Un jeu où trahir ses enfants est autorisé ? L’impitoyable Survive the Island, où stratégie et survie se mêlent pour des parties… fun.
Toujours à le recherche de nouvelles aventures ludiques à partager en famille ou entre ami. Papa dynamique, de profession technique et passionné de musiques festives. Le jeu est pour moi un excellent outil d’évasion dans un environnement de moins en moins amusant.
Survive the Island : Un jeu Old school mais tellement fun
Avertissement : Dans un souci de transparence envers notre communauté, nous tenons à préciser que cet article reflète notre opinion personnelle sur le jeu. Nous n’avons reçu aucune contrepartie de la part de l’éditeur du jeu. Nous avons acquis et testé le jeu de façon indépendante, sans lien commercial avec son éditeur. Les avis présentés ici représentent notre analyse honnête et impartiale du jeu, basée sur notre propre expérience.
En bref :
- La réédition d’un classique de 1982 qui ose mélanger jeu familial et trahison
- Simple mais malin : sauvez-vous de l’île qui coule tout en sabotant les autres
- Une excellente école de la défaite pour les enfants, avec méchanceté modulable
Pour écouter cet article :
Imaginez un jeu où sacrifier les aventuriers de vos enfants aux requins n’est pas seulement permis… c’est recommandé ! Survive the Island, le jeu où nous sommes autorisés à jouer de mauvais tours à nos enfants, profitons-en !
Un petit coup d’œil dans le rétro
Pour les détectives du jeu de société : Survive the Island n’est autre que la réédition de « Survive: Escape from Atlantis! » sorti en 1982. Un classique qui a traumatisé plusieurs générations d’enfants (merci à Julian Courtland-Smith pour ça !). Quarante ans plus tard, le jeu n’a pas pris une ride et continue de faire des vagues. Comme quoi, les meilleures recettes sont souvent les plus anciennes, surtout quand il s’agit de faire couler les radeaux de ses… enfants !
Entre Indiana Jones et Crocodile Dundee
Nos expéditions se sont retrouvées sur une île mystérieuse. Perdus au cœur de l’océan, de nombreux aventuriers ont mis la main sur des trésors antiques d’une valeur inestimable. Bon, on n’en est pas tout à fait sûrs, mais certains doivent bien valoir leur pesant de cacahuètes. Malheureusement, le scénario hollywoodien est bien ficelé. En récupérant les trésors, nos explorateurs ont réveillé d’énormes créatures ancestrales et les volcans de l’île. Sauve qui peut !
L’île commence à s’enfoncer sous les eaux… C’est le moment de nous échapper de cet îlot maudit en emportant un maximum de trésors ! Il va falloir regagner la terre ferme pour être enfin hors de danger et étudier tranquillement la valeur de nos trouvailles. Pour s’échapper de l’île, il faudra prendre place sur les quelques radeaux disponibles, et de nombreuses équipes vont s’opposer afin de survivre.
Pour la survie, tous les coups seront permis. Le scénario catastrophe fonctionne à chaque fois, la tension et les plans machiavéliques sont au rendez-vous. Sortez le pop-corn et les mouchoirs ! Survive the Island va commencer !
Une île en sursis, des aventuriers téméraires et de terribles créatures ancestrales. Bienvenue dans Survive the Island
Petit flashback pour vous maintenir en haleine… Mise en situation de l’environnement : un plateau de jeu représentant l’océan découpé en hexagones sera notre zone d’aventure. Chaque coin possède une petite plage paradisiaque, lieu paisible inaliénable, terre de survie et de prospérité. Au centre du plateau, nous allons créer cette île légendaire et mystérieuse à partir de tuiles. Ces tuiles sont des plages, des forêts et des montagnes qui formeront ensemble le théâtre de nos aventures.
Chaque joueur possède une équipe de dix valeureux aventuriers d’une couleur. Sous chaque aventurier, un chiffre indique la valeur du trésor que l’aventurier a réussi à dénicher avant le cataclysme. Certains, lèche-bottes, ont eu à cœur de trouver un trésor brillant en or pur et incrusté de gros rubis qui plaira au Big Boss, quand d’autres, la fine fleur, ont choisi de rapporter un caillou en forme de cœur (ah, ils sont si mignons !). Les valeurs des points vont de 1 à 5. Chaque joueur va placer à son tour un aventurier sur l’île en essayant de retenir l’emplacement des aventuriers emportant le plus précieux trésor, soit les nombres de points les plus élevés. Reste à placer selon le même procédé deux radeaux par joueur et les terribles serpents de mer.
