Il était une fois en 1932 bijoux de diamants de Chanel

Vous allez me dire que je parle souvent de Chanel, mais c’est que j’admire profondément la trajectoire de Gabrielle Chanel, mais aussi de Jeanne Lanvin, Jeanne Toussaint, Misia Sert, Madeleine Vionnet, Marguerite Durand et tant d’autres. Toutes ces femmes qui ont su se bâtir une vie, seule, alors même que la femme dument mariée était jugée incapable par la loi, imaginez alors le statut d’une célibataire !. Ces femmes qui ont créé des entreprises alors que la loi ne leur permettait pas d’ouvrir seule un compte bancaire (ce qui n’arrivera pour mémoire, qu’en 1965)

Ces femmes ont révolutionné leur monde dans la mode, la joaillerie, la presse. Non seulement elles ont apporté un souffle nouveau pour les femmes parce que c’était des femmes mais aussi parce qu’elles étaient créatives, imaginatives, anticipatrices elles ont osé et réussi ce que personne n’avait réalisé avant elles.

Si j’aborde la collection de joaillerie que Gabrielle Chanel a présenté en 1932, c’est parce que je pense que cette manifestation atypique à son époque et typique de son audace est aussi représentative du renouveau et des nécessaires adaptations qui nous attendent aujourd’hui.

1932 c’est pèle mêle l’année du bras de fer avec l’Allemagne qui ne veut plus ou ne peut plus payer les réparations de guerre, c’est la fondation du royaume d’Arabie saoudite, la création de l’Union des travailleurs nègres en Afrique, la guerre entre la Chine et le Japon. 

C’est un monde qui craque.

C’est un monde en crise économique depuis le krach boursier de 1929, qui devient un effondrement économique international. Et ces difficultés entrainent des changements sociaux profonds : la montée des extrémismes, la défiance à l'international et la xénophobie qui amènera à la guerre. On peut donc se référer à ces conséquences en analogie avec ce que nous vivons.

Dans ces circonstances, se lancer dans la joaillerie peut sembler dingue, risqué et même non approprié.

C’est pourtant ce que décide Gabrielle Chanel.

Elle qui s’est fait connaitre par ses bijoux faux, ses fausses perles qu’elles mêlaient au vraies. Elle décide de créer une collection en diamants.

Ce qui est sûr c’est que c’est la seule intrusion en haute joaillerie de son vivant car le département joaillerie ne sera créé qu’en 1993. Cette action avait donc un sens car Gabrielle Chanel était très souvent visionnaire : après tout son tailleur, sa petite robe noire et son pantalon n’avait pas plu à leur sortie, un petit peu trop en avance. 

Si elle crée cette collection unique de joaillerie c’est parce qu’elle est persuadée qu’en période de crise on se retourne vers des valeurs fondatrices : l’authenticité, l’innovation et la solidarité. 

Tout d’abord considérons l’authenticité

Ses matériaux sont authentiques, en vrais diamants et platines. Aucun mélange entre le vrai et le faux, au contraire de son style habituel.

Elle s’inspire de son ADN propre, les étoiles, la lune et la croix de Malte, qu’elle porte en elle depuis son enfance en compagnie des religieuses à l’abbaye d’Aubazine en Corrèze. 

Aujourd’hui on dire qu’elle a retrouvé en elle ses valeurs fondamentales.

Elle a su se baser sur des éléments de langage qui constituent son vocabulaire stylistique : les comètes, étoiles, soleils, franges, fontaines, rubans et plumes, et les a décliné en bijoux.

Toute seule, et envers tous, elle a su créer son ADN de marque et sa joaillerie, en one-shot, constitue son identité de marque : l’adaptation au temps, la ténacité, la thésaurisation sur les savoir-faire d’excellence.

Maintenant, explorons l’innovation

Tout d’abord, elle ne met pas en boutique mais elle crée une exposition, ce qui à l’époque est complètement inusité.

Ensuite ces bijoux ne sont pas disposés dans des écrins mais sur des mannequins de cire, pour l’époque mettre en scène son produit en porté véritable est une révolution.

Aujourd’hui on pourrait traduire par : elle a révolutionné l’espace de vente et l’expérience client.

Bien sûr il y a un diadème, un bijou de cheveux, un sautoir, les pièces nécessaires de l’époque. Mais son crédo de ne pas enfermer la femme dans une armure et lui rendre sa liberté de mouvement, qu’on connait très bien dans sa couture, elle le décline en joaillerie. Il y a donc un travail sur le sens du bijou et sur le porté des bijoux qui est très novateur pour l’époque. La palette chromatique est unique : le blanc, les formes sont simples et épurées, les fermoirs sont supprimés et les pièces sont transformables. Il y a même une bague entre-doigt ouverte dans sa collection, ce porté que l’on ne revoit que depuis seulement quelques années.

Enfin, développons la solidarité

L’exposition de « bijoux de diamants » est payante, 20 francs de l’époque. Ce qui voulait dire qu’elle était ouverte à tous et qu’elle devait être considérée comme un art et non un acte marchand. Et ces fonds sont dédiés à 2 œuvres la « Société de la charité maternelle de Paris » et « l’Assistance privée à la classe moyenne », reconnue d’utilité publique. 

Gabrielle Chanel avait déjà compris que dans les temps difficiles la solidarité doit exister et que les premiers à pouvoir et devoir l’exercer sont ceux qui représentent la puissance et le luxe. Comme on le voit aujourd’hui.

En janvier 2012, la maison Chanel présentera une collection « 1932 » inspirée de la joaillerie de Gabrielle Chanel. 80 pièces inédites à l’occasion du 80me anniversaire de « Bijoux de Diamants » qui respectent tous les codes de 1932. Simplement aux figures de Gabrielle Chanel, la Maison ajoutera le lion, animal fétiche et signe astral de Mademoiselle. Des bijoux de 1932 seule la broche comète existe encore et a pu être rachetée par la Maison qui la garde précieusement dans son patrimoine. 

Si cette collection vous intéresse vous pouvez lire l’ouvrage "Les Bijoux de Chanel" de Patrick Mauriès aux éditions de La Martinière.

Que l’esprit de Gabrielle Chanel continue à inspirer sa Maison.

Pour finir, je vais vous lire le Texte écrit par Mademoiselle Chanel pour le dossier de presse original de son unique collection de Joaillerie "Bijoux de Diamants" de 1932 :

« Les moyens les plus divers sont légitimes, dans la profession que j’exerce, pourvu qu’ils ne soient employés que dans le vrai sens de la mode. La raison qui m’avait amenée, d’abord, à imaginer des bijoux faux, c’est que je les trouvais dépourvus d’arrogance dans une période de faste trop facile. Cette considération s’efface dans une période de crise financière, où pour toute chose renaît un désir instinctif d’authenticité, qui ramène à sa juste valeur une amusante pacotille. 

Si j’ai choisi le diamant c’est parce qu’il représente, avec sa densité, la valeur la plus grande sous le plus petit volume. Et je me suis servie de mon goût de ce qui brille pour tenter de concilier par la parure, l’élégance et la mode » 

Ainsi se termine cette histoire d’Il était une fois le bijou. Si cette histoire vous a plu, partagez la autour de vous, pour vous aussi envoyer plein de bijou bisou et encouragez moi et en me mettant plein d’étoiles et de like.

A demain pour un prochain bijou, un nouveau bisou du soir

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