Tour à cubes, gestion tendue et histoire passionnante : notre analyse approfondie de « Sur les Traces de Marie Curie », un jeu RADIOACTIF !
Article écrit par Amélie. Passionnée de jeux de société. A commencé à jouer à des jeux de société à l’âge de 1 année, environ, et n’a jamais cessé depuis. Kiffe les jeux de plateau, coopératifs, narratifs et d’autres qui finissent aussi en « tif ». Adore partager sa passion et aider les autres à découvrir les top et éviter les flop.
Sur les Traces de Marie Curie
Avertissement : Dans un souci de transparence envers notre communauté, nous tenons à préciser que cet article reflète notre opinion personnelle sur le jeu. Nous n’avons reçu aucune contrepartie de la part de l’éditeur du jeu. Nous avons acquis et testé le jeu de façon indépendante, sans lien commercial avec son éditeur. Les avis présentés ici représentent notre analyse honnête et impartiale du jeu, basée sur notre propre expérience.
En bref :
- Un jeu sur Marie Curie mêlant histoire et stratégie fine, avec une tour à cubes et des points de victoire rares qui rendent chaque choix crucial
- Une richesse historique impressionnante mais une interactivité limitée et une symbolique trop complexe qui en font un « multi-solitaire » exigeant
- Optimal à 3, difficile d’accès mais profondément gratifiant pour qui accepte sa courbe d’apprentissage
Il existe ces moments rares où un jeu transcende son thème pour devenir une véritable expérience. Ce soir, dans mon salon, je ne suis plus une simple joueuse : je suis une scientifique de 1898, et chaque cube qui tombe de cette mystérieuse tour pourrait changer l’histoire.
La science a-t-elle jamais été aussi ludique ? Avec « Sur les Traces de Marie Curie », le studio Sorry we are French, écurie Hachette, réalise une chouette prouesse : transformer l’épopée scientifique de la double lauréate du prix Nobel en une expérience ludique aussi passionnante que fluide et tendue. Et oui, « Sur les Traces de Marie Curie » est donc la suite spirituelle de « Sur les Traces de Darwin » (oui, du même éditeur !), cette création audacieuse nous invite à repousser les frontières du possible, un cube beaucoup de cubes de ressources à la fois.
Sur les Traces de Darwin : L’odyssée ludique du Beagle
Une mécanique aussi précise qu’une expérience en labo
Imaginez-vous dans la peau d’un ou d’une jeune scientifique collaborant avec la célèbre physicienne. Le plateau central devient votre laboratoire, où chaque décision peut vous rapprocher – ou vous éloigner – du prix Nobel tant convoité. La précision des mécaniques de jeu rappelle celle des instruments de mesure de l’époque : rien n’est laissé au hasard !
Le système ingénieux de la « tour à cubes » également utilisée dans Return to Dark Tower (OK, des crânes, pas des cubes), Amerigo, Shogun/Wallenstein ou encore Marrakesh, constitue le cœur battant de cette expérience ludique. Tel un spectromètre moderne, elle trie et redistribue les ressources dont vous aurez besoin pour vos recherches. Mais attention, certains cubes resteront prisonniers de la tour, créant une incertitude délicieusement frustrante qui rappelle les aléas de la recherche scientifique. N’est-ce pas là une belle métaphore du travail acharné de Marie Curie (question rhétorique) ?
Return to Dark Tower : La résurrection badass
La course aux découvertes : un parcours semé d’embûches
Vos tours de jeu s’articulent autour de quatre phases aussi cruciales que les étapes d’une expérience scientifique. Et croyez-moi, il faudra faire preuve d’autant de rigueur que notre Prix Nobel !
Première étape : l’atelier. C’est ici que vous récoltez vos précieuses ressources, représentées par des cubes de différentes couleurs que l’on lance dans la tour. On prend ceux qui en ressortent. Max 3. La limite initiale de trois cubes vous paraît restrictive ? Patience, jeune chercheur ! Comme dans la vraie recherche, vos capacités s’amélioreront avec l’expérience. Oui, Sur les Traces de Marie Curie est en mode engine-building ! Ou on fait l’impasse sur les cubes et on prend / lance une thèse.
