Comment les bourgeois se divertissent au XVIIème et XVIIIème dans leur quête de noblesse ?

Passion Modernistes

Thomas Fressin

Lors de l’enregistrement de ce podcast, Thomas Fressin était en troisième année de thèse à l’université Côte d’Azur. Son sujet : “Des bourgeois en quête de distinction : Les chevaliers des nobles jeux de l’arc, de l’arbalète et de l’arquebuse. (XVIIe-XVIIIe s.)”, sous la co-direction de Pierre-Yves Beaurepaire & Hervé Drévillon.

 

Une nouvelle forme de sociabilité

A partir du XVIIe siècle, l’Europe connait une « révolution associative » majeure, où de nouveaux espaces de convivialité et de sociabilité restreinte émergent. C’est durant cette période qu’apparait également, dans le milieu urbain, une forme de sociabilité méconnue : les compagnies privilégiées de la milice bourgeoise.

Choisissant de s’exercer à un noble jeu, c’est-à-dire l’arc, l’arbalète et l’arquebuse, mais également la couleuvrine, du canon, de l’épée, du pistolet ou encore de la navigation, ces institutions s’affilient à l’histoire des anciennes confréries militaires des villes, nées au Moyen Âge des libertés urbaines et de l’obligation de se défendre par ses propres moyens.

 

Des compagnies privilégiées

Trouvant une place particulière au sein des milices bourgeoises, ces compagnies sont privilégiées par de nombreuses patentes. Elles finissent par se distinguer des compagnies ordinaires de la milice urbaine sur lesquelles elles exigent le pas. Nous les retrouvons sur une grande partie du royaume de France, sans tenir compte de la hiérarchie urbaine, des villes bien peuplées comme Caen à des petites villes comme Sézanne en Champagne.

Bien que les chevaliers des nobles jeux tentèrent de conserver leurs statuts particuliers, l’Assemblée nationale finit par dissoudre ces compagnies privilégiées, par décret du 12 juin 1790. Une fois fondues dans la garde nationale, quelques mois plus tard, l’Assemblée nationale finit par faire de leurs meubles et immeubles des biens nationaux. Il faut alors attendre le premier Empire pour que de nouvelles compagnies des nobles jeux se reconstituent selon les anciens usages.

Pour parler de ses recherches au quotidien, Thomas Fressin a ouvert un compte Twitter spécialement dédié à sa thèse, ainsi qu’un compte de chercheur personnel.

Le tir aux buttes, ou Le tir à l’arc aux berceaux. Toile attribuée à TENIERS David, 17e siècle, Musée de l’Archerie et du Valois

Pour en savoir plus sur cet épisode Thomas vous conseille les lectures suivantes :
  • Pierre-Yves BEAUREPAIRE. Nobles jeux de l’arc et loges maçonniques dans la France des Lumières : enquête sur une sociabilité en mutation. Editions Ivoire-Clair, 2002
  • T. FRESSIN et M. ROUX. Le bouquet provincial, fête traditionnelle de l’archerie (fiche d’inventaire du patrioine culturel immatériel). Ministère de la Culture, 2014
  • T. FRESSIN et M. ROUX. Le tir beursault, pratique traditionnelle du tir à l’arc (fiche d’inventaire du patrioine culturel immatériel). Ministère de la Culture, 2014
  • Christine LAMARRE. “Les jeux militaires au XVIIIe siècle. Une forme de sociabilité urbaine négligée”. In : Histoire urbaine, 5 (2002). p. 85–103
  • Françoise LAMOTTE, Les compagnies du papegay en Normandie, p. 39-47 et Les arquebusiers de la confrérie de Sainte Barbe d’Aix-en-Provence, p. 79-91 dans Jeux et sports dans l’histoire, Actes du 116e congrès national des Sociétés Savantes, Chambéry, 1991, Paris, 1992, section d’histoire moderne et contemporaine, t. 2, Pratiques sportives.
Dans cet épisode vous avez entendu les extraits des chansons suivantes :
  • Philippe Sarde – La fille de d’Artagnan (Extrait de la BO du film « La Fille de d’Artagnan »)
  • Jacques Brel – Les bourgeois

Ce très beau générique a été réalisé par Julien Baldacchino (des podcasts Stockholm Sardou, Radio Michel, Bulle d’art…) et par Clément Nouguier (du podcast Au Sommaire Ce Soir).

Si cet épisode vous a plu, je vous conseille d’écouter l’épisode 7 de Passion Médiévistes qui porte sur les tournois de chevalerie et les pas d’armes.