Elle avait eu comme un flash en voyant le boitier.
Il fallait trouver un écart en temps de soixante-quinze nanosecondes. Les signaux de top départ étaient transmis depuis l'extérieur du Gran Sasso jusque dans les ordinateurs de la salle de commande par une suite de très longues fibres optiques. Ces fins cheveux de verre transparents regroupés en petites grappes transportaient le signal sous forme de lumière laser verte. Mais cette lumière ne se déplaçait pas à la vitesse de la lumière dans le vide, il fallait prendre en considération le milieu de propagation, le verre, qui avait un indice de réfraction de 1,3, ce qui entraînait une vitesse inférieure de trente pourcents à c. Un soir, Cristina était encore au labo très tard. La dernière voiture, celle de l'équipe de l'expérience DAMA, devait partir à 22h30. Elle s’amusa à calculer simplement à partir de cette vitesse dans le verre quelle était la distance correspondant à une durée de soixante-quinze nanosecondes. Le calcul était une simple division qu'elle effectua sur sa calculatrice dernier cri en se balançant sur son fauteuil à roulettes. Elle trouva une valeur égale à dix-sept mètres et vingt-neuf centimètres.
Elle savait que la grande fibre optique avait déjà
été vérifiée à plusieurs reprises, on avait mesuré les longueurs de
transmission et d'éventuels déphasages sans pouvoir conclure sur une cause de
défaut. Cristina se demandait ce qu'il pouvait bien se passer dans cette fibre
pour que le top de départ arrive en retard, comme si il parcourait dix-sept
mètres et vingt-neuf centimètres de trop...