Depuis 2019, Laura Serani dirige le festival Planches Contact à Deauville, un événement qui fait dialoguer photographie, art contemporain et cinéma. Avec un regard nourri par son parcours entre images fixes et images animées, cette directrice artistique a fait du lien entre photographie et septième art l’une des signatures de ce rendez-vous . Zoom sur un évènement qui célèbre cette relation fertile entre deux univers artistiques, une interview de David Marmier pour la radio du cinéma


Un Parcours Inspiré par le Cinéma

Laura Serani est entrée dans le monde de la photographie par sa passion pour le cinéma. Ce médium, qu’elle considère comme une source d’inspiration majeure, a façonné son regard et son approche artistique. « Je suis arrivée à la photographie à travers ma passion pour le cinéma, » confie-t-elle. Ce lien est devenu une constante dans son travail, des expositions qu’elle a montées à la Fnac à des évènements consacrés à Pedro Almodóvar ou Luchino Visconti.

En 2019, alors qu’elle prend la direction de Planches Contact, Laura Serani rend hommage au réalisateur Claude Lelouch, dont Deauville est une ville emblématique grâce au film Un homme et une femme. Cet hommage s’est traduit par une exposition mêlant photos de tournage et récits cinématographiques, inaugurant une démarche où le cinéma nourrit continuellement la photographie.


Planches Contact : Une Photographie Cinématographique

Sous la direction de Laura Serani, Planches Contact s’impose comme un festival où la photographie et le cinéma s’entrelacent. Ce lien est particulièrement visible dans les résidences d’artistes, qui encouragent des narrations visuelles proches du langage cinématographique. « On invite les photographes à travailler sans filet, à expérimenter des formes inédites, souvent très proches de la dramaturgie du cinéma, » explique-t-elle.

Dominique Issermann : Une Poétique Visuelle Inspirée du Cinéma

L’une des expositions phares de l'édition 2024 met à l’honneur Dominique Issermann, photographe renommée pour ses collaborations dans la mode et la musique, mais aussi pour sa capacité à insuffler une esthétique cinématographique à ses œuvres. Ses images, exposées sur la plage de Deauville, évoquent des affiches de films, jouant sur le noir et blanc, la lumière et les contrastes. Selon Laura Serani, « l’exposition de Dominique Issermann est une pure poésie, comme un film visuel posé sur la plage. »

Phil Toledano : La Guerre Réinventée par l’Intelligence Artificielle

Autre exemple marquant, le travail de Phil Toledano, photographe britannique qui a utilisé l’intelligence artificielle pour recréer des scènes imaginaires du débarquement de Normandie. Ces images, d’un réalisme saisissant, rappellent les grandes fresques cinématographiques sur la Seconde Guerre mondiale, et transportent le spectateur dans une expérience immersive digne des films de Steven Spielberg.


Des Collaborations avec le Cinéma Américain

Cette 15e édition de Planches Contact a approfondi encore les échanges entre photographie et cinéma grâce à une collaboration avec le Festival du Cinéma Américain de Deauville. Le photographe Julien Mignot, en résidence, a capturé des moments uniques des projections en salle, dans une série d’images qui témoignent de l’émotion du public. Une partie de son travail est exposée au Square François André, offrant un regard inédit sur les coulisses du festival de cinéma.

Laura Serani voit ces collaborations comme une évolution naturelle : « Nous tissons des liens de plus en plus étroits avec le cinéma. Le langage visuel, qu’il soit fixe ou animé, a la capacité de raconter des histoires universelles qui touchent le spectateur au plus profond. »


Une Ville de Cinéma, une Ville d’Images

Deauville est depuis longtemps liée au cinéma, que ce soit par ses décors emblématiques ou son festival de cinéma américain. Planches Contact s’inscrit dans cette tradition en faisant de la ville un véritable studio à ciel ouvert. De la plage aux villas historiques, chaque lieu devient un décor qui inspire les photographes, à la manière d’un réalisateur choisissant son cadre.

L’histoire même du festival est marquée par cette volonté de capter l’essence narrative des lieux. En invitant des photographes à explorer librement le territoire, Laura Serani les encourage à travailler comme des cinéastes, développant des séries qui peuvent s’apparenter à des scénarios visuels. « La photographie, comme le cinéma, raconte des récits, » résume-t-elle.


Informations Pratiques

Le festival Planches Contact jusqu’au 5 janvier 2025 à Deauville, avec des expositions en plein air, sur la plage et dans des lieux emblématiques comme les Franciscaines. Retrouvez le programme complet sur planchescontact.fr.


Un Festival qui Célèbre les Histoires Visuelles

Planches Contact s’affirme comme un espace où les frontières entre photographie et cinéma s’effacent. Sous la direction de Laura Serani, le festival célèbre les récits visuels, qu’ils soient fixes ou en mouvement, et invite le public à une immersion totale dans l’image. Deauville, ville de cinéma, devient ainsi le théâtre d’une nouvelle exploration artistique où la photographie, inspirée par le septième art, joue le rôle principal.

Photographie: David Marmier  Radio du cinéma 2024