Le premier long-métrage de Koya Kamura, Hiver à Sokcho, sorti en salles le 8 janvier 2025, est une adaptation du roman éponyme d’Élisa Shua Dusapin. Ce drame intimiste, réalisé par le cinéaste franco-japonais, explore des thématiques universelles à travers les questionnements identitaires d’une jeune femme en quête de ses racines.

Une adaptation guidée par une résonance personnelle

Koya Kamura, déjà remarqué pour ses courts-métrages, s’est lancé dans l’adaptation de ce roman récompensé par plusieurs prix, dont le prix Régine Deforges. Lors de cette interview donnée à Manuel Houssais pour La radio du cinéma, il a confié avoir été profondément touché par l’histoire de Soo-ha, héroïne métissée franco-coréenne, et par les thèmes abordés dans le livre.

Alors qu’il travaillait sur le phénomène japonais des disparitions volontaires, l’histoire de cette jeune femme, construite dans l’absence d’un père français, a fait écho à son propre métissage. Koya Kamura explique : « Les questions identitaires traversées par le personnage ont résonné profondément en moi, et adapter ce roman est devenu une évidence. » Ce parallèle personnel a guidé sa vision et enrichi sa mise en scène.

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Soo-ha, introspection et quête de sens

L’intrigue se concentre sur Soo-ha, 23 ans, interprétée par Bella Kim. Cette jeune Sud-Coréenne mène une vie monotone à Sokcho, une petite ville portuaire. Elle partage son quotidien entre son travail dans une pension, où elle croise des touristes de passage, et ses visites à sa mère, poissonnière spécialisée dans la préparation du dangereux fugu. Son petit ami, Jun-ho, mannequin aspirant, incarne une relation stable mais peu épanouissante.

L’arrivée de Yan Kerrand, écrivain français incarné par Roschdy Zem, agit comme un déclencheur. Leur langue commune, le français, devient un pont inattendu entre eux et ouvre un dialogue sur des questions profondes. À travers ce lien naissant, Soo-ha entreprend une introspection qui la pousse à explorer son rapport à son identité, à son corps et à son père absent.

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Un regard subtil sur l’identité et l’apparence

La Corée du Sud, où se déroule l’histoire, devient un miroir des questionnements de Soo-ha. Koya Kamura souligne le contraste entre l’héroïne, grande, aux yeux clairs et à la voix grave, et les standards physiques de la société coréenne, où la chirurgie esthétique est omniprésente. Cette quête identitaire s’incarne aussi dans les scènes où Soo-ha se regarde dans des miroirs, parfois sublimée en Joconde ou en Baigneuse de Courbet.

Le personnage de Yan Kerrand, dessinateur et observateur, amplifie ces interrogations. Par son regard artistique, il amène Soo-ha à s’interroger sur sa propre image et sur ce qui constitue son identité : ses origines, son apparence ou encore la langue qu’elle parle.

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  • En savoir plus sur les standards de beauté en Corée du Sud grâce à cet article de National Geographic.
  • Découvrez l’histoire de Sokcho et sa culture locale sur le site officiel du Tourisme en Corée.

Une mise en scène poétique et immersive

L’univers visuel du film, travaillé avec soin par Koya Kamura et sa chef opératrice Élodie Tahtane, contribue à l’immersion. Les scènes sont ponctuées par des séquences animées, réalisées par Agnès Patron, qui enrichissent le récit en exprimant les émotions et les pensées des personnages. Ces animations offrent un contraste avec les paysages hivernaux de Sokcho, dont la froideur renforce l’atmosphère mélancolique du film.

Les références visuelles vont du cinéma de Hirokazu Kore-eda au peintre danois Vilhelm Hammershøi et imprègnent l’esthétique du film. Cette combinaison d’influences confère à Hiver à Sokcho une identité visuelle singulière, où chaque image devient porteuse de sens.

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Un premier long-métrage prometteur

Avec Hiver à Sokcho, Koya Kamura livre une œuvre sensible et universelle qui dépasse les frontières culturelles. À travers le portrait de Soo-ha, le réalisateur explore des thématiques intemporelles : la recherche de soi, le poids des attentes sociales et le lien entre identité et apparence.

Ce premier long-métrage annonce un bel avenir pour le cinéaste, qui travaille sur son prochain projet, Évaporé, un polar d’auteur dans la zone dévastée de Fukushima.

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  • Pour en savoir plus sur les prochains projets de Koya Kamura, suivez son actualité sur Diaphana Distribution.

  • Découvrez les autres films présentés en janvier 2025 sur LaCinetek.