Il avait fallu presque une année entière pour finaliser la conception de la manip une fois que cette dernière avait été acceptée par le consortium SYMPHONIE. A l'automne 2009, le temps semblait passer trop vite pour Frédéric Fournier qui entamait sa deuxième et avant dernière année de thèse. Il commençait sérieusement à se dire qu'il ne verrait peut-être pas la mesure en elle-même mais juste sa mise au point et les tests associés.

L'équipe d'Orsay s'étoffa par l'arrivée d'une jeune chercheuse en post doctorat, une sympathique brune italienne longiligne à la voix plus rauque que suave. Cristina Voldoni venait de soutenir sa thèse à l'Université de Milan sur la recherche d'une désintégration béta extrêmement rare, dans le but de démontrer la nature potentiellement très particulière des neutrinos : qu'ils seraient leur propre antiparticule. Sa manip s'appelait GERMA, un nom facilement trouvé pour une expérience qui utilisait de gros détecteurs en germanium. Elle était également installée au laboratoire souterrain du Gran Sasso. Cristina  avait le gros avantage de bien connaître à la fois la physique des neutrinos et le labo souterrain, en plus de connaître la langue de Pirandello. Daniel était fier de sa recrue. (...)