Ce mois-ci, dans Chroniques àMER, on vous parle de ce qui se passe dans la région de la mer Egée, plus particulièrement pour les personnes qui traversent depuis les côtes turques vers les îles grecques.

Lorsque certain.es d’entre-nous ont commencé à faire des permanences, en 2018, la situation à cette frontière était bien différente. Les personnes en mouvement y subissaient déjà des violences et des violations des droits humains mais en mer, les garde-côtes semblaient respecter les règles du jeu, c’est-à-dire du droit maritime international. Lorsque des bateaux franchissaient la frontière maritime entre la Turquie et la Grèce, ils allaient secourir les personnes à bord et les amenaient à terre, en Grèce. Et puis d’un coup, en mars 2020, tout bascule. Toutes les embarcations qui tentent la traversée sont systématiquement attaquées, les moteurs volés, les personnes violentées et repoussées vers la Turquie. Et même lorsque les voyageu.ses arrivent à débarquer sur une île grecque, les garde-côtes les remettent à l’eau sur des radeaux de survie gonflables et les laissent à la dérive. Nous, on assiste impuissantes à ces pushbacks sans fin. On ne sait plus trop quoi faire pour aider les personnes qui traversent, à part documenter et relayer les violences. Puis, courant 2023, tout change à nouveau. Ce n’est pas vraiment un basculement : il y a toujours des pushbacks, mais ils ne sont plus systématiques. Les personnes arrivées à terre sont plus souvent assistées que refoulées. Certains bateaux sont secourus. Certains sont même attaqués dans un premier temps, puis secourus dans un second.

Dans notre travail d’AlarmPhone, on sait que les routes prises par les personnes en mouvements évoluent constamment, et on est bien placées pour observer ces changements. On en discute, on s’en informe, et on réfléchit collectivement à comment adapter notre action. Mais alors là, pour tout dire/honnêtement, on ne comprend plus rien. On est perdues et on ne saisit pas ce qui se joue stratégiquement dans cette région.
C’est pour ça qu’on a eu envie de faire cet épisode, pour essayer ensemble de comprendre ce qui se passe.

Merci à à tou.tes celleux qui ont rendu cette émission possible.

** Attention : Parce que la situation est dure et violente en Méditerranée, cette chronique et les cas qui sont racontés peuvent être difficiles à entendre. **

Bonne écoute !
Main sur le cœur et poing levé.

 

Et pour la musique :
• Rien qu’une fois faire des vagues d’Anne Sylvestre
• Sarzamin Man – Dawood Sarkhosh
• l’instrumentale de Lettre à la République de Kerry James

Pour en savoir plus sur l’Alarm Phone et les politiques de frontières maritimes européennes, vous pouvez consulter le site d’AlarmPhone et celui de Watch the Med.
Pour nous contacter, vous pouvez écrire à : chroniques_a_mer@riseup.net