Red Universe Tome 1 Chapitre 25 Episode 7 " Fantôme "
Poféus cligna des yeux, incapable de réagir.
Les yeux mi-clos, la capitaine Fakir l’observait en retour, une expression de gêne remplaçant progressivement l’extase. L’entrée de son intimité se resserrait et de petits mouvements involontaires des hanches montraient que le corps commençait à le rejeter.
« ... hem... Fakir, je... »
Ce n’est pas elle...
Il retira sa main, sans doute un peu trop vite, déclenchant un fugitif spasme de douleur sur le visage de la jeune femme.
« ... Excusez-moi, Capitaine, je dois y aller. R... restez là, »
marmonna-t-il en s’enfuyant littéralement. Ce n’est qu’en claquant la porte du salon privé qu’il se rendit compte de sa nudité. Fort heureusement, seul le majordome se trouvait dans l’étroit passage attenant à ces quartiers de la chancellerie, il fit signe à Poféus qu’il revenait immédiatement avec une tenue adéquate pour le maitre des lieux.
Que s’est-il passé ? Calande ?
La fraicheur de ce couloir ne faisait qu’amplifier la désagréable sensation de se sentir ainsi dans la plus pauvre des conditions humaines. Il chercha la chaleur de ses bras sur son torse, son sexe baveux pendouillant lamentablement sous un vieil abdomen ridé et enrobé de graisse. Faire quelques pas ne s’avéra pas une meilleure idée. Dans la lumière crue du jour, un des larges miroirs lui renvoya c…
Mais qu’attend cet idiot de majordome ?
Des doigts apparurent soudain sur son épaule, suivis d’une fine main féminine. Il la voyait dans le reflet de la glace, la sentait explorer lentement sa peau. Une seconde main se glissa à l’opposé, sur sa hanche droite ; des seins et un ventre plat et chaud se lovèrent enfin contre lui alors que l’image du visage bien connu de Calande Rorré se montra à sa gauche.
Tu te sens mieux comme cela ? demanda-t-elle simplement.
Calande... non, j’hallucine !
Oui, peut-être...
La paume sur sa droite descendit le long de son bassin et, d’un tour de main précis, emprisonna les testicules. Le regard gourmand de la jeune femme fit place à... autre chose.
« Et si je serrais, cela donnerait quoi, mon amour ? Rien, puisque je ne suis qu’une illusion, n’est-ce pas ? »
Un violent pincement remonta de son entrejambe, quelque chose de douloureusement tangible !
C’est impossible, elle est morte, j’ai vu les restes de son corps !
Le sourire carnassier s’étira sur les lèvres de Calande et la douleur s’accentua, obligeant Angilbe à se contracter et à porter sa propre main en protection sur... sur du vide. Rien, rien ne touchait son sexe.
« Viens, »
déclara simplement la jeune femme, dont l’expression devenait singulièrement inquiétante. Dans le miroir, il la suivit, elle l’entrainait par les testicules vers la grande baie vitrée derrière eux. La souffrance qu’il ressentait l’empêchait de résister, ou était-il choqué de sa présence ici et maintenant ? Pourquoi lui faisait-elle du mal ? Il observa cet entrejambe que rien sauf la douleur et le miroir ne semblait distinguer.
« Regarde-moi ! »
ordonna-t-elle sèchement, serrant si fort qu’il ne put retenir un cri. De la sueur lui pointait sur le front malgré le froid ambiant, ses mains ne rencontraient rien, ses yeux ne percevaient rien et pourtant elle était bien là ! Une pression soudaine sur son torse le plaça de profil à la fenêtre et il put confirmer d’un coup d’œil au miroir qu’elle se tenait bien face à lui, nue également. Elle y croisa son regard, la pointe de ses seins le frôlant comme pour que son toucher atteste la vision du reflet. Mais elle ne le lâchait pas.
Je n’ai jamais compris ce que je te trouvais, Angilbe. Tu es repoussant, vieux et faible... Je te déteste, le sais-tu ?
Moi ? Tu me...
