À l'occasion du 50e Festival du Cinéma Américain de Deauville, Notre reporter à Deauville, Laura Vandenhende n'a pas résisté au plaisir d'un petit selfie avec la réalisatrice Christy Hall , venue présenter son tout premier long-métrage, "Daddio", en compétition. Rencontre avec cette cinéaste prometteuse, qui aborde avec finesse et sensibilité les thèmes de la connexion humaine et de la rédemption.
La scène est simple : une course en taxi dans les rues de New York, entre deux étrangers. Pourtant, dans Daddio, Christy Hall choisit de laisser la ville presque en toile de fond pour se concentrer sur le dialogue intime entre ses deux personnages. « Je voulais vraiment embrasser cette idée de confinement, d’intimité », explique la réalisatrice, qui a volontairement refusé de surcharger son film avec des effets visuels ou une bande-son envahissante. « Beaucoup auraient été tentés de mettre en avant la ville, de l'utiliser comme une vitrine, mais je voulais que la force du film réside dans sa simplicité, son aspect claustrophobe. »
Une œuvre aux racines théâtrales
Christy Hall vient du théâtre, et cela se ressent dans Daddio, qui était à l'origine une pièce de théâtre. Pourtant, ce projet n'a jamais été monté sur scène avant de prendre forme sur grand écran. « Le fait que la pièce n’ait jamais été produite a finalement réduit les difficultés d’adaptation. Je n’étais pas enfermée dans une vision particulière », raconte la cinéaste. Pour elle, le cinéma permet de capturer la beauté de New York tout en conservant l’intimité nécessaire pour raconter cette histoire dans un espace clos, un taxi.
Une distribution de rêve pour un film indépendant
Alors que le projet prenait forme, Christy Hall a eu la chance de pouvoir compter sur une équipe d’acteurs de renom. « Dakota Johnson a lu le scénario et a tout de suite voulu rejoindre le projet », se souvient Christy Hall. À travers son amie Roe Donnelly, productrice associée avec Dakota Johnson, l'actrice s’est non seulement impliquée dans le film en tant qu’interprète mais également en tant que productrice. La surprise ne s’arrête pas là, car Dakota Johnson a également proposé le rôle principal masculin à son ami de longue date, Sean Penn. « Dakota est allée chez lui, elle lui a littéralement déposé le scénario en main propre. » Sean Penn, séduit par l'écriture, a accepté de rejoindre cette aventure cinématographique.
Un film sur l’importance du dialogue
Daddio est avant tout un film sur la communication, dans un monde où les relations humaines sont souvent médiatisées par des écrans et des filtres. « Nous vivons dans une société où les conversations réelles disparaissent. Ce film interroge ce que nous perdons en refusant de parler à la personne à côté de nous, en nous cachant derrière nos téléphones », explique Christy Hall dans cette interview. Selon elle, l’art de la conversation, en particulier entre des personnes venant d’horizons différents, est essentiel pour révéler notre humanité commune. « Si vous parlez assez longtemps avec quelqu’un, vous finirez par voir votre propre humanité reflétée en eux », ajoute-t-elle.
Un regard nuancé sur la masculinité
Si le film commence avec une vision plutôt dure des hommes – entre les textos reçus par le personnage de Dakota Johnson et le discours brut du chauffeur sur les femmes – la réalisatrice a voulu montrer qu’il est possible de dépasser ces stéréotypes. « J’aime flirter avec l’idée de clichés, pour ensuite les déconstruire », dit-elle. Le personnage de Sean Penn, bien que bourru au départ, révèle peu à peu une certaine tendresse, rappelant que derrière chaque façade se cache une complexité humaine.
Une première réussie à Deauville
Présenter son premier film à Deauville est un véritable honneur pour Christy Hall, qui se réjouit du parcours de Daddio, un film indépendant tourné en seulement 16 jours. « C’est un rêve devenu réalité. Je suis tellement heureuse de pouvoir partager ce film avec le public, et j’espère avoir la chance de revenir avec un autre projet », conclut-elle.
Avec Daddio, Christy Hall signe un premier film audacieux et émouvant, un huis clos porté par des dialogues percutants et une exploration subtile des dynamiques humaines. Une œuvre à découvrir le 4 décembre 2024 en salles.