La France, au XVIe siècle, se serait réveillée après une longue nuit, le Moyen Age, pour embrasser avec éclat et gourmandise la modernité. La civilisation française, avec ses us et coutumes, son élégance et son esprit, était née. Si depuis quelques années les historiens ont largement nuancé cette vision simpliste, ils ont convenus de la réalité de la révolution culturelle qu’aurait été cette Renaissance du XVIe siècle. Il reste pourtant un fait incontestable : si le joli tableau brossé à coup d’affirmations et d’exemples pris çà et là depuis deux siècles peut effectivement faire illusion, les auteurs de cette peinture ont effacé ou oublié, pour fabriquer cette féerie, une foultitude des personnages, d’événements et d’idées. Les hommes du temps n’avaient en réalité rien de progressiste, bien au contraire. C'est ce qu'explique Didier Le Fur dans son dernier ouvrage intitulé Une autre histoire de la Renaissance. Il est interrogé par Marie-Gwen Carrichon.

L'invité: Historien, Didier Le Fur est l’un des meilleurs spécialistes des XVe et XVIe siècles français, sur lesquels il a publié La France en 1500, ainsi que Marignan 1515. Auteur de biographies remarquées – Louis XII, Charles VIII, Henri II –, son travail sur François Ier, aboutissement de quinze années de réflexion, a été unanimement acclamé par la critique (Perrin). Il vient de publier Une autre histoire de la Renaissance.