Abécéd’Air et de Feu - V de Vulve
Une chronique sonore d'Anne Mulpas - poème 9. Une lettre > un mot et le voyage commence, l'imaginaire se déplie, combine intime, social et politique, récit vrai et fictif, le quotidien et l'utopie au creux du poétique.

Merci à la comédienne et sororale Bénédicte Lesenne qui, prêtant sa voix, porte celles de l’autrice Monique Wittig, des l’historienne Eliane Viennot et de la philosophe Sarah Kofmann en même temps qu’elle endosse les propos de l’abbé de Cluny, Baudelaire et de Furetière. Merci à celles qui ont nourri la réflexion et peuplent les chairs de ce texte : ...Alice Coffin, Catherine Malabou, Chloé Deleaume, Luce Irigaray, Claudine Sagaert, Eliane Viennot, Judith Bernard, Carla Lonzi, Gina Pane, Catherine Breillat, Agnès Varda, Lise Wajeman, Liv Strömquist, les lesbiens de Vaucvulve... — et surtout Karin Bernfeld qui a fait naître cette neuvième lettre.

L’enfant-moi qu’elle est toujours raboule dans le texte telle la Fantine de Hugo avec son précieux petit bout de miroir. En vrai, c’est un vieux poudrier de la grande sœur dont elle a royalement hérité. Le sujet la taraude, la titille. Elle ne sait pas comment ça se nomme cet « endroit-là » — la Mère n’en parle jamais, elle demande simplement, au sortir de la salle de bain, si elle s’est bien lavée « partout ». Dans la voix de la Mère, l’enfant-moi sent que même lavé, frotté, rincé, réside toujours quelque chose de sale.

Partout = nulle part.

Alors que sait-elle, l’enfant-moi ?

1­ — qu’elle n’a pas de zizi

2 — qu’elle a « à la place de » des lèvres, c’est ce que lui a dit sa copine Christelle, fière d’expliquer au fond de la cour de récré que « nous les filles, on a une « bouchedubas » (en un mot) et donc des lèvres qui cachent un trou comme un gosier. Est-ce que ça parle ? On n’en sait rien.