La véritable originalité du jeu réside dans son système de thèses. Eh oui, même dans un jeu de société, il faut publier ou périr ! La rédaction de thèses doit suivre un ordre strict – on ne devient pas docteur du jour au lendemain ! Chaque thèse validée vous octroie des bonus immédiats, créant un sentiment de progression particulièrement chouette.
L’Engine-Building : Libérez votre architecte intérieur
Un timing aussi précis qu’une horloge atomique
Le plateau principal arbore une frise chronologique retraçant la vie extraordinaire de Marie Curie, de sa naissance en 1867 à son décès en 1934. Ce n’est pas qu’un simple décor : chaque case représente un événement marquant et influence directement le déroulement de la partie. Quelle élégante façon d’intégrer l’Histoire à la mécanique ludique !
Les joueureuses doivent composer avec cette timeline qui avance inexorablement, créant une pression temporelle palpable. C’est là toute la beauté du jeu : comme les véritables scientifiques, vous devez gérer votre temps et vos ressources avec une précision d’orfèvre.
Bon, puisque « Sur les Traces de Marie Curie » parle de… Marie Curie, arrêtons-nous deux secondes et intéressons-nous à sa vie, son œuvre.
Marie Curie : De Varsovie aux Nobels, l’histoire derrière le jeu
La timeline du jeu n’est pas qu’un simple mécanisme ludique : elle retrace le parcours extraordinaire d’une femme qui a révolutionné notre compréhension de la matière. Maria Skłodowska, que l’Histoire retiendra sous le nom de Marie Curie, naît en 1867 dans une Varsovie sous domination russe.
Une jeunesse sous le signe de la persévérance
Fille d’enseignants, la jeune Maria fait preuve d’une soif de connaissance exceptionnelle dans un contexte où l’éducation des femmes est strictement limitée. Le jeu traduit admirablement cette période à travers ses mécaniques de progression des thèses : comme la vraie Marie Curie qui dut suivre les cours clandestins de « l’Université volante » de Varsovie, les joueurs doivent franchir des étapes successives dans leur parcours académique.
Paris : le tournant d’une vie
En 1891, Marie arrive à Paris pour étudier à la Sorbonne. Elle y rencontre Pierre Curie, brillant physicien qui deviendra son époux et collaborateur. Le système de collaboration du jeu, notamment à travers les cartes d’activité, fait écho à cette période féconde où les époux Curie conjuguèrent leurs talents.
FOCUS HISTORIQUE
- 1893 : Licence de physique (1ère de sa promotion)
- 1894 : Licence de mathématiques (2ème de sa promotion)
- 1895 : Mariage avec Pierre Curie
- 1897 : Naissance d’Irène, future Prix Nobel elle aussi
- 1903 : Premier Prix Nobel (Physique)
- 1911 : Second Prix Nobel (Chimie)
La révolution du radium
La découverte du radium en 1898, représentée dans le jeu par les précieux cubes de ressources spéciales, marque un tournant dans l’histoire des sciences. Le couple Curie isole cette substance à partir de la pechblende dans des conditions que le jeu évoque à travers ses mécaniques de transformation de ressources : un travail titanesque, répétitif, nécessitant patience et précision.
L’héritage scientifique et humanitaire
Marie Curie ne fut pas qu’une scientifique : pendant la Première Guerre mondiale, elle développa des unités mobiles de radiographie, sauvant d’innombrables vies. Cette dimension humanitaire se retrouve dans le jeu à travers certains événements de la timeline qui permettent d’obtenir des points de victoire via des actions altruistes.
Impact culturel et postérité
Première femme à recevoir le Prix Nobel, première personne à en recevoir deux dans des disciplines scientifiques différentes, première femme professeure à la Sorbonne : les « premières fois » de Marie Curie ont ouvert la voie à des générations de femmes scientifiques. Le jeu honore cet héritage en permettant aux joueurs de revivre ces moments historiques. Mais revenons à nos moutons cubes de radium.
Une immersion historique remarquable : au-delà des cubes
S’il est vrai qu’on passe sa partie à manipuler des cubes colorés (ne nous le cachons pas), la richesse historique du jeu mérite qu’on s’y attarde. Car derrière ces simples manipulations de ressources se cache un travail de recherche et de documentation absolument remarquable.
