici.
- EcoScore : A (+++). Si vous voulez en savoir plus sur l’EcoScore dans les jeux de société, c’est ici
- Label Dé Vert : Oui. Pour en savoir plus sur le label Dé Vert, c’est ici.
- Création : Tomáš Holek
- Illustrations : František Sedláček, Petra Ramešová, Ondřej Hrdina, Radek Boxan, Petr Štych, Jakub Politzer, Jakub Lang, Jiří Kůs, Oto Kandera, Jiří Mikovec, Josef Surý, Michaela Lovecká
- Édition : CGE pour la VO, Iello pour la VF
- Nombre de joueurs et joueuses : 1 – 4 (meilleur à 2)
- Âge conseillé : Dès 14 ans (pas moins !
- Durée : 90 minutes (minimum ! Comptez plus, beaucoup plus. Surtout à 4)
- Thème : Espace
- Mécaniques principales : Cartes, engine- building. Pour en savoir plus sur les différentes mécaniques de jeux, c’est ici.
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