Depuis 1973, avec l’obstination de l’artisan sûr de son rustique tour de main, ACDC s’applique à faire du ACDC. Très ancrée dans la culture pop, leur oeuvre est pour beaucoup un éternel empilage de gros riffs de guitares interchangeables sur lequel couine une voix abrasive, cadencés par le « poum – tchac » définitif de la batterie. Les zélateurs d’Acca Dacca, eux, traquent une alchimie sublime sous le simplisme de façade ; l’écoute de chaque galette, du blues de pubs au hard rock d’arènes combles, est la quête d’une sensation bien particulière, lorsque la conscience se dissout dans le rythme binaire des cordes et percussions tandis que s’y substitue une animalité libérée, nourrie du son essentiel et du ton primitif de l’ensemble. Bref, pour que le bazar fonctionne, un album d’ACDC doit être à la fois ciselé à l’extrême et crétin comme tout.

Le premier extrait de Power Up, le 17eme album studio d’ACDC annoncé pour le 13 novembre, s’intitule Shot in the dark. À défaut de subjuguer, il donne aux fans de quoi se rassurer : un single à la fois attendu au possible dans sa composition et très rigoureux dans l’exécution et la production. Ça swingue et ça sonne juste. Aléluia.

De 1974 à 2014, les 16 disques précédents offrirent autant de modulations subtiles – oui, l’adjectif peut dérouter – autour du principe de base de la maison Young, lui-même aussi immuable que la formule du Coca-Cola. L’oreille avertie y distinguera des différences sensibles, au gré des changements d’époque, de lineup, d’échelle… et d’inspiration. Le classement qui suit est éminemment subjectif et me vaudra peut-être deux ou trois jets de cailloux. Il se veut surtout l’occasion de réviser ses classiques en attendant Power Up.

Let there be rock.