Le début des ennuis
Chaque joueureuse va pouvoir, à son tour, déplacer ses personnages, retirer une tuile de l’île (en priorité les plages, puis les forêts et en dernier les montagnes) et lancer le dé créature. La mécanique du jeu est fluide, enfantine et rapidement assimilée. Chaque joueur et joueuse dispose de 3 déplacements. On peut se déplacer à pied, à la nage (limité à un seul déplacement par personnage, aucun nageur olympique ici), ou à bord d’un radeau (non, pas celui de la Méduse). On se rend rapidement compte que c’est plutôt comme sur le Titanic. On commence par déplacer ses aventuriers et les faire monter sur les radeaux disponibles. Et on comprend très vite qu’il n’y en aura pas pour tous les passagers.
Les déplacements sont donc finement stratégiques et on commence à manigancer pour prendre le contrôle des radeaux. Car seules les équipes représentées en majorité sur les radeaux dirigeront les embarcations de fortune. Il va donc falloir monter discrètement dans le bateau dirigé par une autre équipe, prendre le contrôle de certains radeaux et découvrir la notion de partage pour d’autres. En résumé, les radeaux sont rapidement pris d’assaut.
Pour les autres, pas de panique, car lorsque l’on retire des tuiles de l’île, on découvre parfois des objets utiles : un nouveau radeau, un répulsif contre les créatures, des rames, etc… mais aussi parfois de nouvelles créatures (requins, Kaijus) qui vont nous dévorer comme dans Les Dents de la Mer. Chaque créature a sa personnalité. Le Kaiju pouvant même parfois rendre de petits services. Ici les Kaijus sont plus sympas que dans Pacific Rim. Les hostilités ont été lancées, les plus stratèges ont pris le contrôle de plusieurs bateaux, les fourbes jouent les passagers clandestins, les sportifs tentent la traversée à la nage et les imbéciles heureux sirotent toujours leur mojito sous les cocotiers, les pieds dans le sable.
Le jeu du jour : Les Dents de la Mer
Maintenant ça va chier !
Bien sûr, dans le lot de joueurs et de joueuses, il y a toujours un personnage qui joue le gentil pacifique de service et qui systématiquement va faire s’éloigner les créatures afin de limiter la menace. Mais ce joueur est égaré… Dans Survive the Island, oubliez la mode des jeux coopératifs où l’on gagne ou on perd tous ensemble afin d’éviter toute frustration. Ici, c’est la vieille école, et on va prendre du plaisir à détruire les radeaux de nos adversaires, dévorer les nageurs égarés au milieu d’un banc de requins et parfois sacrifier un aventurier qui n’avait pas mis les pieds sur le bon radeau.
La vérité, c’est que ce jeu a un excellent équilibre. On va parfois collaborer avec un joueur sur un radeau d’un côté de l’île tout en dévorant ses autres aventuriers de l’autre côté du plateau. On est à la fois allié et ennemi. On peut jouer de façon pacifique ou agressive. Tout le monde y trouve son compte. Des alliances vont naître, certains vont trahir pendant que d’autres vont voler au secours via un acte héroïque.
C’est palpitant ! Avec des enfants, même les plus sensibles, nos tout-petits, on va pouvoir doser la frustration, et leur faire découvrir cette terrible et saine frustration ludique, l’entraide, la compétition, et ce, de façon plus ou moins subtile. Nous pouvons enfin mettre une pâtée à nos enfants en détruisant leur projet ! Ce n’est plus trop dans l’air du temps, mais c’est plaisant de revenir un peu sur un jeu accessible à nos plus petits et où on peut jouer des mauvais tours ! Rafraîchissant, comme quand le Kaiju vient détruire notre radeau et pousser tout l’équipage à l’eau.
Une fin stressante
Au fur et à mesure du jeu, on a réussi à sauver quelques aventuriers mais on sent bien que tout le monde ne pourra pas rentrer au port. La pression monte, les créatures sont de plus en plus nombreuses et plus personne n’est en sécurité nulle part. Il ne faut pas céder à la panique et essayer de se servir intelligemment de ses dernières actions. Il va falloir tenter de faire accoster les derniers radeaux avant que la troisième tuile volcan soit révélée et mette ainsi fin à la partie et aux espoirs des derniers aventuriers qui n’ont pas encore atteint la terre ferme.
Si toutefois l’un des joueurs n’avait plus d’aventuriers à sauver, le jeu se serait davantage accéléré, car ce joueur aurait eu le droit de retirer 2 tuiles de l’île au lieu d’une. Ici pas le temps de s’ennuyer ! On joue la peur au ventre, jusqu’au bout ! Celui qui est resté sur l’île avec son ballon Wilson n’avait définitivement pas choisi la bonne stratégie… Il est temps de rassembler les survivants et de comptabiliser le revenu de nos trésors. On additionne les valeurs cachées sous les aventuriers survivants.
