Le cinéma est un espace où les frontières entre fiction et réalité sont souvent floues, mais avec Le Garçon, coréalisé par Zabou Breitman et Florent Vassault, cette frontière se fait encore plus incertaine. Inspiré par un lot de photos de famille dénichées dans une brocante en 2020, le film offre une exploration vertigineuse de la mémoire , du temps et de l’identité, entre enquête documentaire et fiction poétique. Manuel Houssais a rencontré les deux protagonistes du film...

L’origine du projet : des photos retrouvées en brocante

Le point de départ de Le Garçon est surprenant : un album familial, constitué de 200 photos, acquises par hasard dans une brocante de la région parisienne. Parmi ces images, un jeune garçon, que l’on voit grandir à travers les âges, devient le centre d’une réflexion sur le temps et l’identité. Florent Vassault, qui a pris en charge la partie "recherche" du film, raconte qu’il a été particulièrement touché par le regard du garçon sur les photos, un regard qui ne pouvait pas laisser indifférent.

Les deux coréalisateurs n’ont pas tout de suite su quelle forme donner à ce matériau. Comme ils l'expliquent, leur travail a consisté à tâtonner, à chercher une voie qui pourrait rendre hommage à ce garçon inconnu, à son histoire et à son environnement. Ce travail de recherche, devenu une sorte de "jeu de piste", a mené Florent Vassault à visiter divers lieux inscrits sur les photos, entre la Bourgogne et la Normandie, dans le but de reconstituer les morceaux d’une histoire qui semble presque s’échapper à chaque étape.

Une construction à la croisée de deux films

Dès ses premières étapes, le projet a été un terrain de recherche où réalité et fiction se mêlent. Zabou Breitman, comédienne et réalisatrice, a puisé dans ces photos pour imaginer un pan de la vie de ce garçon. Elle s’est ainsi concentrée sur sa vingtaine, une période charnière qu’elle a voulue figer dans le temps pour en explorer les échos à travers les images. Ce procédé rappelle le travail de grands documentaristes comme Raymond Depardon, ou encore celui de Gilles Perrault avec Le Dossier 51, un autre film à la croisée des genres entre documentaire et enquête.

Les comédiens Isabelle Nanty et François Berléand incarnent les parents de ce garçon mystérieux. Leur présence à l’écran semble incarner la poésie de cette aventure où des personnages de fiction sont appelés à rendre hommage à un être dont on ignore presque tout, à part ce que la photographie laisse entrevoir.

Un film en quête de sens, mais aussi un hommage au cinéma

Le processus créatif qui a conduit à Le Garçon semble également une réflexion sur le rôle du cinéma et de la narration. Comment raconter une histoire à partir de fragments d’une vie, parfois sans savoir si ces fragments appartiennent à une réalité ou à une fiction ? "Ce film parle de ce que c’est que raconter une histoire". Mais à l’inverse des films "conceptuels" où le sens est souvent caché dans des jeux de formes, Le Garçon se veut un film populaire qui parle à tous.

Il faut dire que les deux réalisateurs sont avant tout guidés par une émotion commune : celle de toucher le spectateur par l’humanité des personnages, par leur poésie. En ce sens, Le Garçon se veut un film "en dehors des sentiers battus", qui n’entre dans aucune case préétablie, ni documentaire pur, ni fiction stricte.

Un film à découvrir pour son audace et son humanité

Les spectateurs qui se retrouveront dans l’univers de Le Garçon trouveront une invitation à une réflexion intime sur l’histoire, la famille et la manière dont les souvenirs se construisent et se racontent. Il ne fait aucun doute que ce projet hors norme va étonner et émouvoir, à partir du 12 février 2025.

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