Marcelin Willems reçoit dans "La Journée commence par le Rêve" Odile Dapsens, Docteure en Histoire qui a réalisé sa thèse sur le Sefer Raziel, le livre de l'Ange Raziel, à l’Université de Louvain en cotutelle avec l'Université d’Orléans.

Le livre de Raziel évoque le récit d’un ange qui transmet une connaissance aux Humains, symbolisés ici par le premier homme de la Genèse, Adam. Pourquoi ce genre d’histoire a-t-elle réussi à traverser le temps ? Est-ce parce qu’elle réveille quelque chose de profond en nous qui remonte à une tradition oubliée ? Est-il possible de s’intéresser avec sérieux à l’Ange Raziel et par extension aux Anges sans passer pour un cinglé ?

Thèmes abordés dans ce podcast :

  • Pourquoi étudier Le Sefer Raziel en particulier ?
  • Le prologue raconte une initiation angélique. De quoi s'agit-il ?
  • Pourquoi le Sefer Raziel a-t-il traversé les siècles ? Que penser des recettes de magie, des talismans par rapport à son introduction ?
  • Qu’est-ce qu’un ange ? L’image exacte de l’ange n’existe pas vraiment. On pense tout de suite aux ailes qui n’ont pas toujours existé selon les époques. Alors est-ce un idéal symbolique à atteindre ? Un Moi céleste ? Un Maître qui vient d’En Haut ? Un messager des Dieux ? Une échelle qui relie la Terre au Ciel ?
  • Comment sont les anges dans le Sefer Raziel ? Quelles sont leurs principales caractéristiques ?
  • Dans la Tradition, les rêves, ou plutôt les songes, sont la voie la plus fréquente par laquelle les anges instruisent des mystères et transmettent des messages. Le psychiatre Jung révélait dans ses mémoires avoir rencontré en rêve un être ailé nommé Philémon qui pouvait énoncer des dires qu’il ne savait pas, qu’il ne pensait pas et qui lui donnait à voir des choses allant à l’encontre de lui-même. Le Zohar explique que nous quittons la nuit notre corps pour rejoindre des sphères angéliques et en rapporter de la connaissance. Comment expliquer ce lien et est-ce que le Sefer Raziel l’évoque ?
  • Est-ce qu’on pourrait dire qu’il existe un lien entre les anges, Hermès et l’Alchimie ?
  • Que penser des 72 noms obtenus en étirant les versets de l’Exode 14, dans la Bible, de 19 à 21 comme un voile replié trois fois sur lui-même afin de former 72 séries de trois lettres ? S'agit-il de 72 noms de Dieu ? 72 souffles ? 72 anges ? 72 génies ? Que peut-on en penser étant donné que le Sefer Raziel liste beaucoup plus d’anges que 72 ?
  • Aujourd’hui, nombreux affirment que les techniques de l’alchimie sont dépassées, contredites par la science, qu’il y avait énormément de faussaires et d’escrocs. En même temps, il existe une énorme littérature New Age, et beaucoup sur les Anges d’ailleurs, qui repose sur la Tradition en l’actualisant, en l’orientant, en l’édulcorant parfois pour nos esprits d’occidentaux du 21ème siècle. Comment se situer ? Qu’est-ce que l’étude de tous ces textes alchimiques, kabbalistiques, peut nous apporter aujourd’hui ?

L'alchimie et la Cabale ne se développent pas, elle se transmettent.

Pour cela, le cabaliste et l'alchimiste multiplient les expériences et les recherches vers le passé, vers les auteurs anciens et les Traditions car ils sont persuadés que l'Art sacré fut bien vivant et que les ancêtres lointains connaissaient le secret. Ils croient que les initiés, formant une chaîne, se sont transmis le secret jusqu'à son époque et ils vont s'efforcer de poursuivre ses recherches.

Rien de nouveau n'est découvert. C'est à l' « adepte », l'initié qui œuvre par amour de l'Art, qui a appris son savoir d'un « Maître », de chercher à réaliser le « Grand Œuvre », l'obtention de l'or philosophal, toujours par un moyen immuable. Contrairement aux sciences expérimentales actuelles, l'alchimie n'a pas évolué pendant des millénaires. Elle n'a subi aucun avancement spectaculaire dû à un « adepte » exceptionnel. Chaque fois qu'une telle éventualité se présentait, l'alchimiste obscurcissait volontairement ses textes, se retranchait dans une réserve inexplicable comme sous l'effet d'une grande frayeur après avoir échappé à un danger. L'alchimiste, travailleur infatigable dans ses recherches, semblait paralysé par la consécration de ses travaux. Lui, qui avait œuvré patiemment envers et contre tous, parfois une vie durant, n'a jamais profité de ses pouvoirs acquis. Jamais un alchimiste n'a fait irruption pour proclamer sa réussite. Nous sommes amenés à nous demander si la révélation ne dépassait pas de beaucoup celle envisagée ; si le secret percé n'était pas d'une tout autre nature au point que sa connaissance poussait l'adepte à délaisser les pouvoirs annexes des transmutations. L'ascension de l'initié semblait se faire de façon exponentielle, c'est-à-dire qu'arrivé au seuil de la barrière, le dernier pas en faisait quelqu'un d'éminemment supérieur à un homme riche. Et si l'alchimie contenait, en fin de compte, la révélation de notre essence ?

Mixage et réalisation : Maxime Wathieu