Henri Guybet, né le 21 décembre 1936, est un nom qui résonne comme un symbole de l'âge d'or du cinéma comique français des années 1970 et 1980. Invité d'honneur du Festival international du film de comédie de Liège 2024, il revient, au micro de Manuel Houssais, avec tendresse et humour sur les moments marquants de sa carrière.

Les débuts au Café de la Gare et la comédie en héritage

Membre fondateur du légendaire Café de la Gare aux côtés de Romain Bouteille, Coluche, Patrick Dewaere et Miou-Miou, Henri Guybet a commencé sa carrière sur les planches avec passion. Cette aventure théâtrale l’a préparé aux seconds rôles marquants qui allaient faire sa renommée dans le cinéma.

Rabbi Jacob : la réplique culte et le vedettariat

« Salomon, vous êtes juif  ? » : cette réplique devenue iconique des Aventures de Rabbi Jacob (1973) symbolise parfaitement l'esprit humoristique de l'époque. Henri Guybet raconte avec malice sa première rencontre avec le réalisateur Gérard Oury : « Il m’a demandé si j’étais juif, j’ai répondu : Non, mais si le rôle est important, ça peut s’arranger ». Finalement choisi, il se rend compte, en lisant le scénario dans le métro, que son personnage allait bien au-delà d'une apparition de quelques jours. Le succès retentissant du film reste, pour lui, une fierté indélébile, comparant même cette expérience à l'exploit d'Armstrong sur la Lune !

Le Pion et le charme discret des rêves réalisés

Dans Le Pion (1978), Henri Guybet incarne un personnage attachant et rêveur qui touche les spectateurs par sa sincérité. Ce rôle a particulièrement marqué l'acteur, qui y voit le reflet des aspirations de tout un chacun. Malgré la concurrence féroce de Grease sorti 20 jours plus tôt, le film a su trouver son public grâce au bouche-à-oreille. Pour Henri Guybet, ce succès tardif confirme la magie du cinéma et l'importance des œuvres authentiques.

La complicité avec les géants de l'écran

Henri Guybet se souvient avec émotion de ses collaborations, notamment avec Louis de Funès. « C’était un homme charmant, passionné par la conversation et le jardinage », raconte-t-il. Il évoque aussi Michel Galabru, avec qui il partageait des moments mémorables, même sur des tournages moins prestigieux. Ces anecdotes illustrent l’humilité et l’humour de Guybet, qui n’a jamais craint de se retrouver dans des films qu’il qualifie lui-même de « cagnottes ».

Flic Story : un rôle sérieux et une amitié inattendue avec Alain Delon

Henri Guybet a aussi montré sa capacité à incarner des rôles plus graves, comme dans Flic Story (1975) aux côtés d'Alain Delon. Après des débuts quelque peu réservés sur le plateau, il raconte avec humour l’évolution de leur relation : « Le premier jour, c’était Bonjour Monsieur, et au troisième jour, c’était Comment vas-tu, Henri ? ». Une amitié qui a marqué l’acteur et qui témoigne de la complexité des interactions sur les plateaux de tournage.

La voix de Rex dans Toy Story : l’empreinte d’une doublure inoubliable

Pour les plus jeunes, Henri Guybet est surtout connu comme la voix française de Rex dans la saga Toy Story. Ce rôle de doublage, qui lui a valu une lettre de félicitations d’Hollywood, est pour lui une expérience curieuse et émouvante. « Porter sa voix à un personnage de dessin animé, c’est très étrange, mais c’est aussi magique », confie-t-il.

La transmission du flambeau

L’acteur parle avec fierté de son fils, Christophe Guybet, (Gérard Le Champère dans Emily in Paris) également comédien, qui poursuit sa carrière sur les scènes internationales. « Le fils doit toujours être meilleur que le père », dit-il.

Liège et la Belgique : un accueil chaleureux

Henri Guybet exprime sa joie d’être invité au festival international du film de comédie de liège. « La Belgique, c’est formidable, on a l’impression d’être à l’étranger tout en comprenant parfaitement la langue », souligne-t-il avec son sens habituel de la formule.