Nicolas* a 40 ans aujourd'hui. Il y a quelques années, il a reçu un mail de son père, qui en quelques mots, en majuscules, a changé sa vie. Il mettait fin à un secret de famille qu'il pressentait sans en connaître l'existence, mais qui avait atrophié sa vie.

Le «secret de famille», concept utilisé en psychogénéalogie, peut relever de secrets connus à l'intérieur de la famille, et tus à l’extérieur (un enfant qui garde pour lui la violence dont il a été victime par exemple). Ou bien ils peuvent être connus de quelques uns seulement, et tus aux enfants: une mère qui ne dira jamais qu’elle a été abusée par son propre père. Un couple d’agents secrets qui dissimule à ses enfants sa vraie identité.

Quelle que soit leur nature, les secrets de famille charrient, avec le silence, la douleur. Ils entravent souvent le parcours scolaire des enfants, peuvent avoir des conséquences importantes sur la santé. Ils peuvent perturber le développement affectif et émotionnel des enfants, leur compréhension des autres, leur lecture du monde. 

Quand la vérité surgit –avec brutalité forcément: elle crève la sédimentation des mensonges– tout peut recommencer. Car si le mensonge dans une famille est «destructeur» selon les mots de Nicolas, le dévoilement devient l’opportunité de tout reconstruire, de comprendre enfin les regards étranges, les soupirs, la noirceur plus ou moins enfouie. Et de devenir celui que l’on aurait pu être plus tôt, si le mensonge n’avait pas retardé les choses. C'est ce qui est arrivé à Nicolas, qui, en apprenant la vérité sur l'identité de son père, a pu trouver la sienne: «Si mon père n'est pas celui que je crois, alors je ne suis pas celui que je pense être, je suis... quelqu'un d'autre»

L'épisode de Transfert est signé Agathe Le Taillandier, réalisé par Lola Costantini.