Une frise chronologique qui raconte une vie
La timeline n’est pas qu’un simple marqueur de progression : chaque case est une fenêtre ouverte sur un moment clé de la vie de Marie Curie. De son enfance à Varsovie jusqu’à son dernier souffle, chaque événement est méticuleusement documenté. On apprécie particulièrement les petites annotations historiques qui accompagnent chaque date, transformant une simple piste de score en véritable leçon d’histoire vivante.
Une annexe qui vaut son pesant de radium
Rarement un jeu n’aura contenu une annexe aussi fouillée. L’annexe et ses pages de notes historiques magnifiquement illustrées et mises en page sont un véritable trésor pour les amateurs d’histoire des sciences. On se surprend à le lire plutôt qu’à jouer !
Chaque carte, chaque tuile expérience, chaque événement est replacé dans son contexte avec une précision chirurgicale. On sent le travail minutieux des auteur et éditeurs qui ont certainement collaboré avec des historiens des sciences pour garantir l’exactitude des informations. Ou juste utilisé Wikipedia à bon escient…
Des mécaniques au service de l’histoire
Ce qui impressionne le plus, c’est la façon dont les mécaniques de jeu, aussi abstraites soient-elles, parviennent à raconter une histoire cohérente :
- La tour à cubes représente l’incertitude des expériences scientifiques
- Le système de thèses reflète le parcours académique de l’époque
- Les transformations de ressources évoquent le travail acharné d’extraction du radium
- Les cartes d’activité illustrent les différentes facettes de la carrière de Marie Curie
Un outil pédagogique déguisé en jeu
Sans jamais tomber dans le piège du jeu éducatif (rébarbatif), « Sur les Traces de Marie Curie » réussit le tour à cubes de force de nous instruire tout en nous divertissant.
La valse des cartes d’activité
Parlons maintenant des cartes d’activité, véritables catalyseurs de votre progression. Une fois par tour, vous pouvez en acquérir une parmi les quatre disponibles en mode marché à la Ticket to Ride. Mais attention, ce n’est pas une simple collection : chaque carte s’inscrit dans une catégorie spécifique, et leur nombre est limité. C’est tout l’art de la stratégie qui entre en jeu : faut-il se spécialiser dans un domaine ou diversifier ses recherches ?
Les bonus de ces cartes dépendent du nombre de cartes similaires en votre possession – une mécanique qui reflète admirablement la façon dont l’expertise se construit progressivement dans un domaine scientifique. Qui a dit que les jeux de société ne pouvaient pas être réalistes ?
Les expériences : entre rigueur et opportunisme
Un aspect particulièrement brillant du jeu réside dans son système d’expériences. Les tuiles d’expérience se déclinent en deux types : les béchers et les ballons à fond rond. Chacune apporte son lot d’avantages, qu’il s’agisse d’augmenter votre capacité de stockage ou votre limite de collecte de ressources.
Mais le véritable coup de génie ? La synergie entre ces deux types d’expériences. Chaque paire d’expériences validées vous rapporte des points de victoire. Une belle illustration de l’importance de la complémentarité en recherche !
Dans la jungle des picto
Passons aux choses qui fâchent : si vous pensiez que le tableau périodique des éléments était complexe, attendez de découvrir la collection de pictogrammes de « Sur les Traces de Marie Curie » !
Un festival de symboles
Imaginez un instant : vous êtes devant votre plateau, prêt à faire avancer la science, et soudain… mais que signifie ce triangle dans un cercle surmonté d’une flèche en zigzag (non j’invente, ce picto n’existe pas dans le jeu. Ou si ?) ? Est-ce une transformation de ressources, un bonus de fin de partie, ou simplement une tache de café sur les règles ?
Première partie : mode « Ping-pong avec le livret de règles »
Votre première partie ressemblera probablement à ceci :
- Regarder un élément du jeu (objectif, case sur la frise, tuile, carte)
- Consulter frénétiquement l’annexe des symboles
- Relire trois fois l’explication
- Demander confirmation aux autres
- Réaliser qu’eux aussi sont perdus
- Retourner à l’étape 1
La fluidité du jeu en prend un coup, c’est le moins qu’on puisse dire. Marie Curie n’a pas eu besoin d’un dictionnaire des symboles pour découvrir le radium, elle !
