Évènement du mois : mise à jour des livres Red Universe sur toutes vos plate-formes préférées :)  Chapitre IV et Chapitre IV Spécial (mini-série).
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Sur Tb-01, la géante gazeuse au cœur de la nébuleuse de Talbot, le centre culturel et financier des Triades Souriantes et du Lithium, Ralato vivait un moment assez déconcertant. Il se posait une question qui ne lui était encore jamais passée par la tête : mais quel fonctionnaire stupide, quel nobliau trop pressé de paraître fort, quel roi en quête de légitimité avait bien eu l’idée saugrenue d’interdire l’archéologie ? Là, assis sur la paillasse de l’arrière boutique d’une échoppe, au milieu d’un étouffant brouillard parfumé d’encens, il écoutait les paroles d’une vieille chose fripée lui racontant un passé improbable, maudissant l’absence de toute recherche lui permettant de se faire une opinion.

Lorsqu’on était venu le récupérer à la limite de l’asphyxie sur la plateforme échouée, son premier ordre avait été de décréter la Loi Martiale sur toute la planète. Les troufions sortirent de leurs confortables casernes pour établir des check-points sur les grands axes et passer au peigne fin les candidats au voyage extra-planétaire. On ressortit même deux vieux croiseurs pour patrouiller en orbite et interdire tout vol non autorisé au préalable. Malgré cela, Monsieur Heir, son élève Myan et le vieux chef Souriant demeuraient introuvables, sans doute protégés par les triades et terrés quelque part en attendant une accalmie. Mais Ralato n’allait pas la leur offrir. Fort d’un ordre de mission spécial signé de la main même du Contre-amiral Poféus, il entreprit de frapper au coeur de la fourmilière : les trafics de nuage de miel et de Lithium de contrebande.

« J’adore quand tu fais ton justicier, mon grand Ralato. Tu as beau jouer les fachos de bas étages, c’est ce premier rôle qui te convient le mieux ! »

Stuffy était un ancien collègue, un ami avec lequel il s’était déchiré, tous deux ayant choisi un camp opposé. Maintenant liés involontairement par l’esprit, les deux hommes avaient fini par se retrouver, faisant front commun face aux redoutables triades et à Monsieur Heir, le mental membre du Conseil de la révolution et postulant au titre de chancelier suprême de MaterOne.

Ils avaient directement guidé les perquisitions, les coups de main et les poses de scellés. De mémoire de Souriant, jamais un tel ouragan ne s’était déchainé dans le cœur historique de leur communauté. Les interrogatoires succédaient aux arrestations et pour la première fois depuis bien longtemps, les gros et gras patrons de la pègre du Lithium prirent peur. Le lieutenant n’hésitait pas à faire appel à ses sondes mentales qui, démultipliées par les interventions de Stuffy, ne permettaient plus à aucun secret de leur échapper, même sous Boramol, la molécule anti-mentaux.

« Ouais, et c’est là qu’on a découvert le premier pot aux roses : le coup des anciens tunnels abandonnés dans les rochers flottants. Ceci dit entre nous, ce n’était pas bête du tout d’y dissimuler des marchandises ! Et là encore tu ne m’as pas écouté : Monsieur a préféré la manière forte avec tambours et trompettes, histoire d’épater la galerie ! »

Stuffy, toujours à intervenir avec ses remontrances de vieille mamie.

« Quand on voit l’accueil qu’on nous y a réservé, c’était même insuffisant !  Tu te souviens des lance-flammes qu’on a dû improviser pour en finir avec ces tarés ?! Pour protéger leur butin, ils avaient mis les plus fanatiques, leurs troupes d’élite.


  • Mais c’est qu’il y en avait pour des milliards là-dedans ! Des kilomètres de galeries remplies de bidons de nuage de miel et de Lithium camouflés sous des appellations plus fantaisistes les unes que les autres.

  • Ha oui ! Tu te souviens de ceux référencés comme Or liquide ? C’est impossible qu’un quelconque douanier puisse laisser passer cela sans vérifier. On a bien une cascade de corrompus pour en arriver au consommateur final. C’est sur MaterOne qu’il faudrait frapper, une fois assainie la situation ici.