La pression augmenta, lui arrachant un autre cri.
« NE ME RÉPONDS PAS. OUVRE LA FENÊTRE » lui cracha-t-elle au visage.
La situation dérapait à un point inexplicable. D’où venait cette Calande ? Existait-elle seulement ailleurs que dans son imagination ? La douleur montait, difficilement supportable, ses testicules viraient sans doute au bleu, mais il ne pouvait le confirmer. Angilbe n’arrivait pas à se libérer de ce regard de serpent qui l’envoutait tout en lui prodiguant une souffrance abrutissante. Devant son incrédulité, Calande fit glisser sa main libre de la nuque à ses seins, puis à ses hanches, puis vers son pubis, puis...
Se caressait-elle réellement devant lui ? Sa bouche, son expression soudain trouble et sa respiration plus rapide l’indiquaient. Les ongles de sa maitresse fantôme s’enfoncèrent brusquement sans sa chair, arrachant à Poféus un nouveau hurlement bien plus rauque que le précédent. Il dut s’accrocher au verrouillage de la fenêtre qui s’ouvrit aussitôt, alors que le bassin de la jeune femme ondulait de plus en plus et que ses yeux se fermaient de plaisir.
« Cal... Calande arrête, ça… Arrête ça ! ARGH ! »
hurla-t-il ! Simultanément, elle se cambra la tête en arrière, compressant plus encore l’entrejambe d’Angilbe. Celui-ci tomba à la renverse sous la douleur, le buste pendant désormais en dehors du bâtiment. Les sons de la rue montaient de plusieurs étages plus bas, tandis qu’on entendait au loin les puissants moteurs d’un quelconque cargo spatial s’arracher à l’atmosphère de la planète. Les yeux embués de larmes, il regarda le lointain reflet la jeune femme, seul le sommet de son magnifique dos apparu dans le miroir. La pression sur ses testicules se relâchait un peu, alors que celle qu’il aimait se redressait lentement à mesure qu’elle reprenait son souffle.
Une brise glacée lécha sa peau nue, ondulant le reliquat de chevelure grise qui parsemait l’arrière de son crâne. Au même instant, deux mains lui saisirent les épaules pour le pousser dans le vide. Une bouffée d’air lui caressa les oreilles, froide comme la température extérieure :
« Et maintenant, saute ! »
Il résistait à la pression physique, utilisant ses doigts dans les fentes de l’ouverture pour se retenir, ses orteils collés à la vitre.
« SAUTE ! » lui ordonna-t-elle sèchement contre son lobe.
« Monsieur, ne faites pas ça ! » vociféra le majordome qui préféra l’enlacer et profiter du contrepoids pour arracher son maitre à la tentation du néant. Les deux tombèrent à la renverse sur le carrelage du couloir. Le chancelier clignait des yeux, regardait son serviteur, ne parvenant pas à reprendre ses esprits. Il toucha son sexe, ses oreilles, ses épaules... Pour la première fois depuis longtemps, Angilbe Poféus sentit la peur monter en lui. Une vraie frayeur comme il n’en avait plus éprouvé depuis son adolescence, précisément depuis l’altercation entre son père adoptif et Méhala. Le majordome se précipitait déjà pour refermer la fenêtre à double tour, affolé. Ce n’est qu’une fois certain que le mécanisme était verrouillé qu’il aida le chancelier à se relever et à revêtir la robe de chambre épaisse et chaude qu’il avait apportée.
Pas à pas, le serviteur le soutint en direction de l’infirmerie. Malgré un entrejambe douloureux, Poféus ne pouvait ignorer cette voix lancinante qui lui murmurait perfidement dans le tréfonds de son esprit : meurs, meurs, meurs..
SOUTENEZ REDUNIVERSE - Prod: podshows, Réa: Raoulito, Relecture: Coupie, JMJ, VlM, Xelion, Acteurs : raoulito: narration, Pof: Poféus, Coupie: CalandeRorrée Derush: Hadaria, Montage: Ceco, Musiques: VG, Ian, Cleptoporte
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