Un aide-mémoire qui devient bible
L’aide-mémoire fourni dans la boîte devient rapidement votre document le plus précieux. Oui mais non. Car il est découpé, disséminé dans deux livrets. Il faut donc constamment jongler entre les deux. Non seulement ce n’est pas pratique, mais en plus, ce n’est pas pratique (oui je l’ai déjà dit, mais c’est juste pour enfoncer le radium).
L’équipe de création semble avoir voulu recréer l’expérience authentique du déchiffrage de notes de laboratoire du XIXe siècle. Mission accomplie ! Chaque élément devient un petit puzzle à résoudre avant même de pouvoir planifier sa stratégie.
La courbe d’apprentissage façon mur d’escalade
Si les mécaniques de base sont relativement intuitives (collecter, transformer, optimiser), la lecture des effets et des bonus ressemble plus à un cours de cryptographie qu’à une partie de jeu de société. La bonne nouvelle ? Une fois les symboles maîtrisés (comptez 1-2 parties), le jeu devient beaucoup plus fluide. La mauvaise ? Certains joueurs et joueuses n’auront pas la patience d’arriver jusque-là.
Ironiquement, cette complexité iconographique contredit l’un des principes fondamentaux de la méthode scientifique : la clarté. Là où Marie Curie cherchait à simplifier la compréhension des phénomènes radioactifs, le jeu semble parfois complexifier inutilement des mécaniques simples.
Sur les Traces de Marie Curie : La finesse des mécaniques
Si les pictogrammes vous ont donné du fil à retordre, attendez de découvrir l’élégance des mécaniques sous-jacentes. Car c’est là que « Sur les Traces de Marie Curie » révèle toute sa subtilité, à l’image du travail minutieux de sa protagoniste.
Le hasard maîtrisé de la tour à dés
Comme le disait Niels Bohr, « La physique quantique nous a appris que le hasard fait partie intégrante de la nature. » La tour à dés incarne parfaitement cette philosophie. Elle n’est pas là pour créer du chaos, mais pour introduire une incertitude calculée :
- Les cubes retenus créent une tension délicieuse
- Chaque lancer devient un mini-événement
- La stratégie s’adapte aux résultats sans jamais être totalement bouleversée
L’effet boule de neige des cartes
Le système d’accumulation des cartes est un petit chef-d’œuvre de game design. Contrairement à d’autres jeux où les combos deviennent rapidement exponentielles, ici chaque nouvelle carte de même type augmente subtilement l’effet des précédentes. C’est la différence entre une explosion et une réaction en chaîne contrôlée.
La course aux points : une lutte de précision
Voilà peut-être la plus grande réussite du jeu : transformer chaque point de victoire en véritable conquête. Quand 10-15 points représentent déjà un score impressionnant, chaque point compte :
- Un seul point peut faire basculer le classement
- Les opportunités de marquer sont rares et précieuses
- La visibilité des scores maintient une tension constante
ANALYSE STATISTIQUE
Scores moyens observés :
- Débutant : 8-12 points
- Intermédiaire : 12-16 points
- Expert : 15-20 points
Les parties se jouent souvent à 1-2 points près ! Voire souvent aux égalités (qui se résoud aux cubes restants)
Cette parcimonie des points transforme complètement l’expérience de jeu :
- On savoure chaque petit succès
- Les décisions deviennent plus pesées
- La compétition gagne en intensité
- Le sentiment d’accomplissement est décuplé
C’est comme si vous travailliez dans le même laboratoire que Marie Curie : chaque découverte, même minime, est célébrée comme une victoire.
Le choix de rendre les points visibles de tous et toutes est magistral :
- Crée une course psychologique permanente
- Permet d’adapter sa stratégie en temps réel
- Augmente l’interaction indirecte
- Génère des moments dramatiques en fin de partie
Le syndrome de « la vaisselle scientifique »
Si Marie Curie a révolutionné notre compréhension de la radioactivité, le jeu qui porte son nom n’innove malheureusement pas en matière d’interaction entre joueureuses. Parlons franchement : nous sommes ici face à ce que les experts du milieu appellent affectueusement un « jeu vaisselle ». Mais pourquoi ce surnom peu flatteur ?
