Écouter une interview de Benoît Poelvoorde, c'est comme plonger dans un torrent de pensées vives, où l'absurde côtoie la réflexion profonde et l'humour se mêle à la sincérité. Lors du Festival international du film de comédie de Liège, l'acteur a captivé l'audience avec son franc-parler inimitable, lors de la promotion de son dernier film, L'Art d'être heureux. Pour la radio du cinéma, Manuel Houssais a eu l'occasion d'échanger avec lui. Il s'est livré sans retenue, révélant des réflexions excentriques sur l'art, l'humour et sa carrière.
L'Art et la Logorrhée : Portrait d'un Conceptualiste
L'Art d'être heureux met en scène un personnage à la fois érudit et absurde, Jean-Yves Machon, incarné par Benoît Poelvoorde. "Il est dans le verbe, l'érudition, et la logorrhée", souligne l'acteur. le personnage est un « sachant », un expert qui se perd dans sa propre dialectique, un portrait moqueur de ceux qui se prennent trop au sérieux. Pour Benoît Poelvoorde, ce personnage est un clin d'œil aux artistes contemporains qui exposent le vide et justifient l'injustifiable. Cette satire s'adresse aux intellectuels déconnectés, capables de transformer une simple planche à cabinet en objet d'admiration tant que la justification est présente.
L'Art d'être soi-même : Entre humour et introspection
Avec sa finesse légendaire, Benoît Poelvoorde jongle entre l'humour pince-sans-rire et des anecdotes qui oscillent entre le burlesque et la réflexion existentielle. "Je pense à une scène qui est appelée à devenir culte", raconte-t-il, évoquant François Damiens et une séquence comique sur l'identité belge. Ce moment représente parfaitement l'humour belge, selon Benoît Poelvoorde : "Nous avons un humour singulier que les Français peinent à comprendre." L’acteur décrit l'essence de cet humour comme imprévisible, parfois absurde, mais toujours teinté d'une authenticité désarmante.
Benoît Poelvoorde : Le Poids des Années et l'Envers du Décor
L'acteur a aussi surpris l'audience en abordant la fin imminente de sa carrière. "Je veux arrêter le cinéma parce que je me fais trop vieux", confie-t-il. Après plus de 30 ans sous les projecteurs, Benoît Poelvoorde sent que le temps est venu de passer la main. "Il faut laisser la place à la jeunesse", déclare-t-il, tout en évoquant les changements survenus sur les plateaux de tournage, où il faut désormais "mesurer ses mots et ses gestes". Outre sa carrière d'acteur, Benoît Poelvoorde dévoile sa passion pour la littérature, allant jusqu'à recommander des adaptations à des réalisateurs comme Luc Besson. Son amour des livres est un refuge, et il l'admet lui-même : "Je serais peut-être plus doué à lire des livres et à les conseiller aux gens qu'à continuer à jouer."
L'Humour comme Signature
Benoît Poelvoorde clôt cette interview en déclarant que même dans les pires situations, il préfère l'authenticité à la complaisance. L'humour, pour lui, est un moyen de défier la banalité et de donner un sens à l'absurde.
L'Art d'être heureux incarne cette philosophie : un film où la satire et l'introspection se rejoignent, offrant au public un regard à la fois critique et hilarant sur la société contemporaine et le monde de l'art.
PHOTO: Benoît Poelvoorde et notre correspondant Manuel Houssais au 9éme Festival International du Film de Comédie de Liège.