À en croire ses proches, et celles et ceux qui l’ont côtoyé, DJ Mehdi était quelqu’un de très généreux et de très curieux. Il allait vers les autres ; les autres gens, les autres musiciens et les autres musiques aussi. 


Comme il nous l’avait raconté, c’est autant Prince que Nono le Robot ou Cheb Khaled qui ont fait son éducation musicale. Alors quand il rencontre au milieu des années 90 Philipp Zdar et Boombass du groupe Cassius très vite, il réalise qu’ils ont commun la passion des sons produits au scalpel et l’absence d'œillères en matière de musique. Enfin, DJ Mehdi qui s’est un peu resserré sur le rap depuis quelques années reprend conscience qu’à l’origine il aime toutes les musiques. Il admire que le duo puisse produire pour MC Solaar et en même temps sortir des disques de house, de trip hop, ou de techno en tant que la Funk Mob. 


Jusqu’ici pour lui la musique électronique était synonyme d’eurodance un peu trash. Mais dans nos studios il croise Gilb R ou Loïk Dury qui vont lui glisser quelques vinyles de house de Chicago ou de techno de Détroit, qu’il va écouter avec beaucoup de sérieux. Mehdi réalise surtout qu’avec les mêmes machines dont il se sert tous les jours, on peut produire un son totalement différent. Déjà, les goûts musicaux de Mehdi ont évolué. Mais il lui reste encore à faire ce chemin en tant que producteur. 


Et c’est en une nuit, en une soirée que tout va changer. En 1997, les Cassius l’invitent à une soirée Respect à New York où jouent notamment les Daft Punk. Et forcément, leur manager Pedro Winter, est là. Ensemble, ils se marrent, Pedro raconte combien il aime l’EP Truc de Fou du 113 qui vient de sortir, ils discutent de la Mafia k1 Fry et ils deviennent meilleurs amis. C’est d’ailleurs pour ça que Pedro Winter est ce soir l’invité du Nova Club avec notamment Mokobé. Mais cette nuit-là de 1997, on peut la visualiser comme un virage artistique. Par amitié, mais aussi par profond respect de son travail, Pedro propose à DJ Mehdi de le signer sur son tout nouveau label : Head Banger. Il lui propose aussi de continuer à produire du rap, mais lui fait écouter les disques phares des Masters At Work, de Jeff Mills, des Neptunes.    Sans trop hésiter, il dit oui. 


Mais il ne sait pas comment ses amis d’enfance vont réagir. A propos de ce virage, qui va finalement prendre plus de temps que prévu, Manu Key racontera que quand ils surprenaient DJ Mehdi en train de produire des trucs, et je cite, plus boom boom - Dj Mehdi répondait : “vous inquiétez pas, c’est pas pour vous ça, c’est un truc que je fais pour moi”. 


C’est vrai qu’il a même commencé à travailler sur un album entier d’instrumentaux bien plus électroniques que ses précédents beats. Et qu’il a envie de le sortir en son nom propre. Mais, ça ne va pas se passer comme ça. Et c’est tant mieux puisque ce sera son plus grand succès - avec le 113. 


Et ça c’est le sujet du prochain épisode. En attendant, on écoute parmi ses premières productions électroniques, en 1999. C’est la première fois qu’il se sert de ce sample de Kraftwerk, c’est signé sous l’alias Cambridge Circus avec le 113. C’est Camille Groult Starr sur Nova