Auteur du "Deuxième sexe" et militante engagée auprès du "Mouvement de libération des femmes" (MLF) dans les années 1970, Simone de Beauvoir est considérée par les féministes comme une figure tutélaire.


Par ailleurs, son long compagnonnage avec Jean-Paul Sartre, dont elle a partagé certains combats, comme celui pour la décolonisation, lui ont ajouté une aura intellectuelle que rien ne semblait pouvoir ternir.


Et pourtant, des témoignages et des livres récents tendent à déboulonner la statue que ses thuriféraires ont érigée à Simone de Beauvoir.


Amour de midinette et passivité politique


Des militantes féministes ont exprimé leur déception face à une femme qui fut l'une des premières à incarner leur combat. Elles lui reprochent ainsi d'avoir connu plusieurs relations lesbiennes sans jamais reconnaître sa bisexualité ni prendre ouvertement la défense de l'homosexualité.


Par ailleurs, la relation que noua Simone de Beauvoir avec le romancier américain Nelson Algren ne laisse pas non plus de les décevoir. D'aucuns, en effet, comparent cet amour exclusif et sensuel à une passion de midinette.


D'autant que la philosophe s'y comporte comme la femme soumise qu'elle dénonçait dans ses écrits, prête à se contenter des tâches ménagères.


Quant à l'engagement politique de l'écrivain, il sème aussi le doute parmi ses partisans. À vrai dire, la politique ne passionnait guère Simone de Beauvoir. Elle ne s'y intéressera quelque peu qu'après la guerre, sous l'influence de Sartre.


Durant l'Occupation, elle semble surtout se consacrer à son œuvre. Ses détracteurs lui reprochent d'avoir travaillé à "Radio Vichy" et d'être restée passive tout au long de la guerre.


Ses partisans rappellent que Simone de Beauvoir aurait fondé, avec Sartre, un mouvement de résistance, "Socialisme et liberté". Cependant, l'existence de cet organisme paraît très douteuse à certains historiens.


D'autres aspects de sa personnalité, comme son goût pour les très jeunes femmes, dont plusieurs de ses élèves, ou son addiction à l'alcool, peuvent encore lézarder l'image de la militante engagée. On peut aussi penser que, pour une femme qui avait très tôt dénoncé le corset des conventions bourgeoises, c'était une manière d'assumer sa liberté.



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