Edoardo Amaldi avait réussi l'impensable, ramener Ettore Majorana à une vie "normale" d'universitaire.
Lors d'une visite à celui qui n'était plus vraiment son ami mais à qui il tenait toujours, Amaldi, qui avait trouvé un Ettore plutôt en forme, contrairement aux mois antérieurs, lui avait demandé si il était intéressé pour devenir professeur à l'Université pour donner des cours de haut niveau en physique et pouvoir continuer à travailler dans la recherche à l'Institut. A sa grande surprise, Ettore lui répondit positivement. Il semblait même presque heureux à cette idée. Un concours administratif pour être professeur allait se dérouler au début de 1937, c'était le premier du genre depuis celui qui vit triompher Enrico Fermi dix ans plus tôt. Le problème était qu'il n'y avait que trois postes, et nombreux étaient les anciens membres de la cour de Fermi qui pouvaient candidater. Et la plupart ne pensaient même plus que Majorana pouvait en être.
De retour à l'Institut, Edoardo Amaldi alla tout de suite voir Enrico Fermi qui se trouvait dans son bureau. Fermi faisait partie du jury de sélection des futurs professeurs d'université. Il avait un grand pouvoir sur le processus de sélection des candidats. Lorsque Amaldi lui relata sa conversation avec le génie maudit qui commençait à se faire oublier de ses condisciples, mais certainement pas de Fermi qui avait toujours cru que Majorana était de la trempe d'un Galilée ou d'un Newton, le chef du groupe de Physique théorique arbora un large sourire. Fermi parvenait à peine à contenir sa joie. Il avait besoin d’Ettore.
Suite à de multiples tergiversations avec le ministère et grâce à des personnalités haut placées, Fermi était parvenu à faire créer une chaire de physique à l'Université de Naples par le ministère de l'enseignement supérieur. Cette chaire serait séparée du concours de 1937, pour lequel il avait déjà été décidé de manière officieuse que les trois postes seraient attribués à Wick, Gentile et Amaldi. La nouvelle chaire de Naples serait affectée de manière exceptionnelle à Ettore.