Nous revenons avec Johann Bedel Navarro, secrétaire général de la CFDT Cheminot Occitanie, sur les mouvements sociaux qui s'annoncent à la SNCF. Il nous dit quelle sont les raisons de la grève.
La période des fêtes de fin d'année pourrait être marquée par une paralysie du réseau ferroviaire français. Les syndicats de la SNCF ont appelé à une grève illimitée et reconductible à partir du mercredi 11 décembre à 19h. En toile de fond : des tensions sur l'avenir de Fret SNCF et des inquiétudes concernant l'ouverture à la concurrence du rail en France.
Un mouvement social de grande ampleur annoncé
Les organisations syndicales CGT-Cheminots, Unsa-Ferroviaire, Sud-Rail et CFDT-Cheminots ont lancé un double appel à la mobilisation : une grève initiale prévue du mercredi 20 novembre à 19h jusqu'au vendredi 22 novembre à 8h, suivie d'un mouvement reconductible à partir du 11 décembre. Cette grève illimitée menace directement la circulation des trains pendant les fêtes de fin d'année, notamment pour les départs en vacances de Noël.
Pourquoi les syndicats se mobilisent-ils ?
Le point de crispation principal est la disparition de Fret SNCF, programmée pour le 1er janvier 2025. Leader du fret ferroviaire en France, cette entité publique sera remplacée par deux sociétés privées : Hexafret , pour le transport de marchandises, et Technis , pour la maintenance des locomotives. Ce démantèlement s'inscrit dans un plan de discontinuité imposé par la Commission européenne pour éviter une procédure de redressement.
Les syndicats dénoncent une « liquidation déguisée » et exigent un moratoire pour préserver les emplois des 5 000 salariés concernés et garantir une transition moins brutale. Ils alertent également sur le flou entourant les droits sociaux des employés transférés dans les nouvelles structures.
Un conflit qui va au-delà de Fret SNCF
Les syndicats critiquent plus largement l'ouverture à la concurrence du rail français, qui fragilise selon eux les garanties sociales des cheminots. Dès décembre, certains employés de SNCF Voyageurs seront transférés dans des filiales de la SNCF spécialement créées pour répondre aux appels d'offres régionales pour les réseaux TER, Transilien et Intercités.
Ce morcellement du réseau entraînerait, selon les syndicats, une révision à la baisse des droits sociaux, chaque filiale exploitée sous des conditions spécifiques dictées par la concurrence. Ils dénoncent une « privatisation progressive » et une « balkanisation » de la SNCF.
Quels impacts pour les usagers ?
Le mouvement social risque de perturber significativement le trafic ferroviaire à une période cruciale de l'année. Si la grève illimitée débutant le 11 décembre est déclenchée, de nombreux usagers pourraient voir leurs trajets de fin d'année compromis. Toutefois, les syndicats insistent sur le fait qu'il reste du temps pour négocier et éviter une paralysie des trains pendant les fêtes.
Un appel au dialogue social avant Noël
Les syndicats plaident pour une reprise des discussions avec la direction de la SNCF et les autorités publiques. Ils espèrent qu'un compromis pourra être trouvé avant que le conflit ne pénalise les usagers. À ce jour, les négociations semblent au point mort, mais le temps restant avant les fêtes de fin d'année pourrait offrir une chance de désamorcer cette crise.