Le Festival International du Film de Comédie de Liège (FIFCL), unique en son genre en Europe, a célèbré cette année sa 9ᵉ édition. Véritable carrefour culturel, ce festival met à l’honneur un large éventail de comédies internationales : des comédies sociales aux drames teintés d'humour, en passant par des comédies musicales. La cité ardente de Liège devient ainsi le point de rendez-vous incontournable des amateurs de cinéma, dont Manuel Houssais pour la radio du cinéma.
Parmi les personnalités marquantes de cette édition figure Mariloup Wolfe, actrice et réalisatrice québécoise , connue pour son implication passionnée et son regard affûté. Après avoir présenté son film Arlette il y a deux ans, elle est revenue en tant que membre du jury des longs-métrages, sous la présidence de Carole Bouquet.
Une Mission de Jurée Prise Très au Sérieux
Lors de notre rencontre, Mariloup Wolfe a exprimé l’importance de son rôle en tant que jurée, marquant un point d’honneur à évaluer chaque film avec l’attention qu’il mérite. « Je prends ça très au sérieux », a-t-elle confié. Pour elle, juger un film nécessite à la fois une écoute attentive des autres membres du jury et une approche instinctive, car l’humour reste une notion profondément subjective. Ce sont les films qui laissent une empreinte durable, qui continuent de résonner bien après la projection, qui captivent l’actrice-réalisatrice.
La Subtilité : Clé de la Comédie Réussie
Mariloup Wolfe n’hésite pas à partager sa vision personnelle de la comédie. En tant que cinéphile avertie, elle avoue préférer les comédies fines et subtiles aux comédies « lourdes ». « Ce qui me plaît, c’est le jeu d’acteur et les nuances dans l’interprétation », explique-t-elle. Elle souligne l’importance des détails de réalisation et la capacité d’un réalisateur à surprendre par le rythme et l’originalité.
Parmi ses références, Le dîner de cons et Bienvenue chez les Ch’tis se démarquent comme des exemples d'humour qui font mouche, où la finesse du jeu d’acteur et le soin porté à l’écriture génèrent des moments de rire authentiques.
Le Cinéma, Un Révélateur de Sociétés
Le regard que porte Mariloup Wolfe sur le cinéma dépasse la simple dimension divertissante. Elle le perçoit comme un vecteur de discussion et de réflexion. « Le cinéma peut aborder tous les sujets et peut être profondément rassembleur », ajoute-t-elle. Pour elle, l’impact d’un film réside dans sa capacité à toucher le spectateur sur des aspects personnels et à susciter des réactions, qu’elles soient émotionnelles ou intellectuelles. Des thèmes comme la maladie, le deuil ou les relations familiales, qui résonnent particulièrement en elle, en sont de parfaits exemples.
Une Nouvelle Aventure Créative
Mariloup Wolfe vient de terminer le tournage de la troisième saison de Bêtes Noires, une série dramatique québécoise (Séries Plus, Polar+). « C’est un thriller où chaque saison change de réalisateur pour apporter une nouvelle signature », raconte-t-elle. Cette approche lui a permis d’explorer des genres inédits et de repousser les limites de son art. Les six nouveaux épisodes de cette série, seront livrés d’ici février 2025.
Un Festival, Une Rencontre de Talents
Le FIFCL offre une plateforme unique aux comédies internationales, en compétition ou hors compétition, attirant des figures emblématiques comme Nathalie Baye, Gérard Lanvin, et Josiane Balasko. Des expositions, des concerts et des rencontres professionnelles enrichissent l'expérience, consolidant la réputation du festival comme un événement à ne pas manquer.
Avec la participation de jurées comme Mariloup Wolfe, le festival s’assure d’un regard exigeant et bienveillant, empreint d’une sensibilité unique. « J’aime être ébranlée par un film, qu’il laisse une trace, qu’il transforme », résume-t-elle. Le FIFCL promet ainsi d’être une fois de plus une vitrine incontournable de la comédie, tout en rappelant que le rire, qu’il soit subtil ou explosif, est universel.
