Des bruits de bottes se sont fait entendre aux portes de l'Europe début décembre. Ce ne sont malheureusement pas ceux des pas de Saint Nicolas, mais ceux des talons des soldats russes qui se massent à la frontière ukrainienne. Les tensions entre les deux pays restent vives depuis l'annexion de la péninsule de Crimée par la Russie en 2014. Selon une note du renseignement américain citée par le Washington Post, Moscou préparerait une offensive pour l'année prochaine mobilisant jusqu'à 175.000 hommes.

L'armée russe concentrerait ainsi ses forces sur quatre points stratégiques, avec une cinquantaine de groupes tactiques de combat. Les services ukrainiens se préparent aussi et craignent une «escalade d'envergure» des forces russes fin janvier. Le ministre de la Défense ukrainien Oleksii Reznikov a affirmé devant le Parlement de son pays que son voisin avait entamé des «exercices militaires» et «testait ses moyens de communication».

Face à cette démonstration de force, la réponse occidentale a été ferme: le 7 décembre, Joe Biden a fait savoir à Vladimir Poutine lors d'un sommet virtuel qu'il s'exposait à de «fortes sanctions, entre autres économiques». Le président russe a répondu en s'inquiétant d'une éventuelle expansion de l'OTAN à l'Est de l'Europe, quand le conseiller diplomatique du Kremlin rappelait, en substance, que l'armée russe avait bien le droit de faire ce qu'elle voulait sur son territoire.

Si l'Union européenne n'a pas été conviée, le président des États-Unis s'est entretenu avec quatre chefs d'États européens –français, allemand, italien et britannique– pour affirmer l'engagement de ces pays à «agir pour maintenir la paix et la sécurité en Europe», qui ont fait part de leur détermination à faire en sorte que la souveraineté de l'Ukraine soit respectée.
On a encore une fois le sentiment de se retrouver à la veille d'une troisième guerre mondiale, comme souvent avec la Russie. Mais a-t-on affaire à un énième coup de pression de Vladimir Poutine pour contenir l'OTAN et pour essayer d'exister sur la scène internationale? Ou y a-t-il de vraies raisons de s'inquiéter?

Le monde devant soi est un podcast hebdomadaire d'actualité internationale présenté par Christophe Carron, avec Jean-Marie Colombani, directeur de la publication de Slate.fr, et Alain Frachon, éditorialiste au Monde spécialisé dans les questions internationales.
Musique: «True Messiah (LilRod Edit)», DJ Freedem
Réalisation et montage: Aurélie Rodrigues