Le Chapitre 10 « Pin’up (suite) » est disponible MAINTENANT en livre numérique sur toutes les plate-formes et sur le site de Red Universe !

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Chancellerie (ancien Palais Royal)

Le ministre de la Sécurité, Ralato Ouli, avançait le long de l’interminable couloir conduisant au bureau du chancelier suprême, Angilbe Poféus. Le palais du Conseil de la Révolution ayant été gravement endommagé lors de la prise d’otage par les Mutualistes, personne n’avait donc trouvé à redire lorsque le nouveau maitre de l’humanité décida de s’installer… dans les locaux de l’ancien. En tout cas, on ne s’était pas exprimé à haute voix, mais le chef des services secrets, dont les fameuses Forces mentales, recevait tous les jours des rapports indiquant combien personne n’était dupe. La population dans son ensemble préférait simplement un pouvoir fort et stable à une politique chancelante, et les communautés savaient garder profil bas, maintenant qu’un croiseur géant n'était jamais très loin pour les survoler.
Un portier lui ouvrit l’entrée de l’antichambre, Ralato en profita pour resserrer son col, lisser un peu sa tenue et… s’assoir sur un des bancs d’attente. Le Colonel Ouli étudia la décoration : d’une lourdeur toute royale, elle multipliait les moulures, dorures et ornements. Le plafond était entièrement recouvert d’une peinture célèbre représentant un homme sur la tête d’un dragon qui écrasait de ses pattes avant de petits êtres ovales indéfinis. Et dire qu’on l’apprenait aux enfants dès l’école alors qu’il posait, en ce moment, les yeux sur l’œuvre originale. Si les caméras dissimulées ne le surveillaient pas, il irait gratter le secrétaire installé en face pour confirmer que ses angles étaient bel et bien dorés à la feuille d’or. La révolution s’était déroulée en douceur en fin de compte et le peu de pillages recensés s’était déroulé dans des lieux éloignés. Le colonel ne doutait pas d’y voir, là, la marque de révolutionnaires comme J.F.Hill ou Arlington.
Si peu de bruits traversaient les épaisses cloisons protégeant le bureau du chancelier, les barrières psychiques de Ralato devaient être relevées bien haut pour ne pas subir les vagues de cris et de jouissances transpirant de l’esprit des participants. Ce n’était pas la première fois et ce ne serait pas la dernière qu’une petite sauterie aurait cours ici, alors Ralato prit sur lui de patienter. Au moins, il n’aurait pas besoin de supprimer ceux-là comme c’était le cas auparavant, avec les mignons. Combien de ces gamins avaient fini par le fond, pour de froides raisons de secret ? Cent… cinq cents… plus ?
C’était heureusement du passé : selon les membres de la protection rapprochée du chancelier, les gouts de Poféus oscillaient maintenant presque quotidiennement. On trouvait dans ses parties fines des prostitués hommes ou femmes, de très jeunes ou de très vieux, des bourgeois ou des intellectuels… On lui avait même rapporté des orgies avec plusieurs couples d’acteurs célèbres.
Une onde de plaisir particulièrement forte vint s’écraser contre ses défenses.
Ralato releva un sourcil, reconnaissant la personne en question. Il s’agissait de la capitaine Fakir, ancienne aspirante montée extrêmement vite en grade pour devenir l’assistante du chancelier. Une Mentale qui rapportait scrupuleusement à Ralato les moindres faits et gestes du chef suprême, même les plus intimes, ainsi que les pensées de ses invités. Elle semblait profiter de tous les avantages de sa nouvelle situation… Quant à Poféus, était-il conscient que son remplaçant à la tête du ministère de la Sécurité le maintenait sous surveillance rapprochée ?
La porte extérieure s’ouvrit sur un nouveau participant à la prochaine réunion : Quartmac-Stuffy, « un des quatre » comme il était maintenant coutume de les surnommer dans les couloirs du ministère. Le cerveau de ce petit vieux était une copie de l’esprit de Stuffy, ancien membre des Forces mentales, ancien agent de la princesse Azala et ancien Mutualiste qui avait vécu une sorte de collocation dans l’esprit de Ralato. Les mois passés ensemble avaient transformé les deux Mentaux qui s’étaient rapprochés l’un de l’autre plus intimement que personne. Ralato était devenu sans doute moins renfermé, moins agressif ; Stuffy avait acquis une forme de détachement et son côté impulsif s’était atténué. Mais Monsieur Heir avait réussi à le tuer, les « libérant » l’un de l’autre, d’une certaine manière. La parade avait été de dupliquer cet esprit dans les chimères de remplacement du professeur QuartMac, une ancienne connaissance des Forces mentales et le mentor de Ralato qui serait disparu de ce monde sans cette technique.
Le vieux savant était d’ailleurs retourné à ses recherches, bénéficiant cette fois de moyens sans commune mesure avec ceux dont il avait pu profiter auparavant. Sa nouvelle mission comme scientifique en chef était simple : améliorer à l’infini la puissance des Mentaux et leur intégration aux nouveaux croiseurs de la flotte personnelle du chancelier.
L’ombre de l’un de ces engins géants, survolant la ville, chassa momentanément la lumière et le Quartmac-Stuffy resta quelques secondes pensif, regardant passer le monstre aérien par-delà la fenêtre.
Une nouvelle vague de plaisir, d’un invité mâle cette fois, vint s’écraser sur les barrières des deux Mentaux, les ramenant à la réalité. Stuffy ne put retenir sa surprise :
Encore ? Mais, il ne s’arrête jamais ?
Disons qu’il redécouvre des choses… ou plutôt qu’il profite d’un sentiment de sécurité oublié depuis longtemps, tenta Ralato comme explication. Le soudain appétit sexuel gargantuesque de l’ancien contramiral restait tout de même une énigme, même pour lui.
Je suppose qu’il a toujours été comme cela, oui. Sinon, quoi de neuf au ministère ? demanda Stuffy en s’asseyant aux côtés de son ami.
En quelques semaines, à peine un mois, les Quartmac-Stuffy s’étaient légèrement différenciés les uns des autres. Celui qui remplaçait Alpha (alias Monsieur Heir) à la tête des Mutualistes s’était encore un peu plus endurci, même si les contacts avec ses hommes demeuraient toujours par silhouette et à distance. Sa mission consistait à poursuivre les attentats, tout en les rendant moins meurtriers ; c’était toute une mécanique que de simuler une tension terroriste en limitant au maximum les victimes (par exemple en évacuant moins d’une heure avant).
Pendant ce temps, celui qui dirigeait la communauté souriante devenait de plus en plus philosophe. Il faut préciser qu’il s’était associé avec un assistant de feu Monsieur Heir, un certain Qiānbǐ, et agissait en délégation du pouvoir de Poféus. Apparemment, chez ces gens-là, tuer de ses mains l’ancien dirigeant vous donnait automatiquement des droits régaliens. Donc, désormais, la production de Lithium ou de « Nuage de miel » venait alimenter directement les caisses de l’État. Quant aux conglomérats souriants et leurs puissantes banques, ils obéissaient aux ordres.
Un ministère de la Sécurité qui pilotait les terroristes et un ministère de l’Économie qui dirigeait les conglomérats, tout le nécessaire pour maintenir fermement une société humaine.
Les deux derniers Stuffy collaboraient directement avec Ralato : l’un le remplaçait à la tête des Forces mentales et l’autre voyageait au gré des missions spéciales, quand il ne passait pas en revue les équipages des nouveaux croiseurs. C’était celui-là qui était assis aux côtés de Ralato en ce moment.