  • Oui, ben bon courage, on en est encore loin. Mais surtout, les découvertes suivantes ont un peu effacé tout le reste. »

 

Au plus profond des galeries du gigantesque rocher qu’ils venaient de prendre d’assaut, Ralato et ses hommes avaient découvert un champ de Lamprasine, un des composants principaux du nuage de miel. Cette plante ne poussait que dans la nébuleuse de Talbot, alors qu’eux-mêmes ne pouvaient vivre sans porter de masque à oxygène. Les surfaces solides étant ce quelles étaient sur une géante gazeuse, personne n’avait jamais réussi à comprendre d’où elle pouvait provenir. Cette découverte était donc à mettre dans les annales de la lutte anti-drogue.

«  Abrège. Il y avait bien plus étonnant que ce champ de plantes hallucinogènes là-bas. Les traces d’excavations de ces tunnels plus grands que les autres, leur forme générale triangulaire et même ces espèces de vasques destinées à recueillir la liqueur de Lamprasine. Ce champ de Lamprasine était très ancien.


  • Oui, bien trop ancien pour être contemporain à l’arrivée des Souriants telle que l’Histoire nous l’enseigne. Et personne ne répondait à nos questions ! Même sous sonde mentale, tout le monde ignorait l’origine de ces galeries. L’analyse au Lithium 111 n’a, elle, donné qu’un résultat approximatif.

  • Approximatif ?! Ralato, on a la preuve que ça a été creusé, au moins, il y a plusieurs milliers d’années, bien avant les cinq cents dernières qui avaient vu l’arrivée des colons ! Mais comme l’archéologie est opportunément interdite, personne n’a jamais été s’inquiéter du problème. Jusqu’à ce qu’on nous parle de ce petit vieux qui connaissait les légendes. Et qui est devant nous.

  • Oui, jusqu’à son histoire. Bon allez, de toutes façons c’est sa parole contre…

  • Contre rien ! Il ne reste aucune trace de quoique ce soit dans quelque archive que ce soit. Je ne crois pas aux coïncidences : ça a été voulu tout cela, j’en mettrais ma main à couper.

  • Tu n’en as plus je te rappelle. Allons-y, notre bataille n’est pas terminée. Je veux connaître les circuits financiers pour ce lithium de contrebande, et nous ignorons toujours beaucoup de choses au sujet de Paul, de la valise qu’il a livrée et de l’implication des mutualistes dans cette histoire. Mon intuition me dit que Heir est au bout de ces réponses. »

Le lieutenant se releva, salua le souriant et sortit de l’échoppe. A peine passé l’encadrement de la porte, deux adolescents shootés au Boramol se jetèrent sur lui armés de couteaux rituels, du même genre que ceux qui avaient servis à égorger les agents des affaires mentales, en banlieue de MaterOne Centrum. Ralato fut sans pitié, d’autant qu’il les avait repérés depuis un bon moment. À force d’en attenter à sa vie, il en venait à développer un ressentiment anti-souriant viscéral.

 

« On fait quoi du petit vieux ? »

Demanda Stuffy, une pointe d’angoisse dans la voix. Même si l’excitation du combat plaisait à l’ancien agent des forces mentales de MaterOne, il n’était pas un tueur de sang froid, contrairement à Ralato.

« On le fera arrêter. Mais je veux le garder sous la main. »

Tranquillement le lieutenant reprit son chemin vers les véhicules militaires qui l’attendaient. A destination de son équipier involontaire, il ajouta une petite explication :

« Ce n’est pas tous les jours que quelqu’un raconte qu’il y aurait eu du monde avant nous sur MaterOne… »


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Prod: PodShows
Réa: Raoolito
Relecture: Icaryon, Arthur R, Adastria
Narration: Andropovitch
Acteurs:
Luciole (Stuffy)
Raoolito (Ralato)
Compo: Ian
Montage: Tristeur