Chacun dans son labo
Imaginez plusieurs scientifiques travaillant dans le même bâtiment, mais chacun enfermé dans son laboratoire, communiquant uniquement par post-its laconiques glissés sous la porte. Voilà qui résume assez bien l’expérience multijoueur de « Sur les Traces de Marie Curie ». Chaque joueur et joueuse est absorbée dans sa petite « cuisine » de cubes, transformant ses ressources, optimisant ses actions, mais interagissant rarement avec ses collègues.
CONSEIL PRATIQUE
Profitez du tour des autres pour :
- Faire la vaisselle
- Trier votre collection de jeux
- Répondre à vos emails
- Commander vos prochains jeux en solo
(On plaisante… à moitié !)
Une course en parallèle
L’interaction se limite essentiellement à une course aux points et aux ressources, créant ce que les joueurs expérimentés qualifient de « multi-solitaire », ou « solo-multi ». Certes, il y a une certaine tension lorsqu’un adversaire s’empare de la carte Activité que vous convoitiez, mais ces moments restent aussi rares qu’un isotope radioactif stable.
Et, c’est surprenant, si le jeu est en mode solo-multi, il ne propose pas de mode de jeu en solo.
Le nombre optimal de joueurs : un calcul précis
Si la boîte annonce fièrement « 2-4 joueurs », notre expérience de jeu de « Sur les Traces de Marie Curie » suggère une formule plus nuancée :
- À 2 : Acceptable, mais manque de compétition
- À 3 : La configuration idéale, équilibrant temps d’attente et tension
- À 4 : Prévoyez une liste de tâches ménagères… ou beaucoup de patience
Un paradoxe temporel
Ironiquement, pour un jeu centré sur une timeline historique, la gestion du temps mort entre les tours pose problème. À quatre, vous aurez largement le temps de découvrir un nouvel élément chimique entre deux tours de jeu. Marie Curie elle-même aurait probablement trouvé ce temps d’attente productif pour ses recherches ! Comme quoi, non, il ne faut pas (toujours) se fier au nombre de joueurs et de joueuses indiqué sur la boîte pour vivre la meilleure expérience ludique possible !
Le nombre de joueurs indiqué sur une boîte est-il fiable ?
Sur les Traces de Marie Curie, verdict
« Sur les Traces de Marie Curie » est à l’image de la recherche scientifique elle-même : exigeant, parfois frustrant, mais profondément gratifiant pour qui accepte d’y consacrer le temps nécessaire.
On a aimé :
✓ La tour à cubes qui donne envie de secouer son adversaire ceux-ci restent coincés
✓ Un système de points aussi rare que le radium purifié
✓ Une documentation historique qui ferait pâlir Wikipedia
✓ Des mécaniques aussi précises qu’une expérience de laboratoire
✓ La satisfaction d’enfin comprendre un pictogramme sans consulter les règles (vers la 3ème partie)
On a moins aimé :
✗ Tellement de picto qu’on se croirait dans un cours de hiéroglyphes
✗ Le temps d’attendre entre les tours (parfait pour rédiger sa propre thèse)
✗ Une première partie qui donne envie de découvrir la radioactivité plutôt que de continuer
✗ L’impossibilité d’embêter son voisin (sauf en cachant son aide de jeu)
C’est plutôt pour vous si…
- Vous trouvez que le tableau périodique manque de picto
- La patience est vraiment votre seconde prénom
- Votre vaisselle est toujours en retard (vous aurez le temps entre les tours)
Ce n’est plutôt pas pour vous si…
- Votre phrase préférée est « on peut attaquer les autres ? »
- Vous avez une allergie aux pictogrammes
- Le mot « multi-solitaire » vous donne des boutons entre les dents
- Vous n’avez pas la patience de Marie Curie (qui aurait probablement abandonné ce jeu à la première partie)
« Sur les Traces de Marie Curie » est comme une expérience de laboratoire complexe : intimidante au premier abord, mais capable de produire des résultats remarquables une fois maîtrisée. À l’image de sa protagoniste, le jeu ne fait pas de compromis sur l’excellence, quitte à rebuter les esprits les plus impatients.