Le joueur ou la joueuse qui a le plus grand score remporte cette aventure palpitante. C’est vrai qu’il a détruit les radeaux de ses enfants avec les serpents de mer. Deux fois ! Oui, mais c’était bien joué !
Quelle est votre réaction quand vos enfants perdent à un jeu ?- Je les laisse gagner pour éviter les larmes
- J'en fais une leçon de vie sur la défaite
- Je les encourage à rejouer pour s'améliorer
- Je célèbre ma victoire (discrètement)
Survive the Island, verdict
Survive the Island est un jeu d’aventure à la fois de la vieille école et rafraîchissant. De la vieille école car c’est un jeu exclusivement familial qui provoque de la frustration par sa mécanique, et rafraîchissant car cela fait du bien de pouvoir sortir du tout collaboratif. Ce jeu peut être joué de façon pacifique ou agressive. Les adultes peuvent doser le degré de frustration et les enfants découvrent et expérimentent la collaboration, les coups bas, les trahisons, la vengeance dans un bel équilibre. Je pense que c’est le genre de jeu où plus on est de fous, plus on rit.
Faut-il laisser gagner vos enfants aux jeux ? La réponse (neuro) scientifique
Le scénario est déjà vu, mais efficace. Le jeu est très facile à prendre en main et bien fait. Le matériel rend l’aventure immersive. J’ai été positivement surpris par ce jeu. Ma fille de 9 ans a adoré tout comme celle de 5 ans. Bien sûr, elles étaient frustrées de voir le méchant papa détruire des radeaux et dévorer de courageux aventuriers nageurs. Mais je vous assure qu’elles ne se sont pas gênées pour me faire quelques vacheries.
On a aimé :
- La mécanique simple qui cache un vrai jeu de stratégie
- Les multiples façons de jouer (gentil ou fourbe)
- 40 ans après sa sortie, toujours aussi efficace pour traumatiser ses enfants (en toute impunité)
On a moins aimé :
- Le scénario aussi original qu’une pizza Margherita
- La qualité de certains éléments (un requin qui ressemble plus à un dauphin dépressif)
- Les chiffres sur les pions violets, visibles comme un ninja dans le noir
C’est plutôt pour vous si…
- Vous en avez marre d’être le parent qui laisse toujours gagner
- Votre motto secret est « que le meilleur gagne, et tant pis si c’est papa »
- Vous voulez apprendre à vos enfants que la vie n’est pas bisounours land
Ce n’est plutôt pas pour vous si…
- Vous pensez que « compétition » est un gros mot
- Votre enfant pleure quand son château de sable s’écroule
- Vous préférez les jeux où tout le monde s’aime et fait des câlins
- L’idée de pousser le radeau de votre progéniture vers un banc de requins vous dérange (franchement, détendez-vous !)
Survive the Island est un jeu palpitant, excitant qui offre (avec un peu d’intelligence) la subtilité de pouvoir doser le niveau de frustration. On prend plaisir à enchaîner les parties et le suspense est toujours au rendez-vous. Une bonne surprise ! À découvrir en famille.
Survive the Island : le seul jeu où être un mauvais parent fait de vous un bon joueur !
Très familial. Très fun. Très sadique. Très, très bon.
Note : 4.5 sur 5. Survive the Island chez Philibert Survive the Island chez Play-in- Date de sortie : Septembre 2024
- Langue : Française
- Assemblé en : Chine
- ITHEM : 4 sur 5. Pour en savoir plus sur l’ITHEM dans les jeux de société, c’est ici.
- IGUS : 5 sur 5. Pour en savoir plus sur l’IGUS dans les jeux de société, c’est ici.
- EcoScore : C. Si vous voulez en savoir plus sur l’EcoScore dans les jeux de société, c’est ici
- Label Dé Vert : Non. Pour en savoir plus sur le label Dé Vert, c’est ici.
- Création : Julian Courtland-Smith
- Illustrations : Mr Cuddington
- Édition : Zygomatic
- Nombre de joueurs et joueuses : 2 – 5 (idéal à 4 ou 5)
- Âge conseillé : Dès 8 ans (accessible avant – 6 ans)
- Durée : 45 minutes (30 minutes à 3)
- Thème : Aventure
- Mécaniques principales : Course, affrontement. Pour en savoir plus sur les différentes mécaniques de jeux, c’est ici.
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L’article Survive the Island : Quand trahir ses enfants devient un jeu de société est apparu en premier sur Gus & Co.