Caché sous une barbe bien charnue, Joseph nous ouvre les portes de son univers avec sensibilité. Son âme philosophe, affinée chaque année en contemplant son troupeau se remplir la panse, donne une puissante couleur à son témoignage. Au-delà de l'attachement pour son métier, on décèle une conscience maturée de ce qu'il représente et Joseph nous le partage avec sincérité.
Il a décroché à l'appel de la nature, des animaux et, surtout, de la cohérence. Bien qu'engagé dans des actions militantes politiques, il interrompt sa vie biarrote car "avant de changer les choses, il faut se changer soi-même". Ce retour à l'essentiel, c'est avec les brebis que Joseph le formalise. Elles sont parfois plus de 2000 à ses côtés. Rapidement, il prend la mesure du vide informationnel et du retard juridique des droits du travail de la profession de berger. Il décide donc d'ouvrir la voie et d'élever la voix via son compte instagram @Carnetdeberger, et de nous sensibiliser à son monde.
Avec Joseph, on a causé de l'histoire du métier de berger, de la disparition de la transhumance traditionnelle, du turnover chez les jeunes bergers, de l'écosystème du pastoralisme, de force mentale et physique, du lien avec les animaux et leur rôle fondamental dans l'équilibre de la biosphère, de philosophie et de liberté, de la prédation, du stress inhérent à la pratique, de la famille, de notre usage de la montagne, des conditions de travail difficiles et de sa vision sur l'avenir de la pratique pastorale.
Cette discussion est un plongeon dans l'essentiel, une longue vue sur ces pratiques ancestrales que notre monde ronge et un partage d'une puissante douceur.
Je vous laisse avec Joseph, qui m'a touché.
Bonne écoute.