C’est un jeu qui brille par sa cohérence thématique et la finesse de ses mécaniques, même si l’expérience multi-joueurs aurait mérité plus d’attention. La richesse historique et la subtilité du système de points en font un titre incontournable pour les fans de jeux de gestion sophistiqués, à condition d’accepter sa nature profondément solitaire.
Comme Marie Curie l’aurait probablement dit : la découverte demande de la patience. À trois, dans sa configuration optimale, le jeu atteint un équilibre remarquable entre profondeur stratégique et rythme de jeu. C’est là, dans cette configuration précise, qu’il révèle tout son potentiel.
« Sur les Traces de Marie Curie » est comme la radioactivité : complexe à observer, difficile à maîtriser, mais une fois qu’on en comprend les mécanismes, ça brille de mille feux… et ça laisse des traces durables dans votre ludothèque. Un jeu radioactif (mais dans le bon sens du terme).
Note finale : Si vous entendez des joueureuses parler de « faire briller les points de victoire », ce n’est pas à cause de la radioactivité – c’est juste qu’ils sont tellement rares qu’on finit par les exposer dans une vitrine.
Très bon.
Note : 4 sur 5. Sur les Traces de Marie Curie chez Philibert Sur les Traces de Marie Curie chez Play-in- Date de sortie : Septembre 2024
- Langue : Française
- Assemblé en : Chine
- ITHEM : 3.5 sur 5. Pour en savoir plus sur l’ITHEM dans les jeux de société, c’est ici.
- IGUS : 1.5 sur 5. Pour en savoir plus sur l’IGUS dans les jeux de société, c’est ici.
- EcoScore : C. Si vous voulez en savoir plus sur l’EcoScore dans les jeux de société, c’est ici
- Label Dé Vert : Non. Pour en savoir plus sur le label Dé Vert, c’est ici.
- Création : Florian Fay
- Illustrations : David Sitbon, Vaiana Hinault
- Édition : Sorry we are French
- Nombre de joueurs et joueuses : 2 à 4 (tourne mieux à 3)
- Âge conseillé : Dès 9 ans (bonne estimation)
- Durée : 30-45 minutes
- Thème : Histoire, science
- Mécaniques principales : Gestion, Ressources, Objectifs. Pour en savoir plus sur les différentes mécaniques de jeux, c’est ici.
Épilogue – Et la science continue…
Alors que « Sur les Traces de Marie Curie » continue de faire briller notre ludo (sans effets secondaires radioactifs), on ne peut s’empêcher de se demander : qui sera le prochain géant scientifique à passer du laboratoire au plateau de jeu ?
Après Darwin et ses observations minutieuses, Marie Curie et ses découvertes révolutionnaires, on fait quoi ? On fait qui ? Alan Turing et sa machine énigmatique pourraient offrir un terrain de jeu fascinant, mêlant cryptographie et course contre la montre (oups, mais ça déjà été fait). Einstein et sa relativité permettraient un jeu où le temps lui-même deviendrait une ressource manipulable.
Ou pourquoi pas Tesla, transformant la guerre des courants en une bataille d’influence et d’innovation (même si bon, aujourd’hui quand on parle de Tesla, on pense tout de suite à l’excentrique du coin). Ada Lovelace serait une candidate particulièrement intéressante : imaginez un jeu de programmation victorienne où les cartes perforées deviendraient des combinaisons stratégiques ! La première programmeuse de l’histoire mérite bien son propre engine-building, non ?
Et pourquoi pas :
- Hawking : Au-delà des trous noirs
- Pasteur : La course aux vaccins
- Mendeleïev : L’architecte des éléments
- Un jeu coopératif avec Dorothy Hodgkin sur la cristallographie aux rayons X
- Un deck-building basé sur les travaux de Lise Meitner sur la fission nucléaire
- Un jeu de placement d’ouvriers avec Hedy Lamarr développant le saut de fréquence
Bref, il y a de quoi faire. On se réjouit déjà du prochain de la série « Sur les Traces de… » !
En attendant, nous retournons à notre laboratoire ludique. Ces points de victoire ne vont pas se gagner tout seuls, et la tour à dés nous attend pour de nouvelles expériences !
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L’article Sur les Traces de Marie Curie : Science et vie est apparu en premier sur Gus & Co.