Lundi 29 janvier, nous étions au studio en compagnie de Jean-Yves Leloup, (journaliste, chroniqueur radio et commissaire d’exposition), NSDOS (danseur, artiste et producteur) et Chloé Magdelaine(Beat à l’air/Mutek). Ils ont tenté d’apporter des éléments de réponse à notre thématique : les arts numériques sont-ils le futur des musiques électroniques ?

Il semblait judicieux de rappeler ce qu’on appelle art numérique aujourd’hui et en quoi il consiste. Pour beaucoup, cette notion est née en 1850 avec le compositeur Richard Wagner et son essai intitulé «L’oeuvre d’art du future». Concrètement, Wagner avait appliqué une fusion des arts pour un opéra. En mettant ses spectateurs dans la pénombre, entourés d’une réverbération sonore et de jeux de lumières travaillés, ces derniers pouvaient pleinement se concentrer sur la performance principale, à savoir l’opéra. Aujourd’hui, les arts numériques liés à la musique utilisent cette même notion mais profitent de matériaux technologiques et innovants pour des projets futuristes d’envergure.

Est numérique ce qui relève des nombres. En opposition à l’analogique, le numérique est la représentation d’informations par des caractères tels que les chiffres ou des valeurs. En partant de cette stricte définition, on comprend que les arts qui utilisent la technologie, l’ingénierie, la science, les logiciels, la vidéo, le corps humain et bien sûr la musique au service d’expériences sensitives, de créations uniques sont appelés arts numériques.

Avant de s’appeler numériques, les arts que l’on va évoquer ce soir étaient multimédias. Dans les années 90, la production d’oeuvres interactives est foisonnante et l’apparition du Net Art, où pratique artistique utilisant internet comme matière première, démontre que les possibilités sont infinies.

En 1986, l’artiste canadien David Rockeby mettait au point un logiciel dont le concept est encore utilisé aujourd’hui : le mouvement du corps crée le son. L’an dernier, notre invité NSDOS était allé plus loin : grâce à une caméra, des capteurs et des circuits imprimés, l’artiste avait créé de la musique grâce à des vers de terre dans un bocal. Leurs mouvements, captés et reliés à de la technologie, générait des nappes de sons qu’NSDOS utilisait ensuite pour produire des morceaux. En 2018, l’innovation et la technologie sont à leur apogée et ne limitent plus la pratique artistique, qui n’a plus qu’à laisser libre cours à son imaginaire.

Avec toutes ses pratiques, ses techniques, ses matériaux et ses idées, les arts numériques liés aux musiques électroniques possèdent une réelle dynamique. On commence même à parler de culture digitale, synonyme du numérique, qui englobe arts numériques et musiques électroniques en une seule et même discipline.