Le Festival International du Film de Comédie de Liège a consolidé sa place en tant que premier festival européen dédié à la comédie internationale, plus de 21 500 festivaliers ont participé à l’événement qui s’est déroulé sur cinq jours, avec des salles affichant un taux de remplissage de plus de 90 %, tant pour les projections que pour les rencontres.
Palmarès des longs métrages
Le Jury international, présidé par Carole Bouquet et composé de Frédéric Chau, Sarah Perles, Mariloup Wolfe, Jean-Yves Roubin, et Lionel Abelanski, a attribué les prix suivants :
- Taureau d'Or du Meilleur Film : Kneecap de Rich Peppiatt (Irlande) Lire ci-dessous
- Prix spécial : En fanfare d'Emmanuel Courcol (France)
- Prix d'Interprétation masculine : Pierre Lottin pour En fanfare (France)
- Prix d'Interprétation féminine : Juliette Bharucha pour La petite et le Vieux (Québec)
- Prix Longs métrages Be tv : À toute allure de Lucas Bernard (France)
- Prix Longs métrages RTBF : En fanfare d'Emmanuel Courcol (France)
- Prix Longs métrages de la Province de Liège : Kneecap de Rich Peppiatt (Irlande)
- Prix de la Critique : Kneecap de Rich Peppiatt (Irlande)
- Prix Longs métrages de l'UPCB : Kneecap de Rich Peppiatt (Irlande)
Palmarès des courts métrages
Le Jury des courts métrages, sous la présidence de Sarah Stern et composé de Bruno Sanches, Nicolas Descalles, Tiphaine Daviot, Anaël Snoek, et Manon Verkaeren, a récompensé :
- Taureau d'Or du Meilleur Court Métrage : Allez ma fille de Chloé Jouannet
- Prix du Meilleur Scénario : Extras de Marc-Antoine Lemire
- Prix Be tv Courts Métrages : Les gendarmes et les voleurs d'Adrien Guedra-Degeorges et Maxime Azzopardi
- Prix Premium Films : Les gendarmes et les voleurs d'Adrien Guedra-Degeorges et Maxime Azzopardi
- Prix spécial ARPI (Association des Réalisateurs-Producteurs Indépendants) : Allégresse de Gillie Cinneri
à propos du film Kneecap de Rich Peppiatt:
Le trio rap irlandais Kneecap, fondé en 2017 à Belfast, incarne un mouvement culturel et politique novateur. Composé de Moglai Bap (Liam Óg Ó Hannaidh), Mo Chara (Naoise Ó Cairealláin) et DJ Próvaí (J.J. Ó Dochartaigh), le groupe défie les conventions en fusionnant une attitude punk et une revendication identitaire forte. Leur nom, Kneecap, fait référence à une méthode controversée de l’Armée républicaine irlandaise, soulignant leur lien avec l'histoire tumultueuse de l'Irlande du Nord. Refusant de chanter en anglais, ils militent pour la protection de la langue irlandaise, devenant rapidement des icônes d'une jeunesse avide de redéfinir son identité culturelle.
Le cinéaste Rich Peppiatt, séduit par leur énergie et leur discours sans concession, a entrepris de capturer cette essence dans un film où les rappeurs jouent leur propre rôle. Le projet s’est transformé en un manifeste visuel mêlant chaos et précision, symbole du combat pour l'expression et la diversité. Le film est marqué par des effets de montage frénétiques et des clins d'œil cinématographiques, rendant hommage à des œuvres telles que Trainspotting et 8 Mile.
L’œuvre de Peppiatt saisit un moment clé, celui de la reconnaissance officielle de la langue irlandaise par le Parlement britannique en 2022, et témoigne de l’impact universel de la lutte pour préserver les cultures en péril. C’est un rappel poignant que, dans le bruit et la rébellion, réside une quête de liberté et d’identité partagée par de nombreuses communautés à travers le monde.