Les arpèges de piano ruissellent, les notes pleuvent parfois douces et fines, parfois chaudes et charnues, Penelope Antena semble convoquer les nuages. Son troisième album intitulé James & June, entièrement composé, enregistré par ses soins et indéniablement inspiré par les éléments, est un pont entre l’intime et le majestueux. Seule, la chanteuse franco-belge explore ses ressentis souvent amoureux et crée une musique où se marient l’électronique et l’organique, qui ne sont en rien contraires. « J’ai passé une grande partie de ma vie au milieu des bois, puis au bord de la mer, se souvient-elle. Cela fait partie de moi. » Après les albums Antelope en 2019 et Beamorose en 2021, Penelope Antena a eu besoin de changer de cap, de délaisser partiellement les sonorités lo-fi pour ancrer sa musique dans les harmonies soignées et la délicatesse. Elle a pris d’autres directions personnelles, passant du sud de la France au Finistère, à ce bout du monde rongé par les marées et qui a imprégné tant d’artistes et de musicien·nes. Les grands espaces y sont légion, les sources d’inspiration également. Mais c’est avant tout du piano que naissent les chansons de James & June : « J’en jouais déjà auparavant, mais c’est devenu mon instrument de prédilection pendant le confinement, raconte-t-elle. J’ai grandi avec le jazz et les standards. Avant, je samplais beaucoup, j’utilisais principalement les machines. Mais sur cet album, j’ai eu besoin de ce point de départ, d’être assise devant le piano pour écrire. » Penelope Antena a ce quelque chose du bedroom producer, de la musicienne qui chérit la solitude.

Dans James & June, les influences de James Blake, Agnès Obel ou Bon Iver procurent des rengaines, des boucles électroniques malaxées et sublimées, surplombées par une voix constamment sur la brèche, comme une béquille, comme un souffle. C’est cette voix, parfois presque susurrée, qui hante le doux Goodbye For Now. La même qui est modulée, comme pour entretenir
le mystère, la rendant presque cosmique, sur Beautiful, ode aux peintures exécutées dans le ciel par les astres. Depuis ses débuts dans la musique, Penelope Antena s’isole en studio pour composer, pour trouver une osmose. En résulte une liberté évidente, illustrée par les batteries jazz modernes du pénétrant Every Story ever told et ses envolées vocales libérées, presque exutoires. Elle y scande l’amour inconditionnel, celui qui l’anime et la pousse désormais à créer. Et puis, le piano reprend ses droits. Sur le titre Bloom, Penelope Antena paraît être parvenue à l’harmonie, à celle qui permet un dialogue entre l’instrument fétiche et sa voix claire ou hésitante, que l’on distingue telle une éclosion. On y entend sans peine le bois, les respirations, les cordes, les touches... Tout son semble être émis à quelques centimètres de nous, ancré dans le réel. L’impression de force et de sérénité n’en est que plus forte. « Cet album est très personnel, très intime, et je voulais que cela transparaisse. Il n’y a presque pas d’effets sur les instruments, tout est limpide. » Ces titres les plus organiques tranchent avec sa capacité à dupliquer sa voix, à la transformer comme sur Enough, aux boîtes à rythmes empreintes de doutes et de questionnements sentimentaux. James & June est un album apaisé. Il est une nouvelle étape franchie dans la maîtrise et l’émotion, une preuve que la sensibilité de Penelope Antena, lorsqu’elle est traduite en notes et en ondes, n’a pas son pareil.

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Enregistré à Bonjour Minuit, SMAC à Saint-Brieuc
Production : Parapente Music
Mastering : Radio Campus France