Comme Picasso, Klee était lui aussi en quête de moyens d’expression simples, modernes. Mais contrairement à Picasso, qui avait été impressionné et séduit par la magie de la sculpture « primitive », Klee découvrit « les origines de l’art » dans ses propres dessins d’enfant. Il s’essaya d’abord prudemment à une réduction de la forme, avant de faire évoluer plus tard sa maladresse intentionnelle pour l’élever et en faire sa forme spécifique. Dans son aquarelle « Théâtre de poupées », le théâtre se fait scène imaginaire de l’enfance. La feuille recèle des abîmes qu’on ne soupçonne pas au premier coup d’œil : les figures bariolées et articulées en bandes sont mises en scène comme un négatif lumineux ; ce dernier semble à la fois émerger sur le fond sombre tout en y restant inscrit. La poupée au sol semble avoir été abandonnée là par inattention, la petite licorne à droite s’avance obstinément. L’ambivalence du tableau correspond au traitement technique de l’œuvre : il est composé de deux parties dont Klee a retouché l’emplacement à l’aquarelle noire ; la partie inférieure est un fragment de la feuille « Nature morte {{au dé.}} », que Klee inscrivit dans son catalogue d’œuvres au numéro 1923,22. Vu sous cet angle, le théâtre de marionnettes se révèle comme une scène avec un double fond, qui recèle une sorte d’« enfer » végétatif.
Publié le par Zentrum Paul Klee
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