« Quoi d’étonnant que le Ciel ait trouvé juste de nous laisser perdre ? »
William Faulkner, qui se disait « né en 1898 mais mort en 1865 », ne cherchait pas d’excuses au Sud pour sa défaite lors de la Guerre de Sécession, pas plus qu’il ne jugeait ce revers malheureux. Les mots qu’il met dans la bouche de Rosa Coldfield eussent pu être les siens. Le sentiment de l’auteur d’Absalon, Absalon ! à l’égard de sa terre natale n’aurait certes pu se réduire à une détestation pure et simple : il aurait tout aussi bien été capable de prononcer les ultimes phrases du roman, une réponse de Quentin Compson à son colocataire d’Harvard lui demandant pourquoi il hait le Sud : « Non. Non, je ne le hais pas ! Je ne le hais pas ! » S’évertuer à se comprendre sans se renier, telle aura été la boussole de Faulkner au fil de son œuvre de romancier et nouvelliste dont Absalon, Absalon ! constitue l’un des joyaux...