Cette fois, on part la machine. Si l'épisode pilote débutait par la fin, celui-ci s’attelle aux commencements. Car qui dit naissance dit forcément La Chanson de Roland. La plus ancienne et la plus célèbre des chansons de gestes, l'histoire de Roland à Roncevaux charme. Si votre prof de cégep vous l'a enfourné dans l'gosier sans plus de cérémonies, nous comprenons qu'elle vous ait laissé un arrière-goût amer. Or, il serait dommage de passer à côté d'un tel récit. Car La Chanson n'est pas seulement un vieux texte. C'est celui de l'origine d'un peuple et, ultimement, de votre origine. Car Roland, c'est lui. Mais c'est aussi moi, c'est aussi vous.
Dans cet épisode, nous tâcherons de survoler les grandes lignes narratives de la geste que Turoldus declinet, mais également de creuser certaines questions qui pourraient avoir été occultées lors d'une lecture trop hâtive, surtout si cette dernière était perçue comme corvée collégiale: pourquoi s'écoule-t-il plus de 300 ans entre la rédaction de La Chanson et les événements qu'elle met en scène? pourquoi y tranche-t-on tant de Sarrasins alors que l'histoire carolingienne est claire sur le fait que ce sont les Basques chrétiens et non les Sarrasins musulmans que Charlemagne et ses troupes affrontèrent en ce fameux 15 août 778? et pourquoi ce Roland est-il passé à l'histoire comme héros national alors qu'il n'était, selon toute vraisemblance, qu'un comte à l'importance relativement mineure?