Dans cet épisode, Emmanuelle Le Pichon, directrice du CREFO, rencontre Carole Fleuret, professeure titulaire à l'Université d'Ottawa.

Carole Fleuret milite pour une pédagogie inclusive qui valorise les langues familiales des élèves, en particulier dans les écoles francophones en contexte minoritaire. Elle considère l’orthographe et l’écrit comme des moyens d’expression, et utilise la littérature jeunesse pour aborder des thèmes comme la discrimination, l’identité et la diversité linguistique.

Elle plaide pour une pédagogie amie des langues qui légitime les répertoires langagiers des élèves issus de l’immigration, en intégrant les langues de la maison dans l’apprentissage scolaire. Cela permet de créer des ponts entre les cultures, renforcer les liens familiaux et favoriser l’inclusion, sans menacer le français. Carole critique une école qui ne valorise que les savoirs institutionnels et appelle à une reconnaissance réelle et durable de la diversité linguistique.

🎯 Thèmes principaux

  1. Inclusion linguistique
    • Valorisation des langues parlées à la maison.
    • Lutte contre la hiérarchisation des langues (école vs famille).
  2. Violence symbolique de l’institution scolaire
    • Pression sur les familles à ne parler que le français.
    • Non-reconnaissance de la richesse culturelle et linguistique des élèves.
  3. Pédagogie amie des langues / translanguaging
    • Encourager les élèves à mobiliser toutes leurs langues dans l’apprentissage.
    • Créer des passerelles entre langues familiales et langue scolaire.
  4. Justice sociale et reconnaissance de la diversité
    • Équité pour les élèves issus de l’immigration.
    • Importance de prendre en compte les conditions migratoires inégales.
  5. Rôle de la famille dans les apprentissages
    • Inclure les parents dans le processus éducatif.
    • Valoriser les savoirs non scolaires comme partie intégrante de la formation de l’élève.
  6. Légitimité des langues familiales
    • L’école valorise uniquement la langue scolaire, ce qui invisibilise la langue de la maison, souvent la langue de l'affect.
    • Cela produit une violence symbolique, notamment chez les enfants issus de l’immigration.
    • La légitimité linguistique des parents est aussi en jeu, parfois même à leurs propres yeux.
  7. Liens intergénérationnels
    • L’école doit renforcer les ponts entre les générations en reconnaissant les langues parlées à la maison.
    • Permettre aux élèves de transmettre leur langue à l’école, c’est revaloriser la place de leurs parents et grands-parents dans leur parcours éducatif.
  8. Tensions entre protection du français et ouverture aux autres langues
    • L’histoire de la lutte pour le maintien du français en milieu minoritaire (ex. : Franco-Ontariens) explique la frilosité actuelle à introduire d’autres langues.
    • Il ne s’agit pas de remplacer le français, mais d’élargir l’espace linguistique sans mettre en danger la langue minoritaire.
  9. Déconstruction des représentations et formation des enseignants
    • La formation des enseignants reste insuffisante sur les questions de diversité linguistique.
    • Les cours sur la diversité sont souvent optionnels, ce qui traduit un manque de volonté politique.
    • Les enseignants doivent comprendre que langue, culture, et contexte migratoire sont indissociables.
  10. Approche pédagogique plurilingue
    • Encourager l’usage des répertoires plurilingues pour faciliter les apprentissages.