Comment organisait-on l’éducation des enfants pauvres à l’époque moderne en France ?

Passion Modernistes

Aurélie Perret au micro de Passion Modernistes

Depuis 2015 Aurélie Perret fait une thèse « L’éducation des enfants pauvres dans les villes d’Ancien Régime : Lyon, Rouen et Reims 1659 – 1791 », sous la direction de Albrecht Burkardt à l’université de Limoges.

Histoire de l’éducation

Son travail consiste en une étude en profondeur de l’éducation donnée aux enfants pauvres. Aurélie traite donc à la fois des écoles et de leurs fondations, des maîtres et des maîtresses, des élèves, des théories pédagogiques, mais aussi, grâce à des sources inédites, elle me propose de rentrer en sein des classes pour traiter la réalité des pratiques enseignantes.

Il y a une éducation pour les pauvres dès l’époque moderne. (Aurélie Perret)

L’image de l’éducation sous l’Ancien Régime est celle d’une éducation exclusivement cantonnée à la sphère des élites. Dans la pratique, on a affaire à la mise en place de petites écoles de charité à destination des enfants pauvres, filles et garçons, au sein des villes dès la première moitié du XVIIe siècle. Ce phénomène, relativement peu étudié en ce qui concerne l’éducation des filles pauvres, fait face à un vide historiographique conséquent qui amène aujourd’hui à une relecture des sources archivistiques sous l’aspect de l’histoire du genre, mais aussi de l’histoire de l’éducation populaire et de l’histoire sociale.

Abraham Bosse, La maîtresse d’école, eau-forte, v. 1638 (source site de la BNF)

Un réseau d’écoles

Dans sa thèse Aurélie Perret travaille surtout sur la ville de Lyon, mais aussi sur Rouen où Nicolas Barré, fondateur de la congrégation des sœurs du saint Enfant Jésus et d’une école de filles pauvres, a eu des contacts avec celui des écoles lyonnaises, Charles Démia. Elle s’est également intéressée à Reims où le prêtre Nicolas Roland, fondateur d’écoles destinées aux enfants pauvres et directeur de conscience de Jean Baptiste de la Salle (fondateur des Frères des écoles Chrétiennes, dévoués à l’éducation des garçons pauvres) a lui aussi eu des contacts avec Nicolas Barré.

Ces trois espaces urbains ne sont donc pas choisis au hasard puisque les trois pédagogues principaux de ces villes ont eu des contacts. Les populations cibles de ces petites écoles : les « enfants pauvres » sont également originaires des mêmes milieux socioprofessionnels puisque le contexte urbain est sensiblement le même.

Cahiers d’Inspection conservés aux Archives Départementales du Rhône.

Pour aller plus loin sur le sujet voici une bibliographie sélectionnée par Aurélie :

  • Guy AVANZINI, René CAILLEAU, Anne-Marie AUDIC, Pierre PÉNISSON, Dictionnaire historique de l’éducation chrétienne d’expression française, Paris, Edition Don Bosco, 2010
  • Xavier BISARO, « L’instruction méthodique pour l’école paroissiale (1654-1669), projet Cantus Scholarum
  • Roger CHARTIER, Marie-Madeleine COMPERE, Dominique JULIA, L’éducation en France du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, SEDES, 1976
  • Michel FIEVET, L’invention de l’école des filles des amazones de Dieu aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Imago, 2006
  •  Roger GILBERT, Charles Démia (1637-1689), Fondateur lyonnais des petites écoles de pauvres, Lyon, ed. Robert, 1989
  • Bernard GROSPERRIN, Les petites écoles sous l’Ancien Régime, Rennes, Ouest France, 1981.
  • Aurélie PERRET, « Les petites écoles dans le Limousin au XVIIe et XVIIIe siècles », Atlas Historique du Limousin, disponible en ligne, 2017.

Les références des extraits des oeuvres diffusées dans cet épisode :

Ce très beau générique a été réalisé par Julien Baldacchino (des podcasts Stockholm Sardou, Radio Michel, Bulle d’art…) et par Clément Nouguier (du podcast Au Sommaire Ce Soir).

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