Multiples vagues de plaisir.
Cette fois-ci, ils étaient plusieurs et un râle leur parvint. Stuffy reconnut enfin le participant :
Wolf ? J’ignorais qu’il était devenu un intime du chancelier, en tout cas pas à ce point… là ?
Il s’était trouvé à la tête de l’abattement « légal » de la royauté, c’est un malin, comme Poféus. Il a toujours su tirer son épingle du jeu et je ne serais pas étonné que ces deux-là se soient mis d’accord, pour le vote du parlement de la semaine dernière.
Stuffy pouffa doucement, puis se reprit et dit simplement :
Majorité absolue et aucune abstention.
Et nous n’y sommes pour rien, poursuivit Ralato, songeur. Je n’avais dépêché personne pour faire pression sur les parlementaires. Tout cela s’est arrangé en coulisse, d’après mes informations. Wolf profite visiblement des fruits de ses bonnes intuitions.
Président de l’Assemblée parlementaire, seconde place dans la hiérarchie de l’État… Tiens ? C’était le bouquet final, on est en train de se rhabiller, là derrière.
Ralato reçut presque immédiatement le rapport de Fakir et confirma par un petit balayage psychique les propos de son voisin. Seul l’esprit du chancelier était fermé aux pouvoirs des Mentaux, à la suite de l’accident ayant eu lieu lors d’une expérience malheureuse du professeur QuartMac.
Au fait, reprit Stuffy en lui tapotant l’épaule, je n’ai pas eu l’occasion de te féliciter pour ta promotion ! Je l’ai apprise seulement hier, mais enfin bravo, mon vieux ! Colonel, ça gagne bien alors ?
Cafetière et toilettes privées, tu ne peux pas imaginer le luxe.
Et tous deux partirent dans un petit rire enfantin. Les opportunités pour s’amuser leur manquaient ces derniers temps, contrairement au chancelier.


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