Par Smart Food comprenez “alimentation intelligente”. Elle consiste à proposer aux consommateurs des produits faciles à transporter, compacts et complets d’un point de vue nutritionnel. Le « smart-food » est un repas principalement sous forme de poudre à diluer dans de l’eau ou sous forme de barres alimentaires.

Selon un sondage réalisé par Qapa.fr, les Français n’ont pas le temps de manger le midi. En 2015, 80 % d’entre eux ne dépassent pas les trente minutes pour leur repas. Ainsi, 44 % des actifs ne s’octroient qu’entre vingt et trente minutes de pause et 27 %, entre dix et vingt minutes. 1 % ne prend même pas la peine de se nourrir le midi.Le but de la SmartFood est de couvrir les besoins nutritionnels à 100% en remplaçant efficacement un repas, sans carences donc.

Certes ! L’alimentation, en temps normal, stimule l’ensemble de nos sens : la vue, le toucher, l’odorat, le goût et même l’ouïe. Identifier visuellement les aliments qui entrent dans la composition d’un plat, sentir les arômes qu’ils dégagent, reconnaître les différentes saveurs en bouche, toucher un aliment ou l’entendre craquer sous la dent : des stimuli perçus par nos cinq sens concourent à nous mettre en appétit, et déclenchent les mécanismes physiologiques liés à la digestion.

De plus, les repas liquides nous dispensent de mastiquer. Or la mastication joue un rôle essentiel dans l’alimentation. Celle-ci est directement à l’origine de la sensation de satiété, dont le cerveau envoie le signal environ quinze à vingt minutes après le début du repas.

Enfin, avec les substituts en poudre, le repas est directement ingéré sous une forme proche de celle d’un bol alimentaire, mettant au chômage technique une partie des organes de la mécanique digestive. Cela entraîne logiquement une perturbation dans les signaux échangés avec le cerveau, l’organe qui régule le processus de nutrition. Sans parler, à la longue, de l’atrophie des muscles de la mâchoire qu’on ne sollicite plus, susceptible d’entraîner des problèmes dentaires.

Depuis toujours l’industrie agroalimentaire exploite les techniques du marketing pour valoriser ses préparations industrielles en procurant l’illusion de l’authenticité, jouant sur les photos de présentation (non contractuelles), puisant dans le lexique de la gastronomie pour baptiser ses plats, ou en s’achetant la caution d’un chef cuisinier. Bruno Chabanas est interne de médecine en Santé publique, nutritionniste et ingénieur en agroalimentaire. Il est l’auteur du blog « Nutrition VS Placebo ». Il s’est penché sur la composition de ces boissons-repas et son analyse est sans appel : « Lorsque la marque Feed prétend fournir des repas complets, nutritionnellement parfaits, qui n'occasionne aucune carence, cela fait référence à une vision partiellement obsolète de la nutrition. Une approche qui a inspiré la création des fameux “apports nutritionnels conseillés” (ANC, auxquels font référence les informations nutritionnelles présentes sur les emballages alimentaire, séduisant par sa simplicité : en quelque sorte, l’alimentation apparaissait sous la forme d’une simple équation, avec des variables faciles à isoler. » Autrement dit, satisfaire les ANC ne suffit pas à être en